Voici un autre texte important du surdon, qui a été une base majeure de réflexion pour ma recherche, et m’a même influencée ici et là dans mon écriture (impossible d’échapper aux mots, tant l’écriture de Stéphanie Tolan est simple, limpide. C’est un énorme atout pour faciliter l’acceptation, encourager à aller à la recherche de soi).
Je suis donc contente de citer ici « Discovering the Gifted Ex-Child » dans une traduction que j’ai effectuée et que je reproduis partiellement (le texte comprend 11 pages !), avec l’aimable autorisation de Stéphanie Tolan.
L’article est originellement paru dans la Roeper Review d’Août 1994. Vous pouvez avoir accès au texte original intégral (sur le site de Stéphanie Tolan) en cliquant ici. Il comporte une bibliographie importante quej’ai également reproduite : elle pourra être utile à ceux qui veulent appronfondir leurs recherches.
La première façon de reconnaître son identité réelle est l’affirmation de sa conscience : le choix de penser, d’être conscient, de braquer le faisceau de sa conscience, d’un côté vers le reste du monde ; de l’autre côté vers soi-même. Négliger cet effort, c’est négliger les bases mêmes de son identité.
Reconnaître son identité, c’est accepter de penser de façon indépendante, de vivre comme on le sent et d’avoir le courage de nos propres perceptions et de nos propres jugements (Branden 1983)
Etre un adulte surdoué, c’est faire l’expérience d’une conscience inhabituelle, d’un esprit extra-ordinaire dont les perceptions et les jugements peuvent être à ce point différents de ceux des autres qu’ils supposent d’avoir un courage tout aussi extra-ordinaire pour les assumer. Beaucoup d’adultes surdoués comprennent ceci, conscients de leurs capacités mentales et du degré auquel elles peuvent les marginaliser.
Pour beaucoup, cependant, reconnaître son identité passe d’abord par la découverte de la nature exacte de la conscience et de l’esprit qu’ils possèdent. Qu’ils aient des perceptions et des jugements qui n’appartiennent qu’à eux-mêmes a pu leur être évident depuis leur enfance ; mais ils peuvent avoir de ce fait passé leur vie à penser cette différence en termes de déficit, de faute, ou même de défaut de caractère, voire de maladie mentale (Lovecky, 1986; Alvarado, 1989). Penser de façon indépendante peut apparaître téméraire voire associable.
[…]
Que sont devenus les enfants surdoués ?
Depuis les années 1920, des milliers de livres et d’articles ont été écrits au sujet des enfants surdoués (voir par exemple : Burks, Jensen, & Terman, 1930; Carroll, 1940; DeHaan & Havighurst, 1957; Gross, 1992; Hirt, 1922; Hollingworth, 1926; Piirto, 1994; Stedman, 1924; Terman, 1925; Webb, Meckstroth, & Tolan, 1982; Witty & Jenkins, 1935; Zorbaugh & Boardman, 1936). […] Des débats se sont élevés autour des définitions et des termes, si c’est une question d’inné ou d’acquis (ou les deux) qui crée cette intelligence inhabituelle, si les enfants surdoués ont besoin (ou méritent) des programmes et des ressources éducationnels particuliers. (Burks et al., 1930; Galton, 1869; Margolin, 1994; Renzulli, 1978; Sapon-Shevin, 1987; Sternberg & Davidson, 1986; Witty, 1951; Yoder, 1894).
Dans le même temps, des générations entières d’enfants surdoués ont passé au travers de ces mêmes systèmes de formation où ils ont été (ou non) identifiés et intellectuellement nourris de façon appropriée (ou non). Ces enfants surdoués ont disparu dans les vastes territoires de l’âge adulte. Ont-ils disparu de la même façon que les enfants prodiges disparaissent ? […] On peut donc se poser la question de savoir si l’enfant surdoué, devenu adulte, devient de même un ex-enfant surdoué ? […]
Qu’est ce que le surdon ?
Si le surdon était un simple artefact ou un développement plus rapide que la norme, il pourrait être destiné à s’effacer quand il y a « rattrapage » par les autres. Si, d’un autre côté, c’est une qualité d’esprit qui crée une trajectoire développementale toute particulière, ce serait alors un attribut stable, accompagnant l’individu tout au long de sa vie, de façon évidente ou non.
Le surdon n’est pas perçu par tout le monde de la même façon. Certains le voient comme la concrétisation de quelque chose qui sort de l’ordinaire, essentiellement externe (Gardner, 1993; OERI 1993; Tannenbaum, 1983). D’autres le voient comme un ensemble de processus mentaux internes qui peuvent (ou non) conduire au succès (Columbus Group, 1991; Hollingworth, 1942, 1937; Shurkin, 1992). Traditionnellement, notre perception culturelle a, dans une certaine mesure, toujours dépendu de l’âge de l’individu considéré.
