Introversion et créativité

Quelques mots pour réconforter ceux que l’on critique pour leur introversion. Pour que le décalage souvent ressenti puisse être un peu allégé.

 

En écoutant Susan Cain, quelques notes de musique se sont formées dans ma tête – bien qu’indistinctes, c’était à la musique de Hildegarde de Bingen que je pensais.
Une musique qui a fait l’objet de quelques adaptations, très intemporelles, ou très actuelles

En cherchant un peu plus loin, je suis tombée sur un documentaire consacré à Hildegarde de Bingen, qui chez moi a fait écho à la conférence de Susan Cain.
Je vous propose de l’écouter, quelles que soient vos convictions : écoutez au delà de ceux qui racontent; écoutez l’histoire d’une femme visiblement introvertie, créative aux multiples talents, inventant une langue (la Lingua Ignota), qui a régulièrement repoussé les limites de son temps, que ce soit en matière de composition musicale, de médecine, et de conventions sociales.
Connue et reconnue durant sa vie, oubliée pendant des siècles, et revenant à la conscience du grand public, de façon parfois très inattendue… « classique » ou carrément « rock »

16 thoughts on “Introversion et créativité

  1. to bully: harceler; au sens du plus fort dans la cour qui rackette les plus faibles, menace, cogne etc. A bully c’est ca, quelqu’un qui te tient par la trouille. To be bullied c’est etre victime de ça.

    un blog interessant sur l’introversion. Avec l’idée d’un « nobody », Oblomov, Bartleby, ou E. Tollé quand il parle de lâcher les couches de l’ego, encore dans la perspective de Dabrowski qui virerait kerouac plutôt que TED. Plutot tonique ( stop moaning), pas trop « developpement personnel ».
    http://lonerwolf.com/self-pity/

    1. Pour amateurs anglophones.
      Effectivement tonique… Mais quand même – je comprends le « stop moaning » (il faut effectivement bien reconnaître qu’il y a parfois un bénéfice secondaire à passer son temps à se morfondre dans la victimisation, et il est important d’en prendre conscience et de savoir dépasser cette étape… mais ce blog ne s’adresse qu’à ceux qui sont déjà arrivés à cette étape qu’ils peuvent franchir – d’autres ont encore besoin de panser leurs plaies).

      Je me suis amusée à arpenter les articles consacrés aux différentes étapes de la connaissance de soi, les thèmes de test, le retour à l’estime de soi… des tas de thèmes qui traitent des surdoués, jusques et y compris « Suicide, Créativité, Dépression et le Réconfort de la Solitude », et effectivement, toujours de façon tonique…. Merci l’affrée du logis ! Beau site de ressources !

      1. Bonsoir Cécile,

        je ne sais pas si ça parle des surdoués. Ce que j’y trouve de réconfortant, c’est de me dire que je ne suis sans doute pas précisément créative et que finalement, qu’est-ce que ça peut foutre? ce que je faisais ou était n’interessait pas papa, n’interessait pas mon mari, n’interesse finalement personne. La conclusion étant: Soit c’est que chacun ne s’interesse qu’à number one ( je suis une assez bonne écoutante semble t-il). Soit ma musique, mes écrits ne sont pas assez bons, donc, get back to work et te prends pas le chou. La question de la reconnaissance me semble le plus gros probleme. J’ai envié ( beurk ah la vilaine) des gens qui m’apparaissaient comme des  » doubles solaires », qui avaient réussi leur expression là où j’échouais, parce qu’ils avaient eu une maman attentive, des amis, des écoles pour les soutenir dans leurs projets. J’ai cru que ces gens là étaient proches et terriblement attendu celui qui partagerait la table de travail. Je m’interesse vraiment aux gens, à ce qu’ils font, j’ai du plaisir à les voir grandir, trouver leur « truc ». La depression a laissé des traces au niveau cognitif ( dyslexie, begaiement, incapacité à « gerer » … le fait que les yaourts soient vendus par douze, cette énormité). Au bout de cinquante ans, j’ai atteint la
        masse critique. La seule solution c’est de LAISSER TOMBER.
        Ne pas cracher dans la soupe, ne pas donner « les perles au cochons », comme dit Hillman
        http://www.amazon.fr/Trahison-autres-essais-James-Hillman/dp/2743618752/ref=sr_1_5?s=books&ie=UTF8&qid=1398274002&sr=1-5&keywords=james+hillman

        au sens où on finit par cracher sur nos élans sous pretexte qu’ils ont été bafoués mais juste laisser tomber.

        je ne retrouve plus le bouquin mais Roustang cite ici Wittgenstein, qui dit que quand on a cherché en vain des solutions, il n’y a plus qu’à s’asseoir.
        http://www.amazon.fr/Savoir-attendre-Pour-que-change/dp/2738120520/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1398274442&sr=1-1&keywords=roustang+fran%C3%A7ois

        A cinquante balais, finalement, la seule question c’est  » et maintenant, quoi? les plaies ne seront jamais pansées mais est-ce que tu veux vraiment continuer à gémir ou bien y a t-il autre chose à vivre?

