En parcourant le web, je suis il y a peu tombée sur cette « fleur » des émotions (présentée en anglais sur Wikipédia). Elle m’a immédiatement fait penser et réfléchir aux spécificités des surdoués…
A l’origine de cette fleur : Robert Plutchik , psychologue de l’université de Floride.
La théorie de Plutchik concernant les émotions est la suivante :
-  –  Le concept d’émotion est applicable à tous les animaux y compris les humains quelque soit le niveau d’évolution
-  –  Il y a une évolution des émotions et cette évolution varie suivant les différentes espèces
-  –  Les émotions jouent un rôle adaptatif en aidant les organismes à gérer des problématiques clés de survie générées par l’environnement
-  –  Même s’il y a différentes formes d’expression des émotions dans les différentes espèces, il n’en reste pas moins qu’il existe des éléments communs (ou modèles de base) qui peuvent être identifiés.
-  –  Il n’y a qu’un petite nombre d’émotions basiques (autrement appelées primaires ou protoptypes)
-  –  Toutes les autres émotions sont des états mixtes ou dérivés. Ceci signifie qu’elles sont des combinaisons, des mélanges d’émotions primaires.
-  –  Les émotions primaires sont des constructions hypothétiques ou des états idéalisés dont les propriétés et caractéristiques ne peuvent être induites que par des évidences.
-  –  Les émotions primaires peuvent être conceptualisées sous forme de paires ou d’opposé polaires.(joie / tristesse – colère / peur – confiance / dégoût – surprise / anticipation)
-  –  Toutes les émotions varient dans leur degré de similarité entre elles
-  –  Chaque émotion peut exister à des degrés différents d’intensité ou à des niveaus différents d’expression.
Plutchik a d’abord présenté les différentes émotions sous forme de diagramme,
… avant de le présenter dans sa forme « circomplexe » (la fleur) qui est la version développée du cône, mais qui fait apparaître des sentiments qui correspondent à des mélanges d’émotions : ainsi par exemple joie et acceptation sont les ingrédients de l’amour, répugnance et chagrin celui du remords…
Autant de combinaisons que connaissent bien les spécialistes du marketing et de la communication pour faire passer leurs messages…
Ici, en anglais, un article Wilkipedia qui entre dans le détail des émotions primaires et mixtes.
En découvrant cette fleur de Plutchik, je me suis interrogée : et si c’était là une bonne façon d’expliquer (de montrer !) ce qu’un surdoué hypersensible et intense peut ressentir ?
Là où quelqu’un qui est dans la norme a peur, un surdoué est pétrifié, là où certains expriment de l’intérêt, d’autres sont déjà en mode vigilance, quand certains se contentent d’être agacés, d’autres sont déjà en train de ruer dans les brancards, enragés…
Ce qui pourrait de ce fait plus facilement expliquer pourquoi certains sont taxés de bipolarité ?…
Mais qu’est-ce qu’une émotion ?
En fait, c’est une réponse automatique et immédiate de l’organisme à un stimulus. Elle associe trois dimensions conjointes : –      L’éprouvé psychique (le ressenti) –      Une dimension publique expressive (cf les performances des acteurs de cinéma muet) –      Une dimension viscérale corporelle (le ressenti viscéral prépare l’action, le retrait ou l’attente)
Toutes les théories sur le sujet ont pour point commun le rôle prépondérant de la mémoire dans la formation des émotions.
On distingue en effet des émotions de base (qui relèvent de l’inné) et des émotions secondaires (qui relèvent de l’acquis, c’est-à -dire par interaction avec l’environnement et qui participent du processus cognitif dont l’importance dans l’élaboration de l’émotion a été mis en évidence dans les années 60 et 70).
La cognition est l’ensemble des connaissances que le sujet a du monde et de lui-même et l’ensemble des processus qui permettent d’obtenir ces connaissances.
Un même événement n’aura donc pas forcément les mêmes conséquences sur deux personnes qui se sont construites différemment.
Les émotions se forment dans le système limbique, et plus particulièrement dans l’amygdale. Celle-ci enregistre les sensations (toutes les informations enregistrées par les sens), les intègre (avec l’aide de l’hippocampe qui produit des associations avec les informations stockées dans le cerveau) afin d’en dégager une signification (danger ?) et de provoquer une réaction, soit une « réponse biologique et comportementale ».