Parce que l’enfance est inévitablement et biologiquement une période de développement, le surdon des enfants a été vu en termes de qualités inhabituelles et mesurables de l’esprit en train de se développer. Nous reconnaissons que c’est quelque chose d’interne à l’enfant que nous sommes en train d’étiqueter. […]
Si l’on regarde les adultes, pourtant, la focale change. Nous reconnaissons bien sûr l’existence des adultes surdoués. Ce sont ces gens qui réussissent de façon spectaculaire. Et pour ces réalisations, nous nous attendons à ce qu’ils soient récompensés d’une façon ou d’une autre (prix Nobel, célébrité, richesse, éminence, dans le domaine où ils excellent). Nous pouvons admettre que certains adultes surdoués sont suffisamment malchanceux pour ne pas recevoir les récompenses que leurs idées ou leurs productions mériteraient de recevoir (et il y en a beaucoup d’exemples, tel Van Gogh, de ces gens dont l’excellence n’a pas été reconnue de leur vivant)…. Mais c’est quand même les réalisations ou les succès qui forment la base de notre reconnaissance du surdon chez un adulte. Cette focale est essentiellement externe. […]
Dès lors, pour la société, le changement de définition entre ce qu’est le surdon chez les enfants et ce qu’il est chez les adultes montre que s’il y a beaucoup d’enfants qui ont été identifiés comme surdoués, il en existe peu qui le restent à l’âge adulte (Shurkin, 1992; Subotnik, 1993). Ce changement de critère a été mis en avant par Sophie, l’une des enfants suivis par Lewis Terman au cours de sa fameuse étude longitudinale. Elle écrivit à Terman : « vous identifiez les plus jeunes sur leur capacités d’apprentissage et leur personnalité, mais vous identifiez les adultes à partir d’un standing financier ou de reconnaissance par un public qui n’a jamais montré une grande capacité à faire la distinction entre des valets imbéciles et de bons serviteurs de l’Etat » . (Shurkin, p. 269).
[…]
Le surdon, une différence de développement
[…] Tout au long de l’enfance, les individus asynchrones atteignent des étapes claires et bien identifiables de développement et acquièrent différentes compétences plus tôt que les autres enfants du même âge. Cette différence n’en fait pas seulement des enfants précoces, qui ont « franchi une étape plus tôt ». L’enfant qui traite avec des concepts abstraits les utilise très tôt pour faire de nouvelles expériences. Cette façon différente et plus complexe de faire des expériences crée une expérience fondamentalement différente. Le résultat est que cette expérience, loin de s’amenuiser alors que l’enfant grandit, s’élargit au contraire. Un enfant dont le développement cognitif est normal ne rattrapera jamais le développement cognitif d’un enfant surdoué, de même qu’un benjamin ne rattrapera jamais son aîné en âge. La trajectoire développementale diverge très tôt et ne revient jamais à la norme.
Le développement asynchrone n’est plus aussi pertinent à l’âge adulte, parce que le développement chez l’adulte ne dépend plus autant du temps. Il s’étire sur une période de temps beaucoup plus longue, et il n’est plus autant lié au développement physiologique. Ce n’est plus une progression régulière et constante que connaissent les adultes, mais au contraire, et bien plus que pendant l’enfance, une question de développement personnel et de choix. Nous attendons des adultes qu’ils soient capables de raisonnement abstrait ; nous ne sommes pas pour autant capables de pouvoir identifier ceux que leur raisonnement entraîne dans des royaumes complexes où la plupart des autres adultes ne pourraient les suivre, alors que nous sommes capables d’identifier l’enfant qui recourt à un raisonnement qui n’est « pas de son âge ». […]
A l’âge adulte, il faudrait plutôt se référer à un « développement différencié », plutôt qu’à un développement asynchrone, dans la mesure où les directions qu’il prend pour son développement lui sont spécifiques. C’est ce qui rend l’esprit surdoué difficile à reconnaître des autres, et difficile à mesurer. […]
Caractéristiques de l’enfance
Certaines caractéristiques cognitives des enfants surdoués sont des différences de façon de faire, plutôt que des acquisitions précoces : extraordinaire quantité d’informations, mémoire inhabituelle, fortes capacités de compréhension , intérêts variés et inhabituels, curiosité, capacité inhabituelle de traitement de l’information, pensée rapide, forte capacité de synthèse, forte capacité à faire des mises en relations nombreuses et inhabituelles, capacité à générer des idées et des solutions originales, évaluation de soi-même et des autres, comportement très orienté objectifs (Clark, 1988). Ces caractéristiques, non seulement persistent à l’âge adulte, mais également interagissent dans le temps, jusqu’à créer une progression géométrique ou des différences significatives par rapport à la norme (Wallach, 1994; Roeper, 1991).
En plus de ces capacités cognitives, les chercheurs ont trouvé chez les enfants surdoués une sensibilité et une intensité émotionnelles élevées (Morelock, 1992), (une caractéristique qui a tendance à se dissimuler à l’âge adulte, surtout chez les hommes) (Kline & Meckstroth, 1985; Roeper, 1991), un sens très fin de l’humour (qui peut être gentil ou hostile, sophistiqué ou bizarre) (Webb, Meckstroth & Tolan, 1982), un sens de la justice élevé et qui se manifeste très tôt pour la justice et la moralité (Roeper, 1991) et le désir que ses actions soient cohérentes avec ses valeurs. (Hollingworth, 1942).