        J’ai pas envie de faire chier mes proches, et j’ai pas envie non plus que des gens bien intentionnés me sortent »pour mon bien » de ma zone de confort. Au pretexte que je devrais avoir confiance en moi, au nom de mon bac plus des chiées, alors que je sais que je me trouverais bien de faire des ménages , seule.

        Est-ce que vous avez vu « l’étrange histoire de Benjamin Button »? C’est une adaptation assez « libre » de la nouvelle de Fitzgerald, assez hollywoodienne, mais ça marche, précisément parce que ça marche sur des poncifs, sur des choses » vraies », au niveau emotionnel. Il y a cette scene où il se reveille face aux montagnes de l’Himalaya. Le texte dit à peu près: Vas-y. Et si ça ne marche pas, recommence autre chose, quelque chose de neuf.
        La santé, c’est la capacité d’oubli.
        La douloureuse existence de Nietzsche, au cerveau bouffé par la syphilis est bien la preuve que les propos qu’on lui attribue ( ce qui ne me tue pas me rend plus fort) ne sont encore que des théories autocongratulatoires.

        Meme si c’est irrecevable au plus fort de la depression abrutissante, je crois que la seule isssue c’est laisse tomber. Quand ton diagramme /blason de dabrowski affiche zero partout. OK. Meme quand tu ne te leves plus, tu te leves quand meme pour pisser ou boire un verre d’eau. Et qu’est-ce que tu fais de ça? Ce qui est inquiétant là, c’est qu’il n’y a plus rien à quoi se raccrocher. C’est ça la liberté.

        Un bémol sur le site lonewolf, découvert il y a deux jours. J’y trouve de plans genre  » intro/extra/ambi » blabla. j’avais, comme tout le monde un peu marqué par Jung, fait ces tests qui m’affichaient comme « healer ». Sur des flopées de sites, les gens s’identifient selon les acronymes du Myers Briggs. Franchement, qu’est-ce qu’on en a à foutre? Sauf à être quelqu’un de tres « spécial » and does this get you laid or not. Et puis, rappeler que toutes sortes de « tests de personnalité » sont l’outil des DRH. Tu peux faire le job mais  » ah oui mais… ». Qu’est-ce qu’elles nous apportent ces étiquettes? Elles confirment notre « désirabilité/indésirabilité ». On n’en sort pas. DROP IT.

      2. « bénéfice secondaire à passer son temps à se morfondre dans la victimisation » cette expression me fait vraiment bondir ! Sans doute je l’interprète hâtivement mais je ne pense pas que quiconque se complaise dans la souffrance. Je redécouvre la CNV en ce moment et il y a vraiment des moyens de décrire les souffrances sans les accabler de jugements aussi négatifs, des moyens de les comprendre et du coup de les résoudre, aussi. Je ne peux que conseiller la lecture de Marshall Rosenberg, il y a des video sur internet aussi mais je ne les ai pas regardées.

  2. Bon, bah, ça été du d’aller jusqu’à la fin.

    Tout ce que je déteste ces « stars » du développement personnel, tous des anciens traders, avocat fiscaliste et j’en passe… Avec leur néologisme, leur lieux communs, leur méthodes à la c… avec des sigles, avec un point commun : devenir riche comme avant mais en faisant ce qu’ils aiment et avec les mêmes méthodes…. ça me fait penser au proverbe oriental cité par Gurdjieff (Tue seigneur, ceux qui ne sachant rien eux-même enseignent aux autres les chemins qu mènent aux portes de ton royaume).

    Donc, j’ai été jusqu’à la fin.

    Cette pauvre petite fille riche a vécu dans un milieu d’introvertis, fort bien. Mais l’introversion chez les surdoués qui tournent à la pathologie est avant tout un système de défense, pas du tout une rédemption.

    Ce qui d’ailleurs pousse un grand nombres d’entres-eux hyper talentueux… à ne rien faire car ils ne veulent pas s’exposer ou se soumettre à la critique en en ayant une trop mauvaise expérience.

    Donc j’incite plus souvent à devenir sociable et à s’exposer qu’à rester dans la zone de confort de l’introversion. Toute personne équilibrée est autour de 50/50. Les surdoués qui perdent la réalité avec le terre hormis dans certains cas extrêmes, ne sont pas très gagnant d’après mon expérience.

