Désintégration Positive et IRSS – Quand psychologie et chimie doivent trouver un terrain d’entente

Ce qui ne tue pas rend plus fort” est une maxime qui pourrait s’appliquer à la quête de soi, car de tous temps la tradition philosophique a associé souffrance et développement personnel.

Dans un précédent billet (« Je vous salue névrosés!« ) j’ai déjà évoqué les travaux de William Tillier, ancien étudiant de K Dabrowski, qui en promeut la Théorie de la Désintégration Positive, par un travail de fond impressionnant.

Tillier met en avant que l’usage largement répandu aux anti-dépresseurs est devenu parfois abusif ( au point que même ceux qui n’en ont pas besoin en prennent afin d’aller « mieux encore)  entravant ainsi la progression de la connaissance de soi, en matière de développement personnel, dans la mesure où l’anti-dépresseur génère un bien-être qui dissuade peu ou prou de réfléchir sr les racines du mal.

L’effort de mieux se connaître (le « Connais toi toi-même » de Socrate) n’est plus encouragé (ce qui favorise l’immobilisme et l’absence de créativité, mais surtout, contribue à développer la folie des hommes), la dépression n’est pas perçue dans son sens constructif : chercher la raison pour laquelle on est mal et mettre en œuvre une dynamique qui permet d’aller mieux. La mal-aise (« dis-ease » en anglais) pour laquelle on cherche activement une solution est devenue un malaise (disease) qui est une maladie.

Pour autant, il ne condamne pas totalement ce recours aux anti-dépresseurs, dans la mesure où la souffrance d’un individu peut être telle qu’elle l’empêche de pouvoir entamer le moindre travail de développement personnel et au contraire, le maintenir dans une dépression profonde, voire le conduire au suicide.

Voici quelques extraits de son texte : Selective Serotonin Enhancers and the Theory of Positive Disintegration (Médicaments renforceurs de Sérotonine et la Théorie de la Désintégration Positive) William Tillier – Calgary, Alberta, Canada

Abstract

La popularité croissante des médicaments Inhibiteurs de Recapture Spécifique de la Sérotonine (IRSS) semble signaler un nouvel espoir et des attentes renouvelés que le fait qu’une simple intervention médicale puisse faciliter la rigueur de la vie quotidienne et nous rendre heureux. Ces drogues, et tout particulièrement le Prozac, ont rapidement dominé la pharmacopée des antidépresseurs, pour partie grâce à leurs effets secondaires réduit et à leur efficacité perçue. Leur popularité a été nourrie par une forte couverture médiatique généralement positive. La Théorie de la Désintégration Positive (TDP) promeut le point de vue que souvent, tension et conflit psychologiques peuvent être bénéfiques en tant que précurseur d’une progression psychologique.

[…] Traditionnellement, les théories et les thérapies de psychologie et de psychiatrie ont toujours insisté sur l’importance de l’objectif qui est d’alléger la souffrance et de réussir à maintenir une vie « heureuse » et équilibrée. Le recours aux benzodiaprines qui a atteint un pic dans les années 70, représente une première tentative médicamenteuse pour atteindre le « bonheur » et de ce fait peut être perçu comme un précurseur au Prozac. Dès lors, l’usage largement répandu de ce type de médicament a été encouragé par la vision populaire qu’ils étaient faits pour une « meilleure vie » et par la croyance qu’ils n’avaient pas de contre-indication apparente. Avec le Prozac, même une controverse rapide et largement rapportée sur la crainte que le Prozac pouvait conduire au suicide, n’a pu entamer l’enthousiasme du public (et apparemment du corps médical également) – cette hypohèse ayant été soulevée pour la première fois par Ticher, Glod et Cole en 1990.

La théorie de Dabrowski soutient que le conflit intérieur et la souffrance psychologique ont un rôle nécessaire et vital dans la vie d’une personne et sur son potentiel, afin de lui permettre de développer pleinement sa personnalité. Une crise crée une opportunité de changement, le résultat de ce changement étant favorisé par les caractéristiques innées de cette personne. Dans la mesure où elles sont favorables, ces caractéristiques vont encourager le changement et la progression de la personnalité en réponse à la stimulation et au défi générés par la crise. Inhiber les crises de la  vie grâce aux médicaments pourrait en fin de compte aboutir également à inhiber prématurément la progression de ceux qui ont un potentiel significatif en ne leur permettant pas d’affronter ces crises qui jalonnent une vie et d’en tirer parti. De plus, l’introduction de cette manipulation des neurotransmetteurs a des implications majeures pour la théorie de Dabrowski et pour toutes les philosophies qui insistent sur les aspects positifs et nécessaires de la souffrance.

L’arrivée de la phamacothérapie de l’humeur

C’est en 1957 que fit découvert tout à fait par hasard que l’iproniazide, médicament anti tuberculeux, avait comme « effet secondaire » d’améliorer l’humeur. En l’espace d’un an, 400.000 patients dépressifs furent traités à l’iproniazide (Kauffman, 1995). La recherche permit de découvrir que trois neurotransmetteurs monoamines (norepinephrine, dopamine et  sérotonine) étaient activés par l’inhibition d’un autre enzyme monoamine : l’oxidase. Plusieurs inhibiteurs de l’oxidase monoamine (IOMAs) furent en conséquence développés pour traiter la dépression.

[…]

La sérotonine

La sérotonine (5-hydroxytryptamine, 5-HT) est distribuée  dans différentes cellules du corps, 1 à 2% du total se trouvant dans le cerveau (Cooper, Bloom & Rosh, 1986). La sérotonine a des difficultés à être transportée au cerveau, mais elle est produite directement dans le cerveau grâce à un type de neurone spécialisé appelé neurone sérotoninergique (Jacobs 1994)

La sérotonine agit comme neurotransmetteur entre les cellules et est dispersée dans le cerveau grâce aux neurones sérotoninergiques qui l’y projettent. Ces neurones spécialisés sont concentrés dans les noyaux du raphé du tronc cérébral, l’une des parties les plus primitives du cerveau (Jacobs 1994). Alors que les «neurones sérotoninergiques  constituent moins d’un millionième du total de la population neuronale du cerveau», leur effet est immense dans la mesure où « chacun exerce une influence sur plus de 500.000 neurones cibles » (Jacobs, 1994, pp. 458-459). Le réseau qui s’embranche à partir des neurones sérotininergiques dans le tronc cérébral est « le plus vaste système neurochimique du cerveau », s’étendant à pratiquement toutes les parties du système nerveux central (Jacobs, 1994, p. 458).

La sérotonine est synthétisée à partir de l’amino acid L-trytophan par deux réactions enzymatiques qui se produisent à l’intérieur des neurones sérotoninergiques. Les niveaux de sérotonine dans le cerveau sont intimement liés aux niveaux plasmiques de tryptophane qui varient rythmiquement tout au long de la journée et sont directement dépendantes des prises alimentaires de triptophane.

La sérotonine a des effets considérables sur “certains aspects fondamentaux de la physiologie et du comportement, du contrôle de la température, à l’activité cardiovasculaire et à la respiration mais est aussi impliquée dans les comportements alimentaires, du sommeil et d’agression ». (Jacobs, 1994, p. 458). La sérotonine est chimiquement intéressante dans la mesure où elle est structurellement liée à divers agents psychotropes dont le LSD.

La recherche, résumée par les travaux de Jacobs (1994), lie la sérotonine et l’activité motrice basique. Les neurones sérotoninergiques sont préférentiellement connectés aux neurones moteurs qui sont impliqués dans les fonctions motrices de base et ils augmentent leur activité en réponse à une variété de comportements répétitifs tels que mâcher ou courir sur un tapis roulant. Le système sérotonique agit comme un coordinateur de la demande autonome et neuroendocrinienne des comportements moteurs de base. Quand il est activé il facilite la motricité et inhibe les données sensorielles. Quand le système sérotonique est inactif, la motricité est « invalidée » et le processus de traitement d’information sensorielle est déshinibé. Les neurones sérotoninergiques ont tendance à ne pas être connectés avec les neurones de la motricité fine ou épisodique, tels que ceux qui concernent les yeux ou les doigts (Jacobs, 1994).

[…] La théorie biologique actuelle au sujet de la dépression est fondée sur la preuve que les amines biogéniques sont impliqués dans la régulation de l’humeur (Baldessarini, 1986; Kaplan & Sadock, 1991). « Des dysrégularités hétérogènes » dans un ou plusieurs amines sont impliquées : les manies correspondent à des excès d’amines, et les dépressions à des déficits (Kaplan & Sadock, 1991). Jacobs (1994) fait des connections entre la fonction de la sérotonine et les comportements dépressifs et compulsifs. Le résultat comportemental est que la dépression permet à une personne de se mettre en retrait et de contempler sa propre situation (littéralement , ça lui permet de s’arrêter, de s’écouter et de réfléchir). Peut-être bien que l’évolution nous a donné trois réponses à la peur : le combat, la fuite ou la paralysie. Mais d’autres ont aussi observé la fonction adaptatrice de la dépression, tel Costello (1976).

Jacobs (1994) suggère que l’activité répétitive des T.O.C.s (Troubles Obsessionnels Compulsifs) ont pour objectif d’élever les niveaux de sérotonine et que l’augmentation de sérotonine induite par la prise d’un médicament rend inutile le T.O.C. Jacobs (1994) conclut que les liens entre humeur et activité motrice, orchestrés par le réseau nerveux de la sérotonine, possèdent une valeur adaptative et ont été conservés tout au long de l’évolution du cerveau.

A côté du fait qu’elle joue un rôle majeur dans l’humeur et les compulsions, la sérotonine a aussi été impliquée dans d’autres comportements complexes. De bas niveaux de sérotonine ont été depuis longtemps associés à un comportement impulsif (ex les pyromanes), au suicide (Kaplan & Sadock, 1991) et avec une prédisposition à la violence (eg, Coccaro, 1989; Virkunnen, DeJong & Bartko, 1989). Raine (1993) mentionne une recherche qui montre des niveaux de sérotonine bas dans des groupes d’individus antisociaux et il conclut que la sérotonine est impliquée dans la diminution des comportements agressifs. Wright (1995) suggère même que la sérotonine puisse « réguler l’estime de soi selon le feed-back social » et que de surcroît, le niveau de sérotonine dans le cerveau puisse être à la fois inscrit génétiquement dans le cerveau dans certaines proportions mais aussi modulé par l’expérience sociale (p.74).