Socialement, les enfants surdoués peuvent avoir des difficultés à s’entendre avec leurs pairs en âge, dans la mesure où leurs centres d’intérêt sont différents. De plus, leur sensibilité et leur intensité émotionnelles peuvent avoir des interactions sociales particulièrement compliquées, surtout dans certains contextes d’émotions regardées avec méfiance, dévaluées ou même directement censurées. (Kline & Meckstroth, 1985). Quand leurs capacités provoquent la jalousie chez les autres, il peut y avoir un intérêt puissant à cacher ou maquiller ces capacités, afin d’être plus facilement « comme les autres ». Parfois, cet effort se transforme dans le temps en un déni très puissant de leurs différences. Ceci est particulièrement vrai pour les filles à l’adolescence (Kerr, 1985; Noble, 1989; Silverman, 1993).
Effets à l’âge adulte
Toutes ces caractéristiques de l’enfance se prolongent à l’âge adulte, elles créent également, chez l’adulte surdoué (tout comme chez l’enfant surdoué) une façon d’appréhender la vie différente, que l’individu soit quelqu’un qui connaît le succès et qui est reconnu comme surdoué, ou qu’il comprenne et accepte ou non ses différences (Lovecky, 1986). Parfois, cette façon différente d’appréhender la vie est positive, mais pas toujours. Parfois, elle est douloureuse et même destructrice (Alvarado, 1989).
Les différences cognitive peuvent conduire à de très belles réussites professionnelles dans des domains très varies. Ce sont des habiletés spécifiques qui font reconnaître l’adulte surdoué : le physicien qui trouve une théorie révolutionnaire, le grand philosophe, le diplomate qui sait favoriser les accords de paix, l’entrepreneur à succès. Mais pour les adultes dont les circonstances ne leur ont pas donné la possibilité d’utiliser leurs compétences, le résultat peut être un sentiment de frustration, d’impossibilité à se réaliser pleinement, le sentiment lancinant d’être cloué au sol, emprisonné, entravé (Roeper, 1991; Smith, 1992).
L’employé qui voit des solutions aux problèmes de sa société peut se sentir particulièrement frustré de ce que son patron qui manque de compétences ne permet pas la possibilité d’exprimer ces solutions, et encore moins leur mise en œuvre.
La femme au foyer qui réside dans une cité-dortoir, qui a élevé plusieurs enfants et travaillé comme bénévole dans un nombre incalculable d’associations, peut se retrouver tourmentée, ennuyée et frustrée une fois que les enfants ont quitté la maison. Les activités sociales ne peuvent remplir le vide laissé, non plus que le job alimentaire quelle sera tentée de prendre pour se sortir de chez elle.
Le collaborateur coincé dans une impasse, qui occupe un job subalterne parce qu’il n’a pas eu l’opportunité de suivre une formation scolaire appropriée à ses capacités cognitives inhabituelles, n’a aucun moyen d’utiliser ces mêmes capacités dans un job sans aucun intérêt intellectuel.
Aucun de ces individus ne peut pleinement comprendre les raisons de leur insatisfaction. Ils ne voient pas le moyen (ou même tout simplement la nécessité) de trouver un exutoire à leurs capacités, parce qu’ils ne connaissent pas la source du problème. Ayant comme tout le monde acheté les a priori communs que l’on a sur le surdon, ils ne peuvent pas s’imaginer eux-mêmes surdoués. Peu d’adultes ont été identifiés comme surdoués dans l’enfance et ils peuvent n’avoir jamais compris leur différence par rapport à la norme. Et parce qu’il est si difficile d’être différent, ceux qui ont été identifiés comme surdoués dans l’enfance se sont protégés par une stratégie de déni.
Les surdoués tiennent souvent leurs capacités pour normales, croyant que ce sont ceux qui ont des capacités différentes qui sont surdoués (Alvarado, 1989; Tolan, 1992). Ne comprenant pas les sources de leur frustration ou les moyens de l’alléger, ils peuvent choisir d’oublier leurs difficultés en recourant à l’alcool, à la drogue, à la nourriture ou à tout autre type de substances ou de comportements addictifs. Ou bien ils peuvent tout simplement baisser les bras et vivre leur vie en mode survie.
Même quand un individu est capable d’avoir une vie professionnelle réussie, il peut lui arriver de se sentir vraiment en décalage. Barbra Streisand, par exemple, dont les capacités sont non seulement évidentes et vraiment hors normes, mais de surcroît variées, est critiquée pour son perfectionnisme, pour son immense exigence avec ses collaborateurs. il est vraisemblable que sa difficulté à performer en public bien connue vient pour partie de problèmes apparemment paradoxaux d’estime de soi qui sont souvent associés à des dons exceptionnels.
Intensité Emotionnelle
Bien que les adultes (qui ont l’expérience d’années passées à devoir gérer avec une culture dans laquelle les émotions sont largement niées), soient généralement mieux capable que les enfants de contrôler l’expression de leur sensibilité et de leur intensité émotionnelles, ils doivent quand même d’une certain façon gérer avec l’expérience de cette émotion. Dans certains domaines, tels que les arts, la sensibilité émotionnelle inhabituelle des surdoués peut s’exprimer en sécurité et se retrouve en fait, être un atout puissant qui peut les conduire au succès (Piechowski & Cunningham, 1985; Piechowski & Silverman, 1985). Dans la plupart des domaines cependant, les émotions sont suspectes et les exprimer est condamné. Beaucoup d’hommes qui se sont entraînés à les réprimer durant leur enfance, s’emploient à supprimer leur sensibilité émotionnelle et souffrent des répercussions psychologiques de cette suppression. Les femmes, habituées à une plus grande liberté d’expression émotionnelle durant leur enfance, peuvent elles-mêmes avoir des difficultés à supprimer cette sensibilité afin de pouvoir continuer leur carrière professionnelle.