    Après c’est aux parents de fixer une ligne de conduite, de guider. Mes enfants seront surfer, musicien ou ce qu’il leur plaira. Mais hors de question qu’ils rentrent dans l’establishment avec un QI pareil, ce serait les envoyer au casse pipe… ou faire d’eux, des dangers pour les autres… Je trouve ça consternant que ses parents ne l’ai pas pousser à faire ce qu’elle voulait. Ce qui montre bien que le grand drame de sa vie n’a pas été fixé particulièrement par « les autres », mais plus par son incapacité à s’opposer et par le conformisme de ses parents. Les autres n’ont été que les révélateurs de ça. Les gens sont pas stupides, ils savent très bien quand vous ne faite pas parti de leur monde avec peu de conviction pour y rentrer…

  3. Trouvé ceci : La créativité, 18 choses que les personnes créatives font différemment des autres
    Elles rêvassent
    Elles observent tout ce qui est autour d’elles
    Elles travaillent aux heures qui les arrangent
    Elles prennent le temps d’être seules
    Elles contournent les obstacles de la vie
    Elles sont à la recherche de nouvelles expériences
    Elles « échouent »
    Elles posent les bonnes questions
    Elles observent les gens
    Elles prennent des risques
    Pour elles, tout devient une occasion de s’exprimer
    Elles réalisent leurs vraies passions
    Elles sortent de leur propre tête
    Elles perdent la notion du temps
    Elles s’entourent de beauté
    Elles relient les points
    Elles font bouger les choses
    Elles consacrent du temps à la méditation

    Article complet ici http://www.huffingtonpost.fr/2014/03/11/la-creativite-18-choses-gens-creatifs_n_4935621.html

    1. Seule chose que je n’arrive pas à faire dans cette liste : prendre le temps de la méditation. Bien que je connaisse la technique en elle-même.
      Je ne dois pas être bien créatif 🙂
      Merci de cette reprise d’article qui m’a bien interpellé à sa première lecture.

      1. Ben je croyais que je ne savais pas méditer et puis Léchalote a su me faire comprendre qu’on pouvait méditer en jardinant, par exemple, et je me suis rendue compte qu’en effet, quand je suis au jardin, sur une tâche un peu monotone comme le désherbage, ben je suis en état de méditation, en fait, je ne pense plus à grand chose et je reviens toujours apaisée de là-bas.
        Jean-Claude, peut-être as-tu aussi une activité qui te tient lieu de méditation à l’insu de ton plein gré ? 🙂

  4. Très chouette, et émouvant, cette vidéo de Susan Cain sur l’introversion, merci 🙂
    Je connais un peu Hildegarde de Bingen, une femme extraordinaire, je regarderai et écouterai plus tard les liens que tu nous proposes.

  5. Oui, la vidéo du Ted est intéressante et le témoignage de Cain poignant bien que sans grandes révélations.
    Pour moi, la question devient: pourquoi même retrouver ce sujet-témoignage dans la galerie TED, cette grande messe très show-off ? Simplement pour remplir l’agenda ou bien parcequ’il y a un problème plus réel que l’on essaie d’illustrer par un tel témoignage ?
    Si oui, lequel ? une société hyper-extravertie et voyeuristique autant qu’exhibitionniste qui ostracise et bullie les introverts que nous-sommes, en famille, à l’école, au travail ? cette maudite dynamique de groupe style clud med qui nous force à nous prostituer plus que de raison ? Au prix de notre santé mentale, notre identité ? notre créativité ? nous poussant sans cesse dans les derniers retranchements de la solitude pour simplement pouvoir en paix respirer un peu et ne plus suffoquer dans le bruit du monde et de ces foules hystériques ? Le simple droit d’exister avec notre double différence: introvertie et surdouéE ?
    Ou bien est-ce le manque déploré par une société qui ne sait plus comment trouver des gens réellement créatifs pour survivre, ne serait-ce que du point de vue économique ?
    Question de culpabilité , dans l’air du politiquement correct ?
    En fait, je ne vois pas vraiment le pourquoi de cette performance dans le cadre du TED, quand on connait bien leurs buts: rien de spécialement nouveau là, simplement la dénonciation très gentille et polie, un peu comme une façon de s’excuser pour ce que nous sommes !, d’un état de fait un peu déplorable: la mise à l’écart des introvertis au profit des extravertis. OK , so what, next ?

    Est-ce que quelqu’une a lu le bouquin de Cain et peut nous en parler ?

    Merci
    Chan

  6. Vision, 2009, le film de von Trotta consacré à Hildegarde est plus qu’excellent.
    Je vous conseille fortement de le visionner et de le re-visionner !
    Chan

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