En résumé, les rôles joués par la sérotonine dans l’humeur mais aussi dans d’autres fonctions comportementales variées commencent à être lentement compris. Clairement, l’augmentation de la sérotonine contribue à alléger les symptômes de la dépression, pour autant, une modélisation complète et globale de la biologie de la dépression et des actions de la sérotonine doit encore être présenté.

Prozac devient un nom commun

[…] Les discussions autour du Prozac ont contribué à renforcer l’impression que la médecine permettra bientôt aux gens de changer de personnalité et d’humeur selon leurs envies. […] Ces impressions générales sont renforcées par les journaux, telle, par exemple, cette une de Newswwek en 1994, qui titrait « Au-delà du Prozac : Comment la science vous permettra de changer de personnalité grâce à une simple pillule »

[..] L’usage du Prozac et les attentes à son sujet semblent n’avoir aucune limite. Ca a été un agent de changement rapide et efficace de la façon dont les gens se sentent. L’usage largement répandu des médicaments IRSS a un impact sur l’expérience phénoménologique de la dépression et des crises qui affectent une vie, et sur la façon dont les gens s’y adaptent et réagissent psychologiquement. En fin de compte, ceci peut même affecter leur motivation à régler leurs problèmes de fond. L’impact de tout ceci, à la fois sur les individus et sur nos approches thérapeutiques, reste à reconsidérer.

La Théorie de la Désintégration Positive

[…] la théorie postule que la souffrance, les crises et la désintégration jouent un rôle vital pour permettre le développement de la personne. Dabrowski (1967, p. 76-77) dit “nous parlons d’une désintégration positive quand elle se transforme graduellement, ou dans certains cas, violemment, dans une seconde intégration ». Une seconde possibilité est un état chronique, tout au long de la vie, de désintégration. Ce pourrait être qualifié de désintégration positive si ça « enrichit la vie de quelqu’un, élargit ses horizons,  et est une source de créativité » (Dabrowski, 1967, p. 77). Dabrowski utilisait le terme malaise au sens littéral (mal-aise) et  croyait que cette perte d’aise était souvent une motivation pour progresser. Comment espérer une progression personnelle, un changement, sans une motivation suffisante, c’est –à- dire sans mal-aise ? Comment une personnalité peut-elle changer sans la remise en ordre ou le réarrangement de ses fondamentaux, et comment ceci peut-il se produire sans que n’existe au préalable un désordre douloureux d’aucune sorte ?

Potentiel de Développement et Hypersensibilité

Dabrowski a observé  que tout le monde n’a pas le même potentiel de développement personnel. Il croyait que le potentiel de développement résulte des potentiels génétiques d’une personne et d’interactions entre environnement et génétique (cf l’épigénétique)

Ce qui nous concerne particulièrement ici, c’est la désintégration, le mécanisme basique du développement personnel. Dabrowski a postulé que le potentiel de développement consiste en un ensemble de caractéristiques qui encouragent et facilitent un continuum de processus désintégratifs. Des désintégrations brèves et partielles peuvent être suivies de réintégrations au même niveau (sans développement) ou par une réintégration à un niveau un peu supérieur (développement modéré). Ces changements génèrent généralement des gains quantitatifs de développement. Des désintégrations intenses qui sont plus globales et impliquent plus de dimensions d’une vie peuvent se terminer en des réintégrations secondaires, générant des transformations développementales et correspondant à la progression idéale selon la théorie de Dabrowski. De tels progrès diffèrent sensiblement des précédents progrès, dans la mesure où ils intègrent de nouvelles façons de se voir et de regarder la vie.

Du point de vue de Dabrowski, un composant critique du potentiel de développement est l’Hypersensibilité (HS), en réponse aux stimuli. Dabrowski expliqua clairement l’idée que ceci est présent dans la constitution neurologique de base d’une personne quand il expliqua que « chaque forme d’hypersensibilité signale une sensibilité des récepteurs plus élevée que la moyenne » (Dabrowski, 1972, p. 7). Dabrowski distinguait 5 formes : sensuelle, psychomotrice, imaginative, intellectuelle et affective (émotionnelle). L’Hypersensibilité émotionnelle forme la pierre angulaire des processus de développement avancé, et si elle est présente en même temps que les formes imaginative et intellectuelle, l’ensemble « donne des possibilités riches de développement et de créativité » (Dabrowski, 1972, p. 7).

Quand elle est présente, l’Hypersensibilité change la vision qu’une personne a basiquement de la vie, dans la mesure où « on voit la réalité de façon plus forte et sous plus de facettes » (Dabrowski, 1972, p. 7).  Ceci conduit une personne à entrer en collision avec plus de choses, de personnes, d’événements, créant une expérience de la réalité plus vaste et plus intense. (Dabrowski, 1972). Dans ce sens, l’Hypersensibilité est un “cadeau tragique”, donnant des  caractéristiques intenses, aussi bien en positif qu’en négatif. L’Hypersensibilité est positive dans la mesure où elle élargit la vision de la vie de quelqu’un, lui permettant d’apprécier pleinement la splendeur et les joies de la vie. Mais elle peut aussi être négative et extrêmement perturbante dans la mesure où elle fait ressentir avec plus d’acuité la souffrance humaine, l’injustice et la tristesse. Ceci est susceptible de générer un sens tragique de la vie (Unamuno, 1972; Rubens, 1992) qui peut submerger une personne émotionnellement tout autant que sur le plan des expériences (Gendlin, 1962) et peut conduire à la déprime permanente, à la dépression lourde, voire au suicide.

[…] L’expérience intense de l’hypersensibilité émotionnelle peut projeter une personne dans la découverte d’un sens unique et personnel de la vie et ainsi lui donner une direction. Pour paraphraser Frankl, il y a un sens à la vie et il y a un sens à la souffrance et la découverte des deux est liée (Frankl, 1963). L’auto-examen des valeurs personnelles est fondé sur la dynamique émotionnelle et cognitive des expériences personnelles d’une personne. Cette vision a été partagée par William James qui, en 1960, mit en lumière que les émotions formaient la base de nos valeurs et de nos croyances. L’émergence d’un facteur autonome  de développement conduit de façon grandissante à voir la vie telle qu’elle devrait être. Les comportements et valeurs médiocres et souvent « robotisés »  promus par la société, qui sont instillés autant par l’éducation parentale, que par l’éducation institutionnelle, sont un jour regardées sous une autre lumière. Ils sont remis en cause et évalués de façon critique par les personnes hypersensibles. Le résultat est l’émergence d’une hiérarchie de valeurs personnelles individualisées. Par le biais des mécanismes de la désintégration, le « ce qui est » de l’instinct et de la socialisation finit par être rejeté et remplacé par « ce qui devrait être » ; une « nouvelle » vision, qui reflète la personnalité unique et la hiérarchie des valeurs d’un individu autonome et qui se déploie. Alors que ces valeurs internes deviennent prééminentes, elles influencent de façon grandissante les perceptions et comportements de la personne. De la même façon, le comportement est de plus en plus guidé par les choix de la personne. L’existence d’une forte empathie, implicite dans une expérience émotionnelle profonde, assure un développement personnel fondé sur des valeurs humaines sincères et authentiques.

Facteurs développementaux et Continuum de Désarroi

Quatre facteurs semblent particulièrement importants dans notre discussion sur le développement. Les trois premiers sont issus de la théorie de Dabrowski : les potentiels génétiques de développement, l’expérience environnementale, et la force des dynamismes de développement autonome. Le quatrième facteur que j’ajoute est un « niveau optimal de désarroi » propre à chaque individu. Trop peu de conflit interne et alors le seuil minimum de mal-aise qui motive un changement n’est pas atteint. A l’opposé, trop de désarroi peut aussi entraver la capacité personnelle à se développer. Au pire de la crise, où un individu tombe-t-il sur la courbe du continuum de désarroi ? Dabrowski était très au fait des demandes psychologiques de la désintégration et insistait sur la nature discontinue du développement. Dans la mesure où la psyché est sollicitée à l’excès, elle peut s’effondrer, et déboucher sur une désintégration négative, sur une psychose, voire sur le suicide (Dabrowski, 1967). De ce fait, dans certains cas, le recours aux médicaments est une nécessité. La personne doit survivre à sa désintégration. Recourir aux médicaments peut être un moyen de réduire le stress et l’anxiété afin d’empêcher l’individu d’être submergé.[…] Dans beaucoup de cas, Dabrowski encourageait les gens à regarder les crises qu’ils traversaient dans une perspective de développement personnel, et en les affrontant, à tirer des enseignements de leur désarroi. Dans beaucoup de cas, la souffrance de la vie a besoin d’être ressentie et le rôle du thérapeute est alors réduit à « ne rien faire quand il n’y a rien à faire ».

Le répit développemental

[…] Quand la pression de la désintégration apparaît comme trop forte, l’usage judicieux d’un médicament tel qu’un IRSS, doit être considéré comme devant permettre un répit dans le processus de développement.

Travailler en recourant à un médicament pour établir le niveau optimal de désarroi ou pour gérer les pauses dans le développement devrait être perçu comme particulièrement important (même si c’est un défi majeur) chez les individus créatifs chez qui la limite entre créativité et pathologie est parfois floue.

Les liens avec la Créativité

Les expériences d’individus « créatifs » me semblent être le plus propre à illustrer ce sujet. La psychiatrie s’est longtemps débattue avec la créativité et la « folie du génie » (voir par exemple Prentky, 1980; Andreasen, 1987; Post, 1994; Yewchuk, 1995). De nombreuses figures dans les champs artistiques et créatif ont terminé tristement entre les mains de la psychiatrie. Frances Farmer, Antonin Artaud, E. Hemingway et W. Reich viennent immédiatement à l’esprit. Anthony Storr a même suggéré que les idées d’Einstein étaient un effet de sa schizophrénie (White & Gribbin, 1993).