Problématiques morales
La sensibilité morale des adultes surdoués et leur préoccupation pour la justice peut les conduire à une vie de service, de performance et de succès dans la diplomatie, la loi, la médecine, la philanthropie. Mais cette même sensibilité peut les conduire à la dépression et à d’autres difficultés psychologiques, dans la mesure où l’état de notre civilisation et de notre planète peuvent submerger quelqu’un qui est doté d’une clarté de pensée et d’une profondeur de perceptions combinée avec une forte empathie et une préoccupation morale (Roeper, 1991). De surcroît, une telle personne pourra trouver intolérables les coups de canifs dans l’éthique, la malhonnêteté érigée en règle et la compétition de la vie professionnelle (Hollingworth, 1937).
“Une professeur d’université qui se pose les grandes questions sur les fondamentaux de son domaine pourra se retrouver moralement outragée par une compétition fondée sur l’agressivité permanente et parce qu’elle ne pourra dès lors pas exprimer ses idées sans montrer d’émotion, elle sera considérée comme un élément à la limite du manque de professionnalisme » (Wallach, 1994). Elle, pas plus que ses collègues ne pourra percevoir que ses problèmes de relations de travail trouvent leur source dans le surdon.
Réalités sociales
Socialement, les expériences des adultes surdoués peuvent être diverses. Ceux qui ont choisi une carrière qui leur permet d’être en contact avec d’autres surdoués peuvent régulièrement faire l’expérience de la joie et de l’excitation générées par la synergie intellectuelle qui ne manque pas de se faire jour dans un tel groupe. En groupe, ou par le biais des réseaux informatiques, ces gens co-construisent en partageant leurs idées, se déplaçant à grands coups de moments de francs fous-rires à travers des espaces intellectuels complexes. Il peut même y avoir ce sentiment de connections presque magiques quand les idées fusent et se mélangent, comme si elles se mettaient à vivre toutes seules. Quand des esprits hors du commun travaillent ensemble, il y a un sentiment très fort d’appartenance et de communauté.
Pour d’autres, ceux qui ne travaillent pas dans ce genre de communauté ou de réseaux, l’interaction sociale peut être problématique et difficile à comprendre. Un adulte surdoué peut se retrouver sur un lieu de travail ou ailleurs, avec beaucoup d’individus qui ne sont pas capables de partager avec lui la complexité et la profondeur de ses perceptions. Il peut alors avoir des difficultés à partager des aspects importants de soi avec les autres. Il peut même avoir à peser ses mots, simplifier ses conceptions, se retenir dans la conversation. Une expérience à la fois épuisante et frustrante.
Particulièrement s’il ne comprend pas ou n’accepte pas son surdon, il pourrait interpréter ses difficultés comme une inaptitude sociale. Même s‘il est capable de caler ses centres d’intérêt et son niveau de compréhension sur ceux de se collègues de travail, il pourra sortir d’une réunion festive en se sentant isolé, « étrange », insatisfait, malheureux. Les autres peuvent apprécier des activités que l’adulte surdoué trouvera abêtissantes et répétitives, ou préférer des loisirs qui manquent d’une profondeur et d’une capacité à le nourrir intellectuellement et dont il a tant besoin. Le besoin de complicité intellectuelle existe, même quand le surdon n’est pas reconnu ou identifié. Manquant d’amis ou de relations qui ont les mêmes centres d‘intérêt, l’adulte surdoué peut se retirer de toute interaction avec les autres et se résigner à une vie solitaire.
Honorer son identité
Il y a plusieurs expressions du surdon à l’âge adulte. Certaines collent nettement aux attentes culturelles, mais la plupart ne sont pas dans ce cas. Dans les faits, être un adulte surdoué apparaît beaucoup plus comme problématique et douloureux quand l’individu nie ou ne comprend pas son propre surdon. En ne comprenant pas ce qui se passe, il se sent aliéné, non seulement par les autres, mais par lui-même. En ne comprenant pas ce qui se passe, il ne sait pas comment résoudre les problèmes, panser les plaies, satisfaire ou même faire avec ce mouvement interne puissant qui l’étreint (Rubin, 1990).
Notre focalisation permanente sur la réalisation plutôt que sur ce processus mental inhabituel qui fait le surdon, rend la nécessaire reconnaissance et la compréhension difficiles (quand, même, ce n’est pas rendu impossible) pour beaucoup. Il est pourtant critique pour le surdoué adulte et pour la société tout entière, pour que celle-ci puisse bénéficier de capacités sous-utilisées. Il est critique que nous élargissions nos perceptions et continuions à faire attention aux surdoués une fois qu’ils sont sortis du système scolaire et qu’ils sont entrés dans le monde des adultes.
Il nous faut aussi faire attention à la perception du surdon dans le domaine de l’éducation, parce que c’est dans l’enfance que se forme l’identité des surdoués, sa capacité initiale à comprendre son processus mental, sa façon de penser. Beaucoup d’éducateurs en sont encore à considérer le surdon sous le seul angle des réalisations et non pas des potentiels (Dunn, Dunn & Treffinger, 1992). […]
Les enfants surdoués ne disparaissent pas quand ils sortent de l’école. Ils deviennent des adultes surdoués. S’ils entrent dans l’âge adulte, aveugles à leurs capacités mentales inhabituelles, ils peuvent traverser leur vie épars, frustrés, ressentant un manque et proprement aliénés au plus profond de leur être. Ce qui est différent chez un surdoué, c’est son esprit. Ne pas comprendre cet esprit rend virtuellement impossible de pouvoir respecter son identité.
