–      Oh prenez donc ce siège, je vois que vous êtes si barite ! –      Merci !  vous êtes trop glodyte !
Vous connaissiez la pensée en arborescence… connaissez vous la pensée latérale ? Au quotidien, dès lors que vous êtes amateur de jeux de mots, il est vraisemblable que vous la pratiquez déjà la pensée latérale, car vous êtes déjà sorti de la pensée verticale, déjà sorti des conditionnements divers !
Ca vous parle ? Cette approche à l’envers par exemple ? ou de travers ? cette façon toute personnelle que vous avez de résoudre un problème en arrivant à la solution d’une façon à laquelle personne (autour de vous) n’avait pensé, et qui vous vaut regards admiratifs, narquois, foudroyants ou envieux ?
Théorisée dans les années 60 par Edward de Bono spécialiste maltais des sciences cognitives, popularisée très vite (elle est la base de tous les groupes de « brain storming » auxquels vous avez pu participer), la pensée latérale est une façon particulière de résoudre les problèmes. Ceux-ci sont approchés sous plusieurs angles au lieu de se concentrer sur une approche unique.
Voici un billet qui vous expliquera peut-être comment vous réfléchissez naturellement, vous que la « pensée verticale » n’inspire pas, rien qu’à la découvrir par son nom…
La pensée verticale ? C’est tout simplement poser un problème et valider étape après étape les hypothèses de réalisation de ce problème. Si ces hypothèses ne permettent pas de résoudre le problème, elles sont rejetées et oubliées.  La pensée verticale utilise beaucoup les objections suivantes :
- ce n’est pas comme ça
- ça ne marche pas
- ce n’est pas une nouvelle idée
- c’est trop cher
- c’est irréaliste
- c’est stupide
- on ne peut pas le faire parce que ça ne s’est jamais fait (ma préférée)
Mais la pensée latérale c’est quoi, dans de telles conditions ? (parce que vous vous êtes déjà certainement fait certaines de ces remarques alors même qu’on vous taxe de ne pas aborder les problèmes « comme tout le monde » ).
La pensée latérale, c’est « tout simplement » la capacité à penser hors du cadre, « outside the box ».
En fait, la pensée latérale laisse la place à l’imagination et aux solutions impossibles comme autant d’étapes qui permettent par recentrage progressif (convergence après la divergence) de trouver de nouvelles solutions parfaitement logiques (parce que réalisables) auxquelles on n’aurait pas pensé autrement.
Dans les faits sans pensée latérale peu de changement. C’est ce mode de pensée qui permet les ruptures technologiques.. et qui est d’ailleurs utilisé par bon nombre de géants industriels.
Edward de Bono suggère de ne pas hésiter à recourir à des « opérations de provocation » (Provocation Operation  = PO)
Pour vous donner quelques exemples, sur Wikipédia un résumé de la façon dont peuvent s’effectuer les opérations de provocation :
- exagération du problème
- inversion des objets considérés (« po, Les avions devraient pouvoir atterrir sur le dos »)
- opposition du problème (« Les usines devraient puiser l’eau en aval des rivières dans lesquelles elles puisent ». Cette idée ne nécessite pas de tremplin et est directement applicable, et appliquée dans certains pays)
- distorsion des faits
- détournement de l’usage (« po, Les voitures devraient avoir des roues carrées » : cet exemple est détaillé ci-dessous)
- l’utopie
- Technique de l’échappée, qui consiste à s’échapper volontairement de la piste principale (via les techniques citées ci-dessus par exemple)
- Le tirage aléatoire d’un mot du dictionnaire, servant de stimuli pour rebondir vers une autre voie de réflexion
Pour les lecteurs anglophones, voici une vidéo dans laquelle Edward de Bono parle de la pensée créative. Pour ceux qui ne maîtrisent pas la langue de Shakespeare, j’ai trouvé sur le site de l’Institut de la Gestion du Temps une traduction en français des moments les plus importants de cette vidéo. François Gamonnet qui en est le directeur fondateur a accepté que je reproduise ici cette traduction (qu’il en soit remercié – grâce à lui j’ai économisé forces et temps !)