Le besoin de souffrir pour faciliter la création est aussi un élément de la tradition artistique (“souffrir pour la salut de son art”). Par exemple, l’incidence élevée de suicide et d’alcoolisme est presque considérée comme un risque professionnel parmi les auteurs. Ainsi que l’a noté le poète Jopn Berrymore, qui s’est suicidé, « extrêmement chanceux est l’artiste qui est confronté à l’épreuve la pire qui soit qui ne le tuera pas » (Morris, 1991, p. 195).

Jamison (1995) a clairement énoncé le besoin d’équilibre et de compréhension dans l’intervention psychiatrique sur des personnes qui disposent de forces créatives et de développement. Elle indique qu’ « une intervention utile doit contrôler les extrêmes de la dépression et de la psychose sans pour autant sacrifier les expériences et les émotions qui sont cruciales chez un humain » (Jamison, 1995, p. 67). […] Ceci suggère que les créatifs, en tant que groupe humain, sont plus facilement enclins à connaître un désarroi psychologique aigu, un point qui est souligné dans la littérature (par exemple Andreasen, 1987; Arieti, 1980; Post, 1994; Prentky, 1980). Les individus qui présentent le plus grand potentiel de progression et de créativité seront aussi les plus vulnérables à la dépression. La question-clé posée par Jamison est celle de l’équilibre entre soutien et intervention à apporter au bon moment pour que l’expérience créative ne soit pas émoussée.

Conclusion

[..] [Quand il y a crise]L’intervention ne doit pas sacrifier l’opportunité qu’a une personne d’être pleinement humain et doit évaluer le risque d’effondrement (dont fait partie le suicide) face aux potentiels de réflexion, de progression et de créativité. Idéalement, l’intervention devrait assurer un rôle de soutien passif – accompagner une personne qui est secouée par une dépression sans pour autant en être submergée, et qui, au final, conduit à l’émergence de nouvelles idées significatives.

Références citées par Bill Tillier

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49 thoughts on “Désintégration Positive et IRSS – Quand psychologie et chimie doivent trouver un terrain d’entente

  1. Bonjour Cécile,
    Je crois qu’une fois de plus la lecture de ton blog m’aura drôlement aidée. Après 5 années de harcèlement au boulot (pour mon mari et moi), le décès de ma belle soeur et celle de mes beaux parents l’année dernière, les notaires, l’état, et le reste, j’ai dû affronter le collège et l’école de mes filles pour des questions de harcèlement.
    Je pouvais supporter le reste, mais là, non c’était trop.
    Qu’on s’attaque comme ça à mes puces, je suis devenue comme enragée, je voulais par tous les moyens qu’on foute la paix à ma famille. Impossible d’accepter la situation, j’ai balancé des mails à toute la planète (totalement contre productif, soit dit en passant, sauf qu’en voyant à quel point mon mari et moi tenions tête aux institutions, elles ont commencé à se lâcher, et finalement, ma petite dit des gros mots à l’école pour se défendre, mais n’a plus de faute en dictée, ça me va!!!).
    Je me dis que je vais trop loin, c’est mal (hé oui, on se juge en permanence).
    Je fais un aveu de faiblesse passager, direction le médecin. Xanax (3 par jour) et Séroplex.
    Wow le Xanax, sans déconner, je prend ce truc à 15H, j’aurais pû faire des câlins à la CPE de ma fille à 15h07, dis donc. Heureusement, j’en parle l’après-midi même à deux personnes qui me somment de jeter immédiatement cette saloperie. Je me doute vaguement que vu ce que ça vient de me faire, y’a pas que de l’eau dans ce machin, une vraie drogue dure dis donc.
    Un coup d’oeil à internet : ultra addictive qui plus est.
    Vidéo fort bien faite : http://www.santeromande.ch/TSR36_9/20130501_2.html
    Je jette un oeil sur le séroplex, même combat ou quasi.
    Bien, les médecins sont des dealers, donc.
    Quand je pense que la moitié de la population doit prendre de ces saloperies, je comprends mieux qu’on me dise qu’il est normal et courant qu’une gamine de 11 ans qui harcèle la mienne depuis son entrée en 6ème répète à l’envie qu’elle a voulu se suicider à cause d’elle. Qu’on trouve normal qu’une enfant de 9 ans mette des mots d’insulte chaque jour sur le bureau de ma fille, et la fasse punir deux fois par jour en mentant de façon éhontée, quand elle n’essaye pas de l’étrangler. Et qu’on me dise de ne pas intervenir. Celle qui m’a dit ça hier est sous anti dépresseurs depuis dix ans…
    Alors je continue le yoga, et tant pis si je me mets trop en colère contre ce monde de fous ! Mais je ne vais pas, en plus, me transformer en junkie pour leur faciliter les choses, non mais!
    🙂
    Prenez soin de vous je vais essayer d’en faire autant 🙂

    1. Ce n’est peut être pas tant le médicament en soi que le dosage qui est à revoir : une dose pédiatrique est parfois suffisante pour un adulte, en tous cas chez les surdoués.
      Il ne faut pas hésiter à négocier avec son médecin.

      1. Plus tu en prends plus tu en auras envie, hyper dure de le stopper,c’est la nature des drogues! J’ai fait l’expérience, moi aussi. Et trouver le « bon médecin », négocier les doses…, well, faisable, mais demande beaucoup d’effort, de chance et de l’amour. Enfin une fois qu’on est consciente de notre problème c’est jouable! 🙂

        1. Je ne risque pas d’être addict, j’ai déjà tout jeté la poubelle! J’ai pris une clope une fois, et j’en ai pris pour la vie, ça suffit 🙂

          1. Ah non !pas à la poubelle ! Pauvres poissons shootés aux anti dépresseurs au point d’en devenir stériles par des eaux polluées par ruissellements des décharges !

  2. Les effets que vous avez supporté, Supernova, au moment de votre sevrage, vont dans le sens des préoccupations de Cécile pour le rôle de la sérotonine.
    Le cerveau a pris l’habitude de ne pas pouvoir effectuer la recapture de la sérotonine, empêchée par l’antidépresseur. A l’arrêt brusque, la recapture a repris de plus belle sans être inhibée par le fonctionnement interne du cerveau, et donc vous vous êtes retrouvé en perte importante de sérotonine, ce qui a désinhibé les voies proprioceptives, etc.
    Pour aller plus loin, il existe un lien entre autisme et sérotonine. Ce sont des pistes suivies par les neurosciences, il est encore trop tôt pour en tirer des conclusions.
    Il me semble que cette sérotonine a une importance dès le stade fœtal dans la structuration du cerveau.
    Pour mon propre cas, je suis à peu près dans l’état de sevrage de Supernova, sauf que je n’ai jamais pris d’antidépresseur. Dans mon cas, on appelle cela ‘fibromyalgie’, et après une errance diagnostique, le rôle de la sérotonine, passant sans cesse comme une ombre sur les causes profondes de la fibromyalgie, qui n’est qu’un mot au fond, les douleurs, ‘comme si j’avais une forte grippe’, cette difficulté à rassembler les pensées et les motivations, ressemblent à une chute toute bête de l’action sérotoninergique.
    Je me suis arrêtée dans une sorte de burn-out, moi aussi; depuis, je suis en arrêt de travail. Je n’y arrivais plus, trop de symptômes qui me fatiguaient, et je ne suivais pas le rythme de mes propres exigences, de mes attentions au autres, à chaque autre. (Je suis maîtresse d’école, et j’étais dans une classe à quatre niveaux très différents, qui avaient chacun leur particularité, j’avais vingt-cinq ‘autres’ dont je m’occupais.
    Dans cette affaire, je tombe par hasard sur ce site, en faisant une recherche sur la sérotonine… J’ai une prescription débutante de venlafaxine, à dose modérée, non pas parce que je déprime, mais parce que cet antidépresseur va limiter la recapture de sérotonine, et je vais donc expérimenter une hausse de sérotonine, on verra quels effets se produiront.
    La question de la surdouance me touche, j’ai vécu pas mal d’expériences que vous citez en général, l’enfance, la vie adulte et la vie émotionnelle. A douze ans, je crois alors que j’étais une très mauvaise élève, la classe avait passé un test de QI, mes parents avaient alors appris que j’avais obtenu les meilleurs résultats parmi tous mes camarades des deux classes de 3ème.
    Pour autant, cela m’a juste permis de faire un lycée en E, maths et technique (je voulais être architecte…) encore que difficilement, sauf dans des matières concrètes où il s’agissait d’inventer des solutions.
    Par la suite, j’ai obliqué vers une licence de Psychologie clinique, et j’ai trouvé ma voie en m’occupant des enfants des autres. A noter que je suis devenue bonne en orthographe du jour au lendemain, quand il s’est agi d’écrire face aux élèves.
    Donc, surdouance, je m’en suis moquée au fond, je sais que je suis complexe, très sensible, et cela m’a joué tant de tours…. Ce n’est qu’après cet arrêt de travail, avec ces douleurs inexpliquées, cette fatigue et ce manque de sommeil, que j’ai trouvé ce temps pour moi, de me retourner sur des aspects de mon fonctionnement, que j’ai pris parfois l’habitude de considérer comme des tares.
    Voilà comment j’avais résolu la question, jusqu’à ce jour: Je suis cerveau droit préférentiel. Qui plus est, un cerveau féminin. Cela inclue du raisonnement spatial à droite, et une zone langagière développée à gauche. Le raisonnement spatial, c’est ce qui permet de trouver la solution juste, en dilettante, particularité des créatifs, sans avoir à suivre tout le cheminement nécessaire à un raisonnement classique. J’appelle cela une vue 3D de l’étendue d’un problème, ses inputs, ses outputs, et une manière de survoler de haut le système de solutions, de trouver la bonne porte plus facilement.
    Le cerveau droit abrite aussi les émotions, et donc, je ne trouve pas étonnant de déborder d’émotivité. La féminité apporte des fibres inter-hémisphériques riches (le cerveau dyslexique aussi, soit dit en passant) et donc raisonnement langagier et raisonnement spatial, sont en constant échange.
    C’est ce que je vis la nuit, sans rêver, puisque je ne dors pas beaucoup, bien que j’en aie envie. Ma pensée prend le temps alors d’être exploratoire, et c’est ainsi que je trouve des réponses à mes interrogations diurnes.
    Alors venant ici, je ne trouve pas beaucoup de référence à la surdouance des ‘cerveaux droits’, mais je détecte pas mal de signes chez certain(e) d’entre vous qui me sont étrangement familiers. Cette sérotonine, l’autisme des surdoués, l’émotivité, les cerveaux à fonctionnement spatial, les troubles du langage, j’ai l’impression que vous et moi partageons au moins ce sentiment de tourner en rond autour de quelque chose que nous ne saisissons pas!
    Je n’ai pas parlé de l’autisme. Ma soeur s’est auto-diagnostiquée ‘asperger intelligente’, son second fils étant proche lui aussi de ce diagnostique, son frère ainé étant classé, lui ‘surdoué’, ayant sauté les classes…etc.
    Cela m’a poussé à étudier les travaux de Simon Baron-Cohen, sur ce sujet de la condition asperger; pour lui, les CA ont un cerveau hypermasculin (des garçons, mais aussi des filles) et sont donc hyper-systémiques dans leur raisonnement, et pauvres en capacité empathique, tandis que le cerveau féminin est habituellement Surempathique mais plus pauvre en capacité systémique.
    Tout cela fait un joli manège qui tourne et tourne, et cela nous fait vaciller.
    Au final, bravo pour ce recueil de données et de témoignages qu’est ce site, je trouve que l’abord du thème de la surdouance par cette voie de souffrance, est extraordinaire. Pour moi, c’est une découverte. Je contribuerai à mesure de mes moyens, si vous me le permettez, Cécile, à toutes vos discussions, mais il y a tant d’items à suivre, tellement liés à l’avancée des neurosciences elles mêmes, que cela mérite un beau jeu de piste.
    Je suis assez d’accord avec l’idée générale, que votre surdouance doit vous permettre le bonheur. Je présuppose qu’il y a deux sortes de surdouances assez opposées, dont l’une peut paraître plus sombre que l’autre, car ne captant que difficilement la simplicité d’un sourire.