Il est apparent que le “moi” est notre esprit – notre esprit et sa façon particulière d’opérer (Brandon, 1983).
C’est l’esprit qui fait notre humanité ; c’est l’esprit qui nous rend uniques. De l’enfance à l’âge adulte, pour être eux-mêmes, pour se valoriser et se respecter et vivre des vies bien remplies, les adultes surdoués doivent comprendre et assumer leur esprit inhabituel.
References citées par Stephanie Tolan
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Originally appeared in Roeper Review, August 1994. Please do not duplicate.
« L’altérité est un témoignage de compréhension de la particularité de chacun, hors normalisation, individuellement ou en groupe.
L’altérité implique une relation laïque, accueillante, qui s’associe au métissage des cultures, éloignée de la notion de tolérance. L’altérité est étroitement liée à la conscience de la relation aux autres en tant qu’ils sont différents et ont besoin d’être reconnus dans leur droit d’être eux-mêmes et différents. »
Je crois qu’ivan a certes une vraie culture mais du mal à lire…les premières lignes de sa réponse sont édifiantes, la remise en cause n’est pas son fort. Pourtant, le doute est la mère de l’intelligence…non?
Comme cette discussion prend un tour très éloigné de son but premier : « comment vivre avec les autres », je le rejoins sur le caractère très hétérogène de notre population, il y a aussi des différents qui font des différences.
Deux reproches majeurs à ce semblant de dialogue
1 : si tout le monde est différent alors personne ne l’est, le premier pas vers ton approche politico-comique nous rappelant que les élites ont aidé les minorités à s’exprimer ne peut provenir que d’un esprit politiquement dangereux et limite révisionniste.
2 : L’enjeu est de respecter les constituants communs de notre différence pour vivre ensemble, nier les particularités du surdoué, c’est aussi du révisionnisme.
Pour finir, je te renvoie à l’article qui est à l’origine de ce post, (c’est un truc à lire et c’est au début) donc de stéphanie tolan « Etre un adulte surdoué, c’est faire l’expérience d’une conscience inhabituelle, d’un esprit extra-ordinaire dont les perceptions et les jugements peuvent être à ce point différents de ceux des autres qu’ils supposent d’avoir un courage tout aussi extra-ordinaire pour les assumer. Beaucoup d’adultes surdoués comprennent ceci, conscients de leurs capacités mentales et du degré auquel elles peuvent les marginaliser.
Je crains que tu ne trompes de débat.
Oui,
dépisté il y a 6 ans à l’âge de 43 ans alors que pour une fois dans ma vie, tout allait bien….depuis mes 15 ans, c’est un lycée par an, une fac par an, un job par an. Moi qui étais si brillant petit… fin du pathos. Alors, j’informe, savoir, c’est un soulagement, mais c’est aussi le début d’une déconstruction/construction qui n’est pas balisée.Etape 1, j’ai un truc en plus, je vais en faire profiter les autres…car être surdoué isole et puis autant que ça serve. ERREUR, ils s’en foutent, veulent continuer à faire comme auparavant, et là petit flash back, c’est vrai qu’un albatros dans une salle à manger ca fait désordre. Alors, aujourd’hui, j’essaye l’étape 2, intégration positive ( hommage à dabrowski). Aussi, je fais confiance à mon intuition, je sors du tout ou rien, j’assume ma différence en respectant celle des autres et je m’adapte dans une logique darwinienne à ce monde…qui n’est pas le notre mais dont on a besoin. Cette théorie , dite du 60/40 doit me permettre de fonctionner. On prend leurs règles, on ne les change pas, on s’adapte mais on n’est pas dupes et surtout on arrête de faire le caméléon à outrance. L’idée n’est pas que je marche, moi avec mes règles à 60%, c’est de marcher à leur rythme (j’ai essayé le contraire en bossant pour moitié et ça ne marche pas, ils s’en rendent compte) en y mettant que 60 % d’intensité.
Evidemment, Rimbaud a raison, « ce n’est pas le monde qu’il faut changer, c’est la vie ». alors pour tout le reste qui m’émeut, me casse en deux d’émotions, me fait rire, je me l’accorde dans ma sphère privée. En sortant aussi du tout ou rien, le célèbre 60/40, une copine, c’est une copine pas Mme Duchatelet, un pote, c’est con, compote à partager pas toujours de la confiture et ainsi devraient aller les choses de la vie.
Si j’interviens aujourd’hui, c’est parce que j’ai tout perdu, qu’il me faut réellement accepter que nous faisons 2,40 si la moyenne est à 1,80. Alors, il faut faire attention aux autres, ils sont vachement plus nombreux, et surtout arrêter de croire qu’ils nous apprécient autant que nous, les adeptes du tout ou rien, aimerions être appréciés.