A noter : cette même réaction, en fonction de l’intensité de l’émotion ressentie, est susceptible de s’imprimer en mémoire.
 Si vous avez envie d’en savoir un peu plus sur les émotions : – ce cours de psychologie des émotions de Bichat-Lariboisière dont j’ai extrait quelques points dans ce billet (et en particulier page 7 une explication plus complète du processus de formation et d’expression de l’émotion sous forme de tableau). – Et bien sûr, pensez à visiter le très précieux site de l’université Mc Gill au chapitre : Que d’émotions ! (vous noterez en haut de la page deux carrés : l’un à gauche permet de choisir votre niveau : débutant, intermédiaire ou avancé; le second, à droite, permet d’aborder les émotions sous un angle particulier : psychologique, mécanique cérébrale…).
La réponse comportementale signifie un geste, une mimique.
La réponse biologique, c’est le déclenchement de manifestations corporelles incontrôlables, fonctions automatiques, non soumise au contrôle volontaire : respiration, digestion et activité cardio-vasculaire… (cœur qui accélère, transpiration, envie pressante d’uriner)
Cette réponse concerne le système nerveux neurovégétatif également appelé système viscéral mais aussi endocrinien.
… A lire ce qui précède, je ne peux m’empêcher de penser aux émotions que l’on peut ressentir quand on se construit en n’étant pas soi-même… (le fameux faux self – cf le billet relatif au PASS)
Je ne peux m’empêcher aussi de penser aux ravages causés par l’hypersensibilité ; et aussi à ces expressions populaires anciennes : « se ronger les sangs »/ « se faire du mauvais sang », « avoir les foies », « se mettre la rate au court-bouillon », « se bouffer le foie », « émotions mal digérées », qui « restent sur l’estomac » que valident des découvertes somme toute récentes …
D’où l’importance de l’intelligence émotionnelle…
En 1990, Peter Solvey et John Mayer proposent la définition suivante : l’intelligence émotionnelle est une habileté dans 5 domaines : conscience de ses propres émotions, gestion des émotions, motivation, empathie, gestion des relations.
S’il semble qu’il y ait des prédispositions innées, il apparaît que l’apprentissage permet de faire évoluer l’intelligence émotionnelle.
C’est en ça, certainement, que les thérapies en plein développement, telle que la méditation de pleine conscience (Mindfullness) ont le vent en poupe.
Pour le plaisir, le poème de Pearl Buck présent en page d’accueil de ce blog :
« Quel que soit son domaine de création, le véritable esprit créatif n’est rien d’autre que ça : une créature humaine née anormalement, inhumainement sensible.
Pour lui, un effleurement est un choc, un son est un bruit, une infortune est une tragédie, une joie devient extase, l ’ami un amoureux, l’amoureux est un dieu, et l’erreur est la fin de tout.
Ajoutez à cet organisme si cruellement délicat l’impérieuse nécessité de créer, créer, et encore créer au point que sans la possibilité de créer de la musique, de la poésie, des livres, des édifices, ou n’importe quoi d’autre qui ait du sens, il n’a plus de raison d’être. Il doit créer, il doit se vider de sa créativité.
Par on ne sait quelle étrange urgence intérieure, inconnue, il n’est pas vraiment vivant à moins qu’il ne soit en train de créer. »
Pearl Buck (1892 – 1973)
Bonjour,
Peut-être la connaissez vous déjà , je la découvre depuis peu, cette artiste ‘Art-Mella’, amène très justement par le biais de la BD à observer, connaître et accueillir les émotions.
Elle a publié  » Émotions : enquête et mode d’emploi » en 2 tomes ainsi que « Friandises philosophiques ».
Cela me paraît être un bon support pour travailler la gestion des émotions pour les enfants… et également un bon outils pour moi, que je tenais à partager avec vous.
Sur la honte alors, en effet complexe mais fondamentale à l’humanité, je recommande à tous les zèbres – et aux autres – le TED talk de Brene Brown : http://goo.gl/SaQrNt
Enjoy !