    1. Bienvenue Patricia !
      Merci de votre commentaire

      Une question, parce que je ne comprends pas : les anti-dépresseurs me semblent être des recaptureurs de sérotonine, donc destinés à augmenter l’efficacité de celle-ci ?
      Le sevrage devrait au contraire affaisser l’activité sérotoninergique – et donc faire replonger dans la dépression ?

      Enfin, pour ce qui est de la douance, il n’en existe qu’une, et elle n’est pas fondée sur le cerveau droit – certes, les neurosciences démontrent qu’il y a hypertrophie du cerveau droit, mais en aucun cas fonctionnement « mono-hémisphère » : les deux hémisphères sont bien tous les deux impliqués (pus d’aires utilisées ensemble entre lesquelles l’information circule plus vite).
      C’est d’ailleurs ce qui explique que la surdouance soit fondée sur l’intensité, la complexité et une flamme intérieure toute personnelle (qui peut survivre au delà de toute notion de motivation).
      Son expression, sombre ou claire, vient ensuite de la construction identitaire, du cheminement personnel de chacun.

      1. Cécile, La sérotonine est effectivement en partie recaptée par les neurones qui l’ont libérée, ce qui régule la diffusion dans les hémisphères. Certains médicaments, habituellement utilisés comme ‘antidépresseurs’ permettent de réduire cette recaptation, et donc augmenter la diffusion de sérotonine, qui elle même régule la douleur, le sommeil, l’équilibre thermique, et de nombreuses autre fonctions, parfois antagonistes, car la sérotonine intervient autant comme facilitatrice que comme inhibitrice selon le mécanisme où elle intervient. Nous nous intéressons principalement à son activité dans le cerveau, mais la sérotonine intervient essentiellement dans le système digestif et dans le maintient ou la dégradation osseuse.
        Si l’on interromps brusquement un tel antidépresseur, on prive brusquement le corps de cette sérotonine circulante et il se produit les symptômes évoqués, qui sont ceux que je connais bien, car je suis en manque permanent sans doute de sérotonine (bien que n’étant pas dépressive).
        Alors pourquoi manque -t-on de sérotonine? et pourquoi ne retombe-t-on pas en dépression? Une hypothèse que je comprends est que suite à une destruction de neurones du bulbe (cervelet?…à vérifier) lors d’un traumatisme (J’ai une dégradation importante de ma colonne vertébrale…) ou d’une intoxication, cette zone n’est plus en mesure d’empêcher correctement la recapture de sérotonine. Il semblerait que la prise d’antidépresseurs en évitant cette recapture, permet aux neurones concernés de se régénérer, et donc de remettre en route le système naturel du corps qui régule la production de sérotonine.
        Je suis assez suspicieuse en ce qui concerne la notion de dépression. Je préfère appeler d’abord cela chute sérotoninergique, en pour certaines personnes dont le psychisme a été fragilisé, une dépression réellement psychologique qui démarre. Un train en cache un autre.
        Les antidépresseurs font le travail mécanique qui coupe les bases physiologiques de la dépression, la psychologie, c’est autrechose.

        1. Imposible de remettre la main sur cette communication – mais je connais l’auteur : Post et la date : 1994
          Qui semble indiquer que les surdoués manquent de sérotonine quantitativement.
          Par ailleurs, je n’ai pas mes notes sous la main, il y a un problème de capteur avec le récepteur 5-HT2 si ma mémoire est bonne (il y a un billet qui en parle, mais je n’y ai pas accès avec le matériel avec lequel je vous réponds)

          Donc au final : moins de sérotonine et de moins bonne qualité

            1. A mon sens, c’est la solution adaptative, mais adaptative envers soi : on se prend en compte et on prend les décisions nécessaires pour garder l’équilibre… ça ne va pas forcément totalement dans le sens de ce qui est (encore) enseigné dans notre monde d’hypercompétition…

          1. Si j’ai bien compris, je crois avoir pris les mesures, mais je trouve que je suis encore bien trop souvent fatiguée et découragée pour ne pas dire plus, et je ne vois toujours pas comment gagner ma vie avec le rythme qui est le mien actuellement. On ne peut pas améliorer cette histoire de sérotonine avec je ne sais quelle plante, vitamine, activité ? Comment concilier un cerveau hyperactif et un petit corps frêle si peu capable et un moral qui flanche si facilement ?
            Mais peut-être n’ai-je pas compris ou posé-je les mauvaises questions ou suis-je trop exigeante ?

            1. Nous vivons dans un monde d’interactions et il me semble difficile d’envisager de vivre en autarcie absolue; de surcroît, l’échange enrichit et stimule.. mais là encore, pas n’importe quel échange.
              Et c’est là que ça se complique parfois : car la rencontre n’est pas garantie d’avance.
              je n’ai hélas pas de réponse sur les échanges chimiques…

          2. Oui, la sérotonine a de nombreuses action, selon les nombreux capteurs synaptiques sur lesquels elle est transmise. parfois, c’est une action facilitatrice, parfois antagoniste. je confirme que le manque de sérotonine abat, casse le sommeil, fatigue jusqu’à une sensation d’épuisement, mais ce que je ressens comme le plus gênant, handicapant, c’est la difficulté à mener une tâche ou une réflexion sur la durée, tout en ayant toujours une prfusion de questions en suspens, qui tournent en rond, sans trouver leur échappatoire. La sérotonine joue aussi sur l’émotivité, et à un moment tout cela se mélange dans une sensation d’échec.
            J’en suis à me contenter d’une réussite par jour, de manière à ne pas tomber dans la déprime.
            j’ai commencé hier un traitement, donc à base de venlafaxine, pour inhiber la recapture de sérotonine, mais aussi de noradrénaline (IRSN), à une dose qui est pour huit jours de 1/4 de la dose ‘antidépresseur’, puis, ce sera doublé, effet escompté, pas avant trois semaines. Nous avons décidé cela, avec mon médecin, de manière à vérifier si cette hypothèse de la baisse des niveaux de sérotonine est plusible. En évitant la recapture, la sérotonine sera en quantité plus importante dans les neurones, diffusant dans tout le cerveau.
            Pour répondre à Tournevis, il semble que des études ont montré que l’injection de sérotonine, directement, n’avait pas d’efficacité. La sérotonine doit passer du sang aux neurones en passant une porte qui réduit cette intégration, d’autant qu’elle n’est pas prioritaire par rapport à la noradrénaline. La sérotonine est apportée par son précurseur dans l’alimentation uniquement, mais encore une fois, le cerveau régule lui même les quantités.
            L’effort spotif régulier, serait un stimulant de cet apport, cependant, j’ai fait l’expérience personnelle, un effort physique soutenu apporte une forte sécrétion de sérotonine, décelable par l’abolition de la douleur d’effort, et une euphorie qui suit l’effort. Seulement, les deux jours suivants, je vis un effondrement total de sérotonine, perte totale de sommeil, et fatigue anormale pour une sportive habituée que je suis, n’apportant pas la détente musculaire agréable. au niveau cerveau, une lenteur de la réflexion, et une sorte d’omnubilation à passer en revue mille questions sans réponse, ce qui ajoute à une sensation de trop plein de fatigue morale, plus que physique. Au lieu d’un effort libératoire et bienfaisant, je me sens grippée.
            Tout cela couplé à des problèmes osseux qui peuvent être dûs à un manque de sérotonine osseuse, à des problèmes de motilité intestinale, pouvant être liés à la sérotonine digestive, un pseudo burn-out, la piste de la sérotonine devait être suivie. J’ai des doutes sur l’ efficacité de mon traitement, je sais bien que cela ne fonctionne pas chez tout le monde. Pour l’instant, nous observons. La baisse de sérotonine peut être due à une pénurie alimentaire, mais ausi à des causes génétiques, congénitales ou acquises, par exemple par la dégradation de récepteurs spécifiques liée à une consommation d’alcool.
            Il semble que l’effet retardé des antidépresseurs est lié à la stimulation de fibres neuronales nouvelles, qui remettent en marche les systèmes de rétrocontrôle neuronaux. cependant ces antidépresseurs sont aussi accusés de recomposer définitivement l’expression de certains gènes, que faire alors?!…. On est à la limite de la connaissance, là…. Pour finir, il existe des agonistes de la sérotonine, c’est ainsi que des anti épileptiques miment l’action de la sérotonine. mon médecin garde cette option en second lieu, les effets secondaires étant là bien plus costauds.