Et pour Mme Duchatelet et en souvenir du livre de cécile bost, je crois qu’il nous faut « cultiver notre jardin » et savoir aller vendre ses produits au marché…avec leurs règles. Si ça se trouve, ils nous trouveront utiles, Voltaire avait bien des défauts pour ses contemporains, il en a beaucoup moins pour nous aujourd’hui. En espérant que la cause des surdoués, handicapés sociaux, soit dans l’avenir prise en compte…mais par tous. On ne peut pas en vouloir aux autres de ne pas savoir un truc qu’on ne leur a pas dit.
« en n’y mettant que 60% d’intensité »
Bon, voilà : depuis hier je suis plongée dans la plus profonde perplexité, à me demander par quel moyen on peut arriver à diminuer en intensité (en cherchant à être juste « moyen » par exemple ?)
Oups,
Pas si facile en effet. En croisant avec la réponse de cybercricri, on peut envisager le monde comme une terra incognita dont nous serions des explorateurs. Certains ont eu la chance d’être élevés, « génétique oblige » avec des codes permettant l’intégration, moi non, douance connue mais niée par mes parents: « fais comme tout le monde, toi qui es si intelligent, tu n’es pas foutu de comprendre ça ».
Ethnologue ou éthologue, les comprendre, analyser leurs approches et fonctionnements et sans se fondre, devenir utiles, à nous d’abord pour survivre dans ce fonctionnement qui est différent mais dont les objets sont les mêmes : amour, reconnaissance, sécurité. La clé, c’est de faire confiance à son intuition, cet explosif mélange d’hypersensibilité et de cerveau arborescent, incandescent. Bien compris, c’est notre super joker.
60% signifie, pour nous, accepter notre différence, ne plus chercher de miroirs chez les autres et agir sur des faits plutôt que sur des êtres. On garde notre tout ou rien pour chez nous. Dans leur monde, on utilise un potentiomètre magique qui nous rappelle à chaque moment, attention, ils sont moins…intègres, sérieux, honnêtes, amoureux, sensibles et on sort de ce tout ou rien. On ne devient pas moyen, on les regarde eux comme des moyens, qui peuvent être intéressants par bien des aspects mais pas tous, c’est ce qu’ils sont, moyens ( cf gauss) et qu’ils soient plus nombreux expliquent qu’ils aient bâti une société qui leur ressemble.
A mon sens, c’est la clé de l’inhibition, de la mienne, en tous les cas. Savoir que l’on ne peut pas s’épanouir, que l’on ne peut pas aider les autres est une souffrance telle qu’elle me paralyse. C’est là que le tout ou rien revient, chez moi, en moi. L’hypersensibilité génère alors de vrais moments d’angoisse sous le thème : trop, plus, invraisemblable tsunami qui me tord d’émotions.
Aussi, pour résumer le 60%
pour eux, les considérer et les appréhender comme des différents ( après tout pourquoi serions nous les seuls à être différents, on l’est toujours de quelque chose)
pour nous, accepter que notre 100% est aussi à canaliser quand les pensées se font anarchiquement noires.
Mon vrai souci, c’est l’isolement et l’incapacité à me retrouver chez les autres. « je est un autre », arthur reviens, ils ne sont pas devenus fous, c’est nous qui le sommes…pour eux.
L’enjeu, c’est sortir de l’inhibition qui te paralyse et t’amène à t’étouffer. Cybercricri le dit bien, il nous faut de la nouveauté, du truc à comprendre, hé bien, en voilà un, chercher à comprendre son environnement pour se vivre.
L’éloge de la fuite que cécile cite est en effet une clé, il faut combattre dans un monde qui n’est pas le notre, alors créons nos outils sans prendre les leurs, et fuir pour rêver , non pas à un monde meilleur mais à une vie, la notre, plus douce.
en fait, un peu de levi-strauss avec laborit, et puis, si eux ne savent pas, nous on sait. ça peut-être un avantage.
Un jour viendra, où le tiers des 2%, surdoués en souffrance seront reconnus, où comme les noirs au 19°, les homos d’avant le sida, les roux du Sénégal, les albatros seront reconnus pour ce qu’ils sont. Encore et je me répète, faudrait il leur dire.
ps :merci, parler ici est un exercice qui fait de bien.
A quand, « le dictionnaire incroyablement incomplet des surdoués en société » où pour chaque cas de la vie, nous aurions, 1: la réponse du groupe
2:la réponse des surdoués
3: un modus vivendi
j’en rêve……..
A quand, « le dictionnaire incroyablement incomplet des surdoués en société »
j’en ai rêvé.. winston l’a fait ? 😉 (je précise que publier un livre n’était pas du tout dans ma ligne de mire quand j’ai entamé mes recherches – à l’époque, je voulais juste comprendre pour moi-même…)
J’ai un peu de mal avec votre opposition entre « eux » et « nous ». Cela me semble très caricatural, voir tout simplement manichéen. Le monde et les « gens » sont plus complexes, c’est une fausse dichotomie, certes commode, mais néanmoins fausse et aux relents racistes.
Non, il n’y a pas d’un côté « eux » et « nous ». « Nous » ne sommes pas un groupe homogène et « eux » non plus, pas plus que les gros et les minces, les petits et les grands, les gens de droite et ceux de gauche, etc… Il y a plein d’abrutis et de malades (notamment pervers) chez les surdoués, et des gens sensibles intègres et honnêtes chez les non surdoués. Votre vision du monde est simpliste, excusez moi de vous le dire, et vous ne portez pas bien haut votre « potentiel » à proférer semblables inepties.