La vidéo Edward De Bono : Expert de la pensée créative (Edward De Bono : Expert on creative thinking) aborde sept thèmes, que nous résumerons sous les titres suivants :
- Le cerveau humain, est-il temps de changer de logiciel?
- La pensée créative, résultat d’un effort conscient
- La relation entre la pensée et le progrès : un exemple
- Faire différemment, est-ce cela être créatif?
- La peur de l’erreur, frein important à la créativité
- La provocation, antidote à la pensée logique
- Penser hors des sentiers battus.
Le cerveau humain : est-il temps de changer de logiciel?
Edward de Bono, utilisant l’ordinateur comme analogie, mentionne que dans notre civilisation occidentale, le logiciel utilisé pour régir notre façon de penser, est encore grandement influencé par Socrate, Platon et Aristote, soit un logiciel de plus 2400 ans et qu’il serait temps de remettre en question nos façons de penser.
La pensée créative, résultat d’un effort conscientÂ
La pensée créative est une habilité et non pas uniquement un talent individuel. De ce fait, on peut déduire que toute personne faisant un effort en ce sens pourra démontrer des habilités couramment associées aux penseurs créatifs. Il serait faux de croire que la pensée créatrice n’est accessible qu’aux artistes ou qu’aux personnes prédisposées à ce mode de pensée.
La relation entre la pensée et le progrès : un exempleÂ
Preuve de l’importance de la pensée sur la capacité de l’individu, voire d’une nation à participer au progrès, de Bono cite un exemple qui relate qu’il y a 2000 ans, la Chine était très en avance par rapport à l’Occident, elle possédait déjà plusieurs technologies avancées pour l’époque, tel que des roquets, des fusils, et de la poudre à canon. Qu’est-il arrivé? Les penseurs chinois se sont mis à croire que l’on pouvait avancer de certitude en certitude. De ce fait, ils n’ont jamais développé un système de possibilités, c’est-à -dire développé des mécanismes mentaux utilisant l’hypothèse, la spéculation, l’imagination. Le progrès a donc cessé.
Faire différemment, est-cela être créatif?Â
Qu’est-ce qu’être créatif. De Bono apporte une réponse sans équivoque à cette question. Être créatif, c’est d’apporter des idées qui ont de la valeur. Contrairement à ce que plusieurs pensent, le fait d’être créatif n’a rien avoir avec le fait de faire différents des autres. Il affirme même que d’être différent pour être différent ce n’est pas être créatif. En fait, ce comportement participe à donner donner mauvaise réputation à la créativité. À l’aide d’un exemple, il illustre sa pensée : Si vous regardez une porte et vous dites que les portes sont généralement carrées, alors faisons une porte triangulaire. À moins que vous puissiez démontrer de la valeur dans cette modification, ce n’est pas de la créativité. C’est juste être différent, pour être différent.
La peur de l’erreur, frein important à la créativité
Un des aspects qui revient souvent lorsque l’on cherche à trouver les freins à la créativité, c’est la peur de l’erreur, la peur de se tromper. Edward de Bono, explique que les gens sont réticents à être créatifs de manière générale car le fait d’essayer une idée et de se tromper est généralement considéré comme étant une erreur. Il fait mention du fait qu’une des grosses lacunes du langage est l’absence d’un mot qui signifierait « un risque totalement justifié qui pour des raisons totalement hors de mon contrôle n’a pas réussi ». De fait, on est amené à recourir au mot «erreur» pour tout ce qui ne réussit pas. Le fait de faire des erreurs étant (très) mal perçu, on craint d’en commettre, d’autant plus que l’on croit souvent qu’elles peuvent entraver la capacité à obtenir des promotions, voir entacher une carrière.