          3. Quel rapport entre mes questions et l’autarcie et les échanges ?
            Le problème n’est pas que « nous vivons dans un monde d’interactions« , mais que l’humain est biologiquement un animal grégaire, alors quand on ne supporte plus les autres, ça devient évidemment invivable.
            Les échanges, oui, mais pas n’importe lesquels, en effet. Les relations nourrissantes sont devenues trop rares et trop « coûteuses » émotionnellement pour moi, pour me motiver à en risquer beaucoup plus que je ne le fais.

          4. Merci à Patricia pour toutes ses précisions. Je lis « La sérotonine est apportée par son précurseur dans l’alimentation uniquement, mais encore une fois, le cerveau régule lui même les quantités. » et je trouve cela réconfortant, parce qu’il pourrait y avoir des solutions en prenant soin de ce qu’on mange et des organes qui s’en chargent, même si ça ne suffit pas (mais je pense que ça fait bcp).

            Pour le contrecoup de l’activité sportive, je remarque ça avec le jardinage (ma seule activité physique), souvent une journée où j’ai bien jardiné est suivie de deux ou trois jours où je vais mal physiquement et moralement, mince alors 🙁

          5. Tournevis, je pratique aussi le jardinage, et je ressens les mêmes effets que toi. Comme pour l’effort physique sportif, je suis mal après. Si je persiste, j’ai besoin de jours de récupération, car je suis à plat. Apporter de la sérotonine par l’alimentation, j’y crois aussi, mais le problème reste la non-priorité à l’entrée dans le cerveau, qui fait que peu de sérotonine passe les filtres.
            je ne suis pas avec mon ordinateur principal, il faudra que je te donne mes sources web. Très grossièrement, le repas du soir est important, pas de viande, mais poisson gras, laitages, noix, amandes…. Surtout, aucun alcool.

          6. Patricia, merci pour ces éléments. Pour le reste, je lirai, ou pas, la lecture me demande de + en + d’efforts. Pour les repas, si tu savais comme je surveille ce que je mange, et depuis des années ! J’en suis à quasiment que des légumes, un peu de viande blanche de temps en temps, je ne digère plus rien d’autre (je ne parle même pas de l’alcool :))
            Bon, je ne désespère pas complètement encore (pas tous les jours et, curieusement, ça me rassure de ne pas être la seule à avoir ces difficultés, je me sentais tellement seule et nulle !)

          7. Tournevis, moi aussi je me pose des questions, car cela fait bien longtemps que je suis inapte à tout. Pour répondre à ta question, voici un tour d’horizon des recherches sur le sujet. Si tu ne lis pas l’ensemble du texte, qui est en anglais, je te mets quelques réflexions dessous sur ce qui est essentiel à retenir au quotidien pour nous.
            Comment augmenter les niveaux de sérotonine dans le cerveau sans médications. Article en anglais
            http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2077351/
            (Ce qui est mis en avant, pour augmenter significativement le taux de sérotonine dans le cerveau: l’exposition à la lumière du jour, l’effort physique, et un apport sélectif en protéines, le tryptophane devant être privilégié par rapport aux autres acides aminés)
            Explication de la limitation de la pénétration dans le cerveau (sur Wikipedia) :
            « La production de sérotonine dans le cerveau varie directement en fonction du transport du tryptophane dans le cerveau (au travers de la barrière hémato-encéphalique). Le taux de transport est lui-même inversement proportionnel aux concentrations des autres grands acides aminés neutres (leucine, isoleucine, valine, tyrosine, phénylalanine) qui lui font compétition à l’entrée du cerveau. Les concentrations de ces derniers, enfin, varient en fonction de la proportion en glucides et en protéines consommées. C’est ainsi que la consommation de sucre ou de repas sucrés aura pour effet d’augmenter indirectement (et momentanément) les concentrations de tryptophane dans le cerveau, tandis qu’un aliment très protéiné (qui, paradoxalement, contient plus de tous les acides aminés, y compris le tryptophane), aura pour effet de diminuer les concentrations cérébrales de tryptophane et, probablement, de sérotonine » (in sérotonine, Alimentation)
            L’exposition à lumière du jour semble donc augmenter les nivaux de sérotonine dans le cerveau. Perso, je viens de l’apprendre, je vais me préoccuper de faire un peu l’expérience de sortir au grand air! dans le texte anglais, il est indiqué les niveaux de lumière et de durée en lux. On peut supplémenter avec une lampe spéciale, en lumino-thérapie, que ce soit pour la dépression saisonnière ou la supplémentation en sérotonine. Il faut voir.
            L’effort physique, par contre, j’ai expérimenté, cela correspond, au niveau de mon ressenti, un effet pendant et après, mais ce qui m’ennuie, c’est que les jours suivants, les niveaux en sérotonine doivent s’effondrer, car je ne dors pas et je suis anormalement épuisée. Il semblerait que l’effort physique augmente momentanément la capacité du tryptophane à entrer dans le cerveau, car les autres acides aminés sont utilisés ailleurs. Mais bon il le faut quand même, ce tryptophane!
            Mon problème actuel vient de ce médicament évitant la recapture de sérotonine (et de noradrénaline , quid?) que je viens de commencer. En deux jours, abolition des douleurs diffuses notamment nocturnes, mais aucun effet sur ma fatigue pour l’instant. De plus j’ai éprouvé trois jours sans arriver à me concentrer sur quelque chose un peu intellectuel, j’espère que cela ne va pas durer. Je ne sais pas non plus comment absorber plus de tryptophane, sans augmenter les autres acides aminés, j’avais trouvé un lien vers une étude comparative des aliments, il faut que je la retrouve .
            Je ne digère pas grand chose non plus. Ma fille est une fan de Japon, et elle m’a initié à ce type de cuisine très sain. Je ne digère aucune protéine mal dégradée, par exemple poudre de lait (on en trouve dans tout!) ou viande grillée, et je limite certains légumes crus ou haricots grains. J’avais des douleurs tout le long du tractus intestinal. Avec cette nouvelle façon de manger, j’ai largement réduit les douleurs.
            Pense aussi à faire faire un dosage de ta vitamine D, cela provoque à soi seul de la fatigue mentale!

          8. Ça devient difficile de trouver un bouton « répondre » placé à peu près au bon endroit 🙁

            « L’exposition à lumière du jour semble donc augmenter les nivaux de sérotonine dans le cerveau. « 
            Alors ce que je constate, c’est que quand je passe un moment au jardin, je reviens avec la pêche et le sentiment d’avoir bien bossé même si j’ai peu fait, alors que si je reste à la maison, même si je fais objectivement beaucoup, je reste frustrée et découragée. Sauf s’il fait beau et assez doux (et pas trop chaud) et que je peux laisser tout grand ouvert et sors de temps en temps sur la terrasse… Je crois que ça vaut vraiment la peine de creuser cette piste ? Pour moi, trouver moyen de jardiner davantage ? (sachant que je suis frileuse et supporte mal le soleil, pas aisé quand même)
            Et, avec ce que nous constatons sur l’effet dépresseur de l’effort le lendemain, ne pas trop en faire ? °.°
            (quand je pense qu’on nous pousse à en faire tant et plus…)

            Pour ce qui est de l’alimentation, j’ai arrêté les laitages de vache il y a six ou sept ans et depuis, je ne m’enrhume quasi plus, alors que depuis ma petite enfance je m’enrhumais cinq à six fois par hiver. J’ai arrêté le gluten aussi (suite à une candidose avec perméabilité intestinale qui m’a rendue complètement intolérante) et ne consomme quasi plus de sucre ; je me rends compte que moins je mange de féculents (genre quinoa, sarrasin, pomme de terre) moins j’ai de pbs d’hypoglycémie, moins j’ai faim entre les repas et mieux je digère, tout en ne me sentant pas plus mal. Je mange essentiellement des légumes, de saison, bio et aussi variés que possible (en ce moment, je mange pas mal de panais, je soupçonne qu’ils sont suffisamment féculents pour mes besoins ?), des pommes en hiver, des framboises du jardin en juin, des pêches en été, très peu de viande (uniquement blanche, je ne digère pas les autres), un peu de laitages de brebis ou de chèvre, beaucoup d’avocats, j’arrose tout d’huiles d’olive de colza bio… Pas de café, pas d’alcool, pas de thé, pas de clopes, que du simple et sain, finalement. Mais ça ne suffit pas. Ça a suffi à m’empêcher de succomber des suites de cette candidose carabinée, mais pas à retrouver une vie « normale » (dans ma norme à moi ! càd avec l’énergie de faire ce que j’ai envie, ce dont j’ai besoin)
            Je crois que mon principal problème est le stress intense dans lequel je vis depuis ma naissance et qui est cause de tout le reste (ça use l’organisme, entraîne une acidose, donc toxines et carences, entre autres) Si je parviens à faire baisser mon taux de stress, ça devrait aller mieux. Mais par les temps qui courent, c’est une vraie gageure ! Je ne désespère pas encore tout à fait, pour le moment mon espoir est entre les mains de la kinésiologie « adaptogenèse », on verra bien… Je préfère mettre mon argent et ma confiance là qu’entre les mains de la médecine qui a fait, pour moi, les preuves de son incompétence et de sa nocivité ne serait-ce que par son refus de prendre en compte l’alimentation, comme si notre corps ne se constituait pas de ce que nous mangeons ! et par son incapacité à se remettre en cause).