Lorsque je lis ce genre d’horreur :
« On ne devient pas moyen, on les regarde eux comme des moyens, qui peuvent être intéressants par bien des aspects mais pas tous, c’est ce qu’ils sont, moyens ( cf gauss) et qu’ils soient plus nombreux expliquent qu’ils aient bâti une société qui leur ressemble. »
Je me dis qu’il y a d’abord un énorme travail à effectuer sur soi avant d’étaler pareille mépris et pareille morgue. S’il s’agit réellement de votre vision du monde il est dans l’ordre des choses que vous souffriez de solitude, par confort, paresse, et manque de lucidité, il est toujours plus facile d’accuser les « autres » et de les charger de tous nos maux (je vous renvoie au bouc émissaire)…
Une chose est sûre, la bêtise est bien quelque chose que nous partageons avec « eux »…
Bonjour Ivan,
je partage votre point de vue sur le fait qu’il est difficilement pensable de scinder le monde en « eux » et « nous », d’autant que ceci n’apaise pas le dialogue….
.. Mais pour autant, l’accusation était elle vraiment au menu du commentaire de winston ?
Je lui laisse le soin de répondre, bien sûr, mais je ne l’ai pas vécu comme ça.
je lis plutôt du découragement à vraiment trouver les passerelles.
Cela dit : dur-dur quand même, d’appartenir à une minorité, car c’est à elle qu’il revient toujours de s’adapter.
Ca provoque plus facilement de la lassitude et du rejet.
Pour Ivan,
A lire doucement , en respirant de temps en temps pour éviter les fâcheux contre-sens.
Un tel aveuglement sur la forme ne pouvait t’aider à comprendre le fond; Hé oui, population hétérogène, il y a même des impulsifs maladroits chez les albatros. Mais, je suis une bonne nature alors j’explique.
Aussi, comme le dit Cécile, il n’ y a aucune mauvaise intention dans mon post qui est la suite d’une discussion sur ce thème, tu aurais lu le témoignage de Tournevis, tu saurais l’importance de définir un modus vivendi avec les autres…choqué ? Déjà.
« c’est de l’identité qu’est née la différence »-Heinz Pagels, il faisait dans le quantique- et le vrai racisme ( si tu connaissais ma couleur) c’est de nier les différences et de rester sur des a-priori qui, pour l’instant, ne font pas le bonheur des surdoués dans ce monde ci. Renseigne toi, et tu verras le nombre d’entre nous sous traitement bipolaire ou même en hp…c’est une vie ? 2% c’est peu, 1,2 millions en france, ça fait beaucoup.
Alors, l’intelligence ( lire entre les lignes selon Lacan) ce serait que tu nous informes sur ta façon de faire…oui, nous sommes tous différents mais la vraie passerelle à créer , elle se fait pour nous tous sur les deux mêmes critères, une intelligence différente peu soluble en société et une hypersensibilité dont ta réponse est la preuve.
Ce qui est le plus critiquable dans ta réponse, c’est qu’il n’y a pas de réponse, pas d’alternative, pas de dialogue, tu ne cherches pas, tu as donc trouvé, fais nous partager.
Car sinon, ça reste du Daladier revenant de Munich avec un sourire satisfait…et c’est court.
Ma foi, je suis heureux de voir que votre discours évolue. Ce qui ce conçoit bien s’énonçant clairement, je ne vois pas où j’ai mal interprété quoi que ce soit. J’ai critiqué cette dichotomie radicale entre « eux » et « nous », comme si l’on avait à faire à deux « camps » opposés et homogènes, ce qui n’est pas le cas. De telles approches sont réductrices et destructrices, car elles créent une altérité, c’est le mécanisme même de construction de boucs émissaires et du racisme. Sortir de cette vision déformée et aliénante est, je pense, essentiel pour se construire de manière positive (et dépasser le stade adolescent). Cela dit je ne suis pas psy et n’ai pas de « solutions » à proposer à qui que ce soit. Je ne pense simplement pas qu’une position victimaire de « minorité » soit porteuse de sens. Les « valeurs » des surdoués auxquelles vous faites référence (empathie, altruisme) sont partagées par un grand nombre de personnes, surdouées ou pas. Simplement je ne pense pas que vous fassiez passer la « ligne de démarcation » au bon endroit. Les valeurs auxquelles vous faites références sont anthropologiquement à la base de la construction des groupes et des sociétés humaines. Ce n’est que récemment que l’idéologie de l’intérêt bien compris et de l’égoïsme décomplexé s’est imposée à l’échelle de la civilisation occidentale, sous l’influence du monde protestant et anglo-saxon et des élites dominantes qui assurent ainsi leur reproduction de classe. C’est d’ailleurs dans ce contexte que les revendications des « minorités » ont pu se développer, chacun revendiquant des droits « pour soi » et contre les autres. On voit bien où mène cette idéologie, à la guerre du tous contre tous. Sur ce sujet, je recommande l’analyse imparable de Jean Claude Michéa. A l’opposé, on trouve les valeurs ontologiques de l’humanité du don et du contre don résumées par le « donner, rendre, recevoir », qui ont servi de base aux développement des rapports sociaux humains.