Introduit en classe lors de ma 2ème année d’enseignement, la rosace des émotions me permet d’avoir un feed-back sur l’évolution des sentiments des élèves au fil des semestres. Je leur demande de m’envoyer un mail avec 1 à 3 sentiments maxi, accompagnés d’un petit texte m’expliquant pourquoi. Çà ouvre la porte à des discussions intéressantes que nous n’aurions jamais pu avoir sinon. Pour cette 3ème année d’enseignement, en plus d’utiliser la rosace de Plutchik, je me suis fabriqué une seconde rosace avec 14 pages A4 plastifiées que je disposerai au sol en fin de chaque demi journée de formation, pour avoir un retour simple et rapide sur chaque séance et essayer de faire le lien entre le ressenti et les besoins satisfaits ou non satisfait qui sont à leur origine. Les items que j’ai sélectionnés sont : inquiet, dépassé, contrarié, déçu, dubitatif, rassuré, heureux, enthousiaste, optimiste, serein, indifférent, ennuyé, fatigué, autre… On va voir ce que ça donne !
Passionnant !
Quel âge ont les utilisateurs de cette rosace ?
Merci 🙂
Je donne des cours d’informatique dans une école professionnelle en Suisse. Mes élèves de première année avaient, dans la même classe, entre 15 et 22 ans.
Cette représentation graphique est très intéressante.
Je m’interroge depuis plusieurs jours sur une émotion qui manque : la puissante, troublante, intime sinon isolante et… humaine honte.
Il me semble qu’il mieux vaut la nommer plutôt que la laisser dans le non-dit.
Mais je ne lui trouve décidément pas de place dans la rosace, ou alors au centre du pétale du dégoût (qui, étrangement, est rose) entre remords et regrets ?
La honte est une émotion complexe – cf Wikipedia
Ce qui explique son absence de cette fleur.
Mais il apparaît effectivement que la honte est un élément fort chez de nombreuses personnalités surdouées….
Tout n’y est pas. Il manque un pétale pour la honte. Pas sûr que tous les animaux la connaissent, mais s’il s’agit de répertorier nos émotions humaines, ne laissons pas dans le non-dit une émotion aussi dérangeante, puissante et pénétrante que la honte.
Merci beaucoup pour cet article qui vient enrichir ma réflexion du moment, en pleine lecture du Dr Guegen  » pour une enfance heureuse ». Les connaissances en neurosciences eclaircissent petit a petit le diagnostic a tort et la case de bipolaire dans laquelle on veut m’enfermer alors qu’un profil autour de la douance, hypersensible semble être plus la raison de mes crises, dépressions et mauvaises réactions aux médicaments qu’on a voulu me vendre comme antidote…Mais difficile de se faire entendre comme hp ( haut potentiel) quand notre mal être nous a emmené jusqu’en hp ( hôpital psy ). Alors je me documente, je chemine a contre courant, et je vais faire une synthèse de cela pour qu’un jour je puisse être enfin entendu et accompagnée comme je devrait l’être…merci encore…
Suggérez aux médecins que vous rencontrez la très constructive lecture de « Misdiagnosis and Dual Diagnoses of Gifted Adults and Children »
écrit par un collectif de thérapeutes spécialisés.
Bonjour,
Chaque émotion nous permet de nous adapter à chaque situation que la vie nous donne. Quand une situation est terminée, cette émotion n’a plus lieu d’être, nous devons lâcher. Or nous avons une fâcheuse tendance à garder en mémoire au point de nous en rendre malade.
Cécile, cette rosace me perturbe beaucoup, mais je crois savoir pourquoi. Le mot soumission me gêne, je ne comprends pas ce qu’il fait là , et j’y lis tout ce que j’ai vécu dans une rencontre avec un pervers narcissique. Ce mot là , cette saleté de mot soumission qui n’avait jamais fait partie de mon vocabulaire avant cette rencontre qui ressort avec les autres (manque de) respect, désapprobation, remords, mépris, agressivité qui sont les constitutifs du PN et deux autres mots : amour et optimisme … tout y est, et décidémment cette fleur me dérange au plus haut point….