            Patricia, tu dis qu’on trouve de la poudre de lait partout, c’est pour ça que je ne mange à peu près rien de préparé (je cuisine tout ce que je mange, à de très rares exceptions près), je lis toutes les étiquettes et achète bio, où il y a nettement moins de n’importe quoi partout (par exemple, le chocolat noir conventionnel contient de la poudre de lait ! on se demande bien pourquoi, sans compter un tas de cochonneries inutiles, qui ne sont là que pour s’en débarrasser, je pense (excédents laitiers à écouler !), faisant du consommateur une poubelle bien commode (il paye, ce couillon !) ; le chocolat noir bio ne contient que ce qui est indispensable pour faire du bon chocolat noir : pâte de cacao, sucre de canne complet, beurre de cacao, poudre de cacao, vanille. C’est tout.
            Notre santé est une question éminemment politique, tout est lié, et je pense que prendre soin de soi sans tenter de remettre en cause le système complètement fou dans lequel nous vivons est assez vain (et égoïste) Mais bon, c’est ma vision globale, ça 🙂

            « Pense aussi à faire faire un dosage de ta vitamine D, cela provoque à soi seul de la fatigue mentale!
            Je vois quand même un toubib homéopathe et micro-nutritionniste (en qui je n’ai guère plus confiance que dans les autres, pour des raisons que je ne développerai pas là) et il m’en a prescrit, ainsi qu’un certain nombre de choses, j’en prends donc, on verra. Pour le moment, les séances de kinésio me semblent efficaces (je vois des changements quand je sors de la séance), le traitement du toubib me laisse plus sceptique 🙁

            1. Je vous dois la suite de mes aventures sérotoniques… Donc suite à un diagnostique de fibromyalgie, je me suis retrouvée à étudier le sujet, et j’ai pu lire des études scientifiques qui convergeaient toutes vers un manque d’action de la sérotonine dans mon cerveau, une sorte de stock trop vite épuisé chaque jour, provoquant fatigue extrême, difficulté de concentration, sommeil impossible, hypersensibilité au froid, à la douleur, à la contraction musculaire, à la pression, tout un ensemble très invalidant au final. Je vous avais expliqué que j’ai suggéré à mon médecin, des inhibiteurs de recapture de la sérotonine neuronale l’obligeant à être utilisée pour réguler la douleur, le cycle veille-sommeil, l’endormissement. ces inhibiteurs de recapture, vous l’avez souligné, sont en fait utilisés comme anti-dépresseurs, mais à dose double.
              Je vous avais laissé, en attente d’arriver à me soigner, ce que j’ai fait, et je vous communique mes sensations:
              J’ai pris le traitement à dose réduite, pas loin de deux mois. Selon mes lectures l’expérimentation fait soupçonner que les neurones ainsi forcés à libérer la sérotonine, finissent, par rétrocontrôle, à remettre en fonctionnement la délivrance synaptique de cette sérotonine. Le système accidenté se régénère. J’ai voulu en avoir le cœur net, mes nuits de sommeil s’améliorant, j’ai stoppé le médicament, demi dose, puis arrêt complet, pour éviter le choc sérotonique.
              Au bout de quelques jours, mon sommeil était presque normal, mon hypersensibilité avait disparue, comme le restant de douleurs, j’ai fait tout de même un gros lumbago assorti d’une bonne sciatique durant une semaine, un peu comme si les douleurs ‘normales’ de ma vertèbre lombaire sans disque se vengeaient et retrouvaient une voie d’expression normale!. puis les douleurs se sont estompées, même en jardinant, bien que mon dos et moi nous fatiguions très vite, cela ne provoque plus les deux jours d’insomnie comme avant. L’effort physique plus soutenu, de même ne provoque plus ces insomnies totales.
              Pour moi, c’est un véritable étonnement, j’ai retrouvé un sommeil d’une traite, sans douleurs sans picotements, sensibilités à la pression, impossibilité de trouver une position. Comme je m’endors, je me réveille, et à y bien réfléchir, cette sensation d’ouvrir l’œil au rayon du soleil avec une sensation d’une nuit bien utile, je ne la connaissais plus depuis l’adolescence. La nuit, je réfléchis. Cela n’a pas changé, mais tout me semble plus fluide et n’occupe plus mes insomnies.
              Je dois faire attention. le tryptophane alimentaire est la seule source de sérotonine de l’organisme, et seulement un pour cent de ce tryptophane sert à synthétiser la sérotonine du cerveau. Je dois surveiller mon alimentation: Certaines protéines entrent par priorité sur le tryptophane dans le cerveau pour passer la barrière chimique, aussi, surtout pas de viande le soir, j’ai expérimenté, cela est exact, le sommeil est lent à venir. Si je combine exercice physique et viande, cela va jusqu’à l’insomnie. Le sucre modifie aussi la synthèse de sérotonine, mais cela se passe comme si le stock de sérotonine était limité, et les signes de pénurie montrent que je n’ai pas une quantité bien élevée de sérotonine. J’ai proposé à mon médecin de me prescrire une molécule qui est composée de tryptophane: Refus, alors qu’aux USA, c’est un complément alimentaire vendu sur le net.
              Je vais tenter de bien consommer des produits riches en tryptophane, à défaut de prendre le risque de commander sur Internet des produits peu sûrs.
              Au niveau mental, j’ai retrouvé de la dynamique, ce qui me pose les problèmes habituels: je pars dans tous les sens, met la journée à trente heures, autant dire que je ne peux pas tout faire, et que c’est frustrant. Je continue de fatiguer assez vite, mais à 54 ans, est-ce normal, Docteur?!
              Forcer la sérotonine avec ces antidépresseurs, n’est pas un fonctionnement normal, c’est en effet comme être bridé, étouffé. Je suis redevenue labile, libre, à l’aise, et qui plus est j’ai retrouvé un sommeil d’un trait, sur huit à neuf heures: C’est pour moi un énorme progrès qui me rend disponible ensuite le jour, (cette nuit est une exception!) pour travailler et réfléchir.
              Je retiens que la sérotonine chez moi, chez les femmes en général est en stock faible, et que nous sommes plus facilement exposées au manque de tryptophane. La sérotonine régule vraiment le sommeil et la douleur, je retiens cela aussi, et le manque de sérotonine dans le cerveau se fait sentir aussitôt, alors qu’il faut environ deux heures et demi pour que le tryptophane ingurgité se retrouve dans le sang. je retiens que je dois surveiller de près mon alimentation, qui doit être pauvre en protéines, constituer, le soir, des repas légers, sans viande, et au total facile à digérer. J’ai découvert aussi que la sérotonine a été identifiée comme principal régulateur, présent dans l’os, de l’ostéogenèse. La sérotonine est donc un régulateur essentiel de l’organisme, et un manque a des répercussions handicapantes à de nombreux niveaux.

      2. La douance, si je comprends bien, vous la définissez comme le résultat à une série de tests, qui rend des chiffres, et au delà d’un niveau de chiffre il y a douance. Il y a semble-t-il bien des résultats contradictoires, car plusieurs critères sont réunis pour définir la douance.
        Je prends la question par l’autre bout, je pars de la personne, de son fonctionnement neuronal, et j’observe son comportement, et sa façon de traiter les problèmes, et de les résoudre.
        Quand je dis que je suis ‘cerveau droit préférentiel’, ou ‘hémisphère droit’, je ne fais que reprendre des observations qui sont faites sur les ‘créatifs’ et je dis bien ‘préférentiel’. Ce sont des termes qui sont utilisés dans les cabinets de recrutement, à la suite de parutions de neurologie sur la façon dont certaines personnes résolvent un problème, en se servant de leurs zones spatiales préférentiellement, des fibres associatives interhémisphériques, et non pas seulement des zones logiques situées à gauche. Selon moi, il y a à creuser la question, car cela a visiblement des corrélations avec les zones de l’émotivité, surdéveloppées chez les ‘cerveaux droits’ (je n’aime pas le terme, mais comment le remplacer?!) .
        Certes, il semblerait que 20% de la population, plus masculine que féminine utilise préférentiellement l’hémisphère droit pour le raisonnement. Parmi ces personnes, seule une partie serait en situation de douance, selon que ces personnes se font tester. On sait que les femmes ont un faisceau interhémisphérique plus riche, une zone langagière plus précoce (les cerveaux droits féminins utilisent donc préférentiellement les deux hémisphères, dans un va et vient incessant entre le langage, et l’espace, dans leur raisonnement) . Mais on sait aussi que cela se travaille, par exemple les chauffeurs de taxi londoniens ont ces caractéristiques, car devant associer mots, noms de lieu, avec leur situation géographique, l’itinéraire. A moins que en fait ils ne soient chauffeurs que parce qu’ils avaient cette particularité intrinsèque!…
        Pour conclure, la douance se passe aisément de la prépondérance du cerveau droit, mais il existe une douance à type ‘cerveau droit’, qui existe bien, qui est très mal reconnue, avec des surdoués créatifs qui souffrent de leur réputation, de leur émotivité, et de leur inaptitude à un travail non motivé et régi par des règles fixées et rigides.
        Il existe au moins un forum qui traite de ce sujet, il faudrait que j’en retrouve la trace.

        1. Puis-je vous suggérer de consulter les billets qui relèvent de la catégorie « Sources » ? Ils vous donneront certainement des indications telles que vous les recherchez. Ces billets recensent les documents sur lesquels je me suis appuyée pour faire mes recherches.

        2. @Patricia,
          SVP, soyiez assurée qu’ici nous apprécions grandement toutes les sources scientifiques que vous pourrez nous offrir en appui de vos points de vue.
          Un grand merci d’avance.
          Chan

          1. Oui, c’est ce que je ferai. Je vais dans l’ordre lire ici tous les documents regroupés, et je proposerai ce qui peut être complémentaire ou piste originale de réflexion. Ma mauvaise organisation pour fournir les liens se déduit de la multiplicité des mes recherches sur le net, je vais y remédier.
            Merci de votre accueil.

        3. Je bous rejoins sur bien des points, et en particulier sur le fait qu’un test est insuffisant pour identifier un surdoué.
          En revanche, j’insiste sur un point : outre l’inné, l’acquis a son mot à dire dans l’expression de la douance. Les surdoués « cerveau droits » qui souffrent sont à mon sens ceux qui n’ont pas reçu les armes (ou appris la façon de s’en servir) pour affronter un monde calibré cerveau gauche (je vous renvoie aux Temps Modernes de Chaplin)

          1. Et pourtant, on peut supposer que les « cerveau droit » ont largement contribué à l’évolution de l’humanité depuis ses origines ? Est-ce à eux de s’armer pour affronter un monde calibré à l’envers, ou à l’humanité d’admettre un fonctionnement plus ouvert, plus humain ? Un « cerveau gauche » est-il heureux dans un monde tel que décrit dans Les Temps modernes de Chaplin ?