Hm…
J’entends les arguments Ivan
Pour en arriver à ceux de la religion…. A moi d’avoir le sentiment d’une radicalisation du discours quand je vous lis sur le sujet des religions : j’ai le sentiment d’un plaidoyer violent contre le protestantisme tandis que le catholicisme (don, contre don, donner, recevoir) est la voie à suivre.
Toutes les religions se retrouvent sur des éléments communs de sagesse. La forme diffère et ce sont ces différences de formes qui conduisent aux conflits.
Non, le catholicisme n’a rien à voir là dedans. Le « donner, rendre, recevoir », a été observé par Marcel Mauss et d’autres anthropologues dans les sociétés primitives.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Don_et_contre-don
Il est donc bien antérieur à l’apparition de la religion (catholique comme polythéiste).
Cette dernière est venue par la suite légitimer les premières pratiques centralisatrices et redistributives qui sont apparus avec la sédentarisation et les premières chefferies.
http://fr.wikipedia.org/wiki/De_l%27in%C3%A9galit%C3%A9_parmi_les_soci%C3%A9t%C3%A9s
C’est aussi la première forme des rapports économiques dans les société primitives, cet aspect a été mis en évidence par Polyani dans son essai « De la subsistance de l’homme ».
https://fr.wikipedia.org/wiki/Subsistance_de_l%27Homme
Bonsoir Winston,
Ah comme nous avons de nombreux points communs.
Bizarrement, j’ai découvert mon surdon à un moment ou j’avais résolu la plupart de mes problèmes ou j’avais enfin une vie stable. Pourquoi ? A mon avis, quand la vie se stabilise, c’est là qu’on fait le bilan, entre deux tornades émotionnelles pendant lesquelles il est difficile d’avoir un raisonnement de fond sur ce qu’on est , ce qu’on veut pour l’avenir, et sur ce qu’on a fait jusqu’alors.
Oui à 38 ans par exemple, après avoir construit son petit nid à soi, avoir un statut stable , c’est là que j’ai su pour moi.
Mais toutes ces années, avec un changement de boulot tous les 4-5 ans en moyenne (parce que sans ca j’étouffe), après tant de démellés avec la famille à n’en plus finir , et je ne vous parle pas des relations sociales (au fait quelles relations sociales : pas d’amis pour moi).
Que d’énergie perdue : non pas par surmenage, mais par manque de stimulation intellectuelle (ca au moins ca fatigue jusqu’à toucher le fond).
Et aujourd’hui, pour moi meme chose que Winston : se mettre au niveau des autres tout en se préservant, et en découvrant quelques avantages à le faire. Car oui, etre hors normes, c’est aussi se soumettre à n’importe quelle transformation de style : essayer de voir comment pense l’autre pour mieux l’aider si besoin dans son travail, se faire aimer tout en gardant à l’esprit que ce n’est qu’une facade, faire la balance entre avantages/souffrance ou bénéfices/risque de mon attitude.
Et surtout, revenir chez soi, redevenir soi (quel bonheur, dommage qu’il ne puisse etre partagé), et se lancer dans SES activités, passions……………….
Le besoin de stimulation intellectuelle pour un surdoué, c’est comme une drogue : une fois qu’il s’y est habitué, il lui en faut par tous les moyens. Mais là aussi, notre surdon nous sert à rebondir, car si on est en sous utilisation un certain temps, et qu’on trouve un moyen, l’étincelle revient toujours et ……. c’est reparti !
J’ai tilté sur le fou rire! J’ai un collègue dont je soupçonne la douance à 3000%, parfaitement sous employé, mais dans un environnement qui lui laisse une liberté qui compense, avec qui j’ai la chance de travailler en binôme, chacun dans un pays différent. Ils nous est arrivé, à plus de deux mille km de distance, de prendre des fou rires incroyables au téléphone, à pleurer littéralement de rire chacun dans notre open space. Cette personne là me permet de tenir le coup, je ne suis pas seule face à l’absurdité du système de ma boîte. En outre, il fait un boulot génial, comprend tout incroyablement vite, améliore les process, a une éthique irréprochable, un grand sens de la justice, il aime le boulot bien fait, en bonne intelligence, bref, ce gars là encore une fois, me permet de pouvoir retourner bosser chaque jour, et pourtant, dieu sait que je n’en peux plus d’avoir à former ou rassurer ou supporter des « middle managers » hyper stressés et incompétents.
« à pleurer littéralement de rire »
oh que ça doit faire du bien et combien je comprends que ça aide à tenir….
seul dans un monde étrange et trouble,parfois la peur transforme mon esprit,je suis pris dans le piège d’une société de la médiocrité,que de ce monde,qu’il est horrible,et que le surdoué semble perdre le meilleur de ça formidable capacité à comprendre l’état et la folie de notre société,il est un individu insignifiant pour la majorité,il est profondément malheureux,et le monde qui s’agite autour de lui ne semble pas etre le sien,il a le sentiment de n’appartenir à rien,il est mort,et sa solitude est l’unique refuge pour quitter la bassesse de notre monde,au revoir.
J’ai aimé l’article, et je partage totalement votre commentaire
Rien à dire de +, ni de –
Je ressemble juste à une catastrophe ambulante, je vais me faire tester
Je veux juste + d’outils pour mieux vivre plus près de ceux qui me ressemblent
Bonne journée !