          2. Je suis d’accord, le monde est formaté dans le sens du productivisme, et peut être que ni l’absolu du cerveau gauche, ni l’imaginare du cerveau droit ne peut s’y retrouver, ce monde est basé sur ‘l’acceptance’, non sur la douance.
            Personne n’a le monopole de la souffrance. en vous découvrant sur ce site, j’ai reçu en pleine figure votre plainte, elle a été la mienne aussi, mais je pensais que je devais avoir été seule à jouer au vilain petit canard. Certes, je savais que les créatifs souffrent dans un monde qui exige régularité et rendement, mais cela faisait partie de mon histoire que de n’ avoir pas voulu entrer dans le ‘système’.
            Mais non, le problème est plus complexe. une douance, quelque soit sa particularité, est un fonctionnement du cerveau qui fait obligatoirement poser les questions essentielles de l’ existence, et nous mets en contradiction avec l’acceptance générale, nous renvoie à nous, un sentiment d’anormalité, d’esprit torturé, bien que nous nous sentions bien plus hauts, plus loin dans les débats courants.

          3. Je me suis adaptée au monde calibré et randomisé dit des ‘cerveaux droits’ ou des systémiques, (en majorité masculins, ça c’est mon point de vue personnel!) , mais la douance, c’est une minorité de la population, et peut être que la douance, qu’elle qu’elle soit, conduit à une solitude et une détresse, par le fait de fonctionner différemment. Il n’est pas certain non plus que la douance à droite existe plus qu’à gauche, Je m’intéresse de près à la richesse des fibres associatives entre les hémisphères. Je partais surtout du constat de la prédominance du raisonnement multi-entrées avec une sorte de survol de l’étendue des solutions, permettant des réponses créatives. En fait, je suis gauchère, et tout ce qui est spatial me convient. Pour autant, je pense que la douance, offre la capacité de s’adapter, par contre l’incompréhension de notre complexité isole, et finit par compliquer les relations inter-personnelles. Dans l’ordre, ce que j’aime, finalement, c’est y mettre l’interrogation qui va semer le doute sur les certitudes établies!

    2. @Patricia  » deux sortes de surdouances assez opposées, dont l’une peut paraître plus sombre que l’autre, car ne captant que difficilement la simplicité d’un sourire. » Quand il ne faut qu’un sourire pour illuminer la journée d’un surdoué heureux, il en faudra 10 pour celui qui déprime … jusqu’à ce qu’il comprenne une chose essentielle : Ce sentiment de la simplicité peut s’acquérir et s’amplifier. Mais au prix d’un travail sur soi courageux et REGULIER. Et c’est là que le bât blesse, fondamentalement, pour les surdoués: car si pour les personnes non surdouées, l’apprentissage d’un sujet passe la plupart du temps par l’effort, la construction pas à pas, le sentiment de s’accrocher pour y arriver, le surdoué a pris la (mauvaise) habitude d’aller vers ce qui lui est facile, abordable, ludique (et il y a pléthore de sujets pour lui … pas forcément dans les faits, mais dans l’idée) où il excelle ou excellerait. Le niveau d’excellence dont rêvent tous les surdoués, heureux ou non, et qui leur cause un si grand désarroi faute de l’atteindre la plupart du temps, ne peuvent pas faire l’économie de la régularité surtout et de la discipline aussi liés à l’apprentissage à voir et à faire simple. ça s’apprend. Bien des souffrances liées à la surdouance trouveraient un apaisement dans cette régularité je crois.

      1. Oui, je suis d’accord, j’ai avancé un de mes concepts personnels un peu rapidement, je m’en excuse. Mais ce cˆoté sombre que j’évoquais par rapport à la lecture des sourires et un parallèle avec les travaux de Simon Baron Cohen sur les ‘asperger intelligents’ (encore un terme abominable), variété de surdouance où l’on sait bien que le moindre sourire perçu par ces personnes, surdouées par ailleurs, nécessite la constitution d’une énorme bibliothèque de comportements adaptés, pour pouvoir répondre de bonne façon à ce sourire.
        J’aime d’ailleurs beaucoup votre description de la complexité des réponses.
        En opposition à cela je plaçais mon théorème d’une douance inverse, basée sur l’empathie, incapable par contre de se plier aux systèmes, donc aux chiffres?

  3. Je me sens libéré de ne plus prendre toute cette chimie, qui certes est utile pour éteindre l’incendie. Continuer à arroser une maison après en avoir éteint l’incendie empêchera de façon quasi certaine la reprise de l’incendie, mais cela empêchera de la rénover, de la retaper et de refaire sa décoration.
    Les chevaux sont maintenant lâchés, des centaines de mustangs qu’il faut canaliser. Pas simple. Avant mon burn out je les canaliser à force de coups de fouet, en les brutalisant. Ils se sont épuisés, sont tombés malades et ce fut mon burn-out. Les antidépresseurs les ont parqués dans un enclos, leur ont mis des oeillères et ils ont pu croire que ce serait leur nouvelle liberté, liberté contrainte au prix de ne pouvoir galoper à pleine vitesse, de ne pouvoir se déplacer au milieu des grands espaces magnifiques. Avec l’arrêt de l’antidépresseur, je leur ai enlevé les oeillères, ouvert l’enclos. Mais je dois les canaliser. C’est la première fois depuis toujours qu’ils sont libres et ils peuvent se blesser, car les grands espaces aussi beaux soient-ils sont parsemés de pièges dangereux.
    Comme il m’est parfois difficile de ne pas éprouver une … honte ? … face à des collègues qui ont progressé dans l’organisation, et qui me voient simple cadre technique, moi qui était à la tête d’un projet naguère qui m’avait apporté une certaine notoriété … C’était avant mon burn-out. Tourner la page est parfois difficile. Maintenant que j’ai arrêté l’antidépresseur je n’ai plus cette protection qui m’empêchait certes de ressentir pleinement, mais qui m’empêchait de partir dans une vrille dangereuse. Dur, très dur de tenir les chevaux par moments, éviter que dans leurs puissants galops il ne m’emportent non sans une frénésie partagée avec eux en haut de la falaise, sans savoir s’arrêter pour tomber (enfin) dans une chute mortelle.
    Je ne me suis senti jamais aussi libre que maintenant. Je ne me suis jamais senti aussi exposé que maintenant, comme le bernard-l’hermite qui n’a plus sa coquille.
    J’ai l’impression de m’être freiné, enferré toute ma vie jusqu’à maintenant. Je me suis peut-être nié toute ma vie jusqu’à ce que je découvre que je suis … différent et que cela a un nom , même s’il ce nom est moche, ou mal interprété car teinté dans la conscience collective d’orgueil, de prétention … et donc nié.

    1. Magnifique image, je vois ces paysages grandioses et ces chevaux splendides, merci 🙂
      La comparaison avec la maison incendiée est intéressante aussi, les pompiers font souvent plus de dégât que le feu, mais sans eux tout cramerait…

    2. @supernova,
      Bonjour et merci pour votre courageux témoignage.
      Je crois que ce sont lucidité et hypersensibilité qui font parfois de notre vie un enfer. Difficile de garder perspective avec de tels extrêmes.
      Peut-être une forme de méditation pourrait vous aider ? Pour moi, de longues marches dans la nature sauvent mon âme …
      Continuez à nous écrire, svp, Supernova car votre témoignage de surdoué qui s’apprivoise nous est important et inspirant .
      Courage et merci !
      Bien à vous,
      Chan

  4. En complément de mon commentaire précédent de ce jour : merci de votre indulgence si je suis maladroit dans mes posts récents: je me rends compte que j’écris comme je parle, c’est souvent lourd à lire et redondant. Je mets cela sur le désordre cognitif induit par l’arrêt de l’antidépresseur… 🙂 … 🙁 … Enfin, peut-être que vue la longueur de mes posts, personne ne lit, ce que je pourrais bien comprendre…

    1. Si si, moi je lis, et pourtant j’ai souvent du mal à lire quand c’est trop long 🙂
      Peut-être que je lis justement parce que c’est « parlé » ? Je suis toujours plus touchée par les témoignages vivants que par les discours théoriques.
      (et puis quand bien même personne ne lirait… n’est-ce pas d’écrire qui fait le plus de bien ? 🙂 mais je lis, sinon je ne commenterais pas)

  5. Je suis en cours de sevrage total de mon antidépresseur (de la duloxétine, qui est un ISRS et un ISRNA) depuis bientôt une semaine.
    J’ai commencé à ressentir les premiers effets de l’arrêt du médicament 2 jours après la dernière prise. Les effets indésirables de cet arrêt ont franchi un palier d’inconfort dans la journée de samedi dernier, le 2 novembre. Nausées, diarrhées, perte de l’appétit, pour ce qui concerne le domaine digestif. Ça encore, cela peut m’arranger car cela m’aide à perdre un peu de mon surpoids accumulé et bien installé depuis le début de mon burn-out.
    Là où cela commence à être gênant, c’est au niveau des courbatures, faiblesse musculaire, douleurs articulaires qui me donnent l’impression d’être grippé. Et puis, il y a ces vertiges, ces sensations de pulsations électriques dans le cerveau qui peuvent rayonner jusque au bout des mains. J’ai aussi l’impression d’avoir les sens exacerbés, je supporte donc très mal les odeurs comme le tabac, la mauvaise haleine, je n’aime plus le café je le trouve très amer, le bruit m’insupporte et accentue mes sensations de vertige, etc… Bref, le sevrage, ce n’est pas rigolo. Je me rends compte que même si la duloxétine n’est plus présente dans mon corps, j’ai rompu par cet arrêt un équilibre qui s’était établi dans la biochimie cérébrale. Combien de temps avant qu’un nouvel équilibre, naturel cette fois car sans cette foutue chimie médicamenteuse, ne se rétablisse ?
    Cela fait plusieurs mois que je souhaite arrêter l’antidépresseur. J’avais réussi il y a un an à stopper complètement (à la faveur de vacances de Toussaint comme cette année) les xanax (je prenais quand même 6 à 8 comprimés de xanax 0.5 par jour…) : cela avait été beaucoup plus simple finalement. Les médecins (psychiatres ou généralistes) que j’ai rencontrés sont prompts à prescrire de l’antidépresseur, mais une fois un équilibre acquis à la faveur d’un traitement prolongé, il n’y a plus personne pour vous aider à arrêter. « Ce n’est pas le bon moment pour arrêter. Et puis, les effets secondaires indésirables du traitement compensent largement les bienfaits apportés ». Mouais… Bon, d’autre part mon psychiatre ne reconnaît pas la douance (il fait partie de ceux qui ont l’image du surdoué qui a appris à lire tout seul avant la primaire, calculateur prodige etc …), et d’ailleurs je vais arrêter de le voir, car je continuais à le voir en espérant qu’il m’aiderait à stopper ce foutu médoc qu’il m’a prescrit il y a quelques années. Je pense qu’il ne sera pas ravi que j’aie pris cette initiative d’arrêt brutal. Mais pour moi un arrêt sur plusieurs semaines, voire mois, ça n’a pas de sens. C’est au cerveau de s’adapter. Ça passe ou ça casse. Pas la peine de faire durer la transition pour au final renoncer à stopper complètement. Bon sang, cela fait quand même des années que je prends des antidépresseurs !
    Je vais avoir peut-être un changement de personnalité, des troubles de l’humeur pendant cette phase transitoire que je traverse difficilement.
    Je veux être libre maintenant. J’en ai ras le bol de cette camisole chimique que personne ne veut m’aider à enlever. Je veux retrouver mon hypersensibilité, mes émotions fortes, mes larmes, mes rires, pour ce qu’il me reste à vivre. La différence avec avant le traitement, c’est que maintenant je sais pourquoi je suis tordu (enfin, j’espère si j’admets que je suis « surdoué »).
    Bref, j’expérimente. C’est un peu comme du base jump sans être sûr que le parachute aura le temps de s’ouvrir à temps. Youpi !

    1. Quel courage ! J’admire, sincèrement. Personnellement, je n’ai jamais voulu tenter de prendre ce genre de trucs, par peur de ne plus pouvoir en sortir, et vu comment j’avais réagi le peu que j’avais pris de temesta, quand j’avais vingt ans (un quart de comprimé avait fait de moi une zombie !)

      Cette expérience me rappelle ma seule expérience des urgences suite à un accident de vélo en pleine rue d’une grande ville : on m’a emmenée à l’hosto en ambulance toutes sirènes hurlantes alors que je n’avais visiblement rien de très grave et, après une bonne paire d’heures, quand la radio a révélé que je ne m’étais rien cassé, on m’a laissé littéralement abandonnée dans le hall, on m’a laissée rentrer chez moi seule, càd à pied, dans la nuit, alors que je ne savais même pas où était l’hosto par rapport à mon domicile…

      Peut-être que votre psy ne vous a pas aidé à arrêter parce qu’il ne sait pas comment faire parce que le fabricant n’a pas prévu ça ? Leur intérêt, à tous, est de faire de leurs clients des proies à vie, non ? Ok, je suis cynique, je sors…

      En tout cas vous avez raison de vouloir changer de psy : un psy qui ne reconnaît pas le haut potentiel et ne sait que vous droguer ne mérite pas votre argent ni votre temps.

      1. Merci tournevis. J’ai ri lorsque j’ai lu votre mésaventure aux urgences. Malgré l’aspect dramatique, il y a quelque chose de comique dans votre façon de l’évoquer. Et c’est finalement une métaphore qui témoigne que vous comprenez bien ce que je vis en ayant pris cette initiative d’arrêter. Cela me réconforte, merci encore.
        J’ai vu justement mon psychiatre hier soir. Il a bien réagi, finalement. Il m’a dit que pour maintenant, le sevrage physique était terminé et que reprendre la molécule ne serait pas bienvenu. Je suppose que devant ma volonté de ne pas en reprendre il ne pouvait que s’incliner et m’accompagner dans ma démarche.
        Ah au fait, il a été étonné par les symptômes que je lui ai évoqués (ceux que j’ai décrits dans mon post d’hier). D’où ma question : est-ce que le fonctionnement cérébral du surdoué (qui se voit avec les techniques modernes IRM et autres) n’entraînerait pas des réactions plus intenses, voire différentes à ce type de sevrage ?

          1. Je suppose, mais sans base scientifique car vraiment béotien en la matière, que les petites différences de mode de fonctionnement du cerveau chez le « surdoué » peuvent engendrer des symptômes plus marqués voire différents dans le cas d’un sevrage IRSS. Je suppose aussi qu’il ne doit pas y avoir d’étude scientifique sur ce cas particulier de sevrage chez un « surdoué » (encore faudrait-il qu’il y ait une reconnaissance scientifique de ce mode de fonctionnement différent).

            Aujourd’hui des symptômes gênants, il ne me reste plus que des vertiges faibles avec une sensation de décharge électrique dans la tête quand je dirige mes globes oculaires à gauche ou à droite (c’est marrant, non ? 🙂 ).
            Au niveau de l’humeur par contre, cela nécessite la plus grande vigilance de ma part. Je suis, en raison de cet arrêt, plutôt explosif. Certes mon fils HPI (qui aura bientôt 6 ans) empoisonne actuellement l’existence de ses parents. Lui qui peut être si gentil, si adorable, si prévenant, sait se montrer terrible avec ses parents, en cherchant à les pousser à bout… et il est fort, très fort aussi dans ce domaine.
            Ce que j’ai retrouvé également (et je l’ai déjà évoqué plus tôt car assez rapidement retrouvé suite à l’arrêt de l’antidépresseur), c’est ma sensibilité. Comme je suis sensible à la musique, eh bien, quand j’écoute de belles musiques cela me submerge de nouveau de tant d’émotions que j’en pleure. Idem quand je lis un texte qui me touche, ou quand je ressens la tendresse, etc…

            Au fond, c’est surtout pour retrouver ces émotions fortes, que j’ai voulu arrêter les antidépresseurs. J’avais l’impression d’avoir les émotions anesthésiées, et je ne supportais plus.
            Revers de la médaille, je dois maintenant apprendre à contrôler ce raz-de-marée émotionnel…

            1. « terrible avec ses parents, en cherchant à les pousser à bout… et il est fort, très fort aussi dans ce domaine. »
              Cas classique de l’enfant HP qui a besoin de vérifier que ses parents savent le protéger.. et plus ils sauront le lui montrer, plus il cherchera à faire tomber les barrières.
              Siaud Facchin l’explique assez bien.

              Tenez le choc supernova ! vous contribuez à le rassurer.. au moins un petit moment

          2. et il est très vraisemblable que l’enfant hpi sent que son papa n’est pas comme « d’habitude » et ça le trouble ? et/ou il cherche où sont les nouvelles limites ?

            en tout cas, welcome back, supernova, chez les hp vivants, au royaume des montagnes russes 🙂

          3. Je me demande si l’enfant hp ne « sait » pas, +/-, que ses parents ne sont pas infaillibles, ce qui l’angoisse, et il-elle cherche la limite, parce qu’à l’intérieur de cette limite, il-elle est en sécurité. J’ai encore, adulte, ce besoin de comprendre où sont les limites des gens. Une fois que je suis allée trop loin une fois, je suis rassurée parce que je sais jusqu’où je peux aller sans risque, et où ne plus aller (sauf si je veux faire mal, ça arrive de moins en moins heureusement, mais… bref…)

    2. Bonsoir et courage Supernova

      ne soyez pas trop sévère avec vous sur votre facon de vous exprimer.

      et soyez prudent avec votre sevrage, meme si vous etes vigilant sur tout

      quelques sautes d’humeur ce n’est pas génant, mais trop de difficultés doivent vous inciter à demander du soutien à des proches.

      et puis surtout attention à la conduite automobiles, il faut du temps pour se défaire de ces médicaments, qui meme s’ils sont nécessaires , n’en restent pas moins des drogues qui ont une influence.

      Bref tant que vous maitrisez : bien continuez, sinon pas la peine de souffrir plus que nécessaire, faites vous aider

      si vous mettez un peu plus de temps à vous sevrer dites vous bien que ce sera pour de bon cette fois ci.

      Cricri

      1. Merci Cricri pour votre bienveillance.
        Au sujet de la conduite automobile, si vous saviez comme j’ai été un zombie, alors que je prenais double dose de duloxétine (120 mg par jour) + 4 mg d’alprazolam par jour + somnifère genre noctran ! Fort heureusement, je n’ai eu des accrochages que tout seul (genre avec des plots de supermarché) à faible vitesse… mais je n’avais pas le choix, je devais aller bosser et donc prendre la voiture. J’étais alors au placard (quoi de plus « normal » après un burn-out et des mois d’arrêt maladie…) avec une personne très toxique pour moi (du genre aigri de la vie qui voyait en moi un cadre qui n’avait rien à faire de ses journées – il n’était pas cadre – et faisait de moi son bouc émissaire qu’il prenait un malin plaisir à … harceler ? persécuter ?…)

  6. Bonjour,

    Je partage un positionnement modéré vis-à-vis des antidépresseurs ISRS. Moi la paroxétine m’a permis de faire des expériences que je n’aurais pas pu faire sans son aide et finalement d’avancer dans la vie et de me « développer ».
    La souffrance comme passage obligatoire vers une vie meilleure c’est une vision que le trouve extrêmement « biblique » (même si je ne suis pas experte en théologie) et je trouve cela gênant. Non, toutes les souffrances ne sont pas justifiées.
    Il est vrai cependant qu’aujourd’hui je me demande « ce qui reste caché » derrière ce que je continue à prendre comme paroxétine et je n’oublie pas que l’objectif demeure de parvenir à vivre sans.

    1. Bonjour,

      Je suis d’accord avec vous Bonne-idée. Je suis encore sous Paroxétine, et je dois avouer que sans elle, moi aussi je n’aurai pas pu vivre ce que je ne vivais pas avant (angoisses sociales handicapantes entre autres). Je m’interroge sur le moment où je vais la réduire. Cela approche. Toute souffrance ne mérite pas d’être vécue, il y en a certaines qui n’apportent rien et qui parfois aigrissent. Ainsi, les antidépresseurs sont une bonne aide a priori. Bien sûr il ne faut pas en prescrire à tout va et à outrance.
      A ce propos, je vous conseille à tous le petit livre d’Alexandre Jollien, que j’admire dans sa démarche existentielle, et qui s’appelle Le Métier d’Homme. C’est une leçon de vie, il y évoque d’ailleurs la souffrance qu’il a vécue.

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