La provocation, antidote à la pensée logique Edward de Bono explique que la provocation est l’un des principes fondamentaux de la pensée latérale, car elle est l’outil par lequel le penseur latéral obtiendra de nouvelles idées. Selon la manière habituelle de penser, soit la façon logique, on est astreint à dire des choses qui ont du sens, c’est-à -dire qui correspondent à notre expérience et à ce que l’on a dit précédemment. La provocation a pour principal bénéfice de permettre au penseur d’affirmer quelque chose qui trouvera sa raison d’être à posteriori. Sa capacité à remettre en question de façon instantanée un système de pensée s’avère un avantage important pour sortir des sentiers battus. Penser hors des sentiers battus Comme on le constate, la pensé latérale vise à permettre à la pensée de sortir des sentiers battus et ainsi trouver de nouvelles idées. « Think outside the box », c’est essentiellement penser hors de la pensée usuelle, c’est-à -dire être créatif. De Bono, illustre de la façon suivante le processus pour y parvenir. Au départ, notre pensée se situe à l’intérieur d’une boîte, boîte constituée de contraintes, d’attentes, de conceptions prédéterminées et de perceptions que nous utilisons lorsque nous pensons à l’intérieur de celle-ci. Le défi, lorsque l’on souhaite trouver de nouvelles idées est de penser à l’extérieur de cette boîte, de s’échapper de celle-ci en modifiant les différents paramètres de ces éléments. On vise à changer ses concepts, perceptions, contraintes, règles; on vise à penser hors des limites habituelles pour obtenir des idées qui n’auraient pu être évoquées si on était resté dans la boîte de la pensée usuelle.
Au final, attention à ne pas confondre pensée latérale et pensée parallèle ! Cette dernière est une méthode qui permet à plusieurs personnes en même temps d’évaluer une hypothèse sans confrontation. Alors que la pensée latérale permet la confrontation, mais en abordant en même temps différents points de vue sans censure. Car c’est la confrontation de ces points de vues divergents qui peut permettre la création d’une nouvelle idée.
Pour réfléchir plus loin, seul ou à plusieurs :
–      Le Jeu de « L » destiné à travailler sur la pensée stratégique –      3 spot game, le jeu de la justice sociale où si l’on veut gagner il faut veiller vraiment à ce que l’autre gagne aussi un peu. –      6 chapeaux pour penser, une méthode destinée à éviter la censure des idées  nouvelles ou inhabituelles et donc souvent dérangeantes
40 énigmes pour stimuler votre créativité
Creative puzzles
En anglais
Brain Food (tout un univers d’énigmes en tous genres dont certaines mathématiques)
Pour les écrivains tout particulièrement, ces cartes développées par Brian Eno et Peter Schmidt – Suivant les goûts (en anglais) : Cartes de stratégie oblique ou Cartes de stratégie oblique – Liste des Cartes de stratégie oblique en français
Je decouvre Les stratégies obliques d’Eno et Schmidt. Cela me donne l’envie d’explorer pour le simple plaisir de l’expérimentation. Je reviendrai pour en parler
Je pose ce post ici, ma question concernant un mot ressemblant 😉
Quid de la lateralité, d’un enfant ayant des problemes de lateralité?
C’etait le cas de ma fille, a l’age de 6 ans, lors d’un test, et je ne sais pas dans quelle mesure cela pouvait influencer ses resultats. Elle faisait tout a la façon d’un negatif photo, il semblerait, alors qu’au niveau scolaire, je n’ai jamais eu de remontée particulière a ce niveau de la part des profs.
Si quelqu’un a des infos a ce sujet, je suis preneuse.
Bonjour
La « latéralisation » de la pensée relevant du processus analogique, je ne peux hélas vous répondre sur les difficultés de latéralité, sauf à vous proposer la lecture du document suivant :
http://tpe-lateralisation-a-et-p.e-monsite.com/pages/iii-troubles-de-la-lateralisation/i-troubles-de-la-lateralite-1.html
Bonjour, je connaissais pas la pensée latérale. Je me surprends quelquefois à faire le contraire de ce que mon mental me dit et je ressens une fierté de l’avoir contredit. Je peux pas donné un exemple, c’est surtout à mon travail que j’agis comme çà . Est ce çà la pensée latéral ? Merci de votre réponse, je fais tout pour améliorer mon quotidient.
Bonjour Marianna
Difficile de vous répondre dès lors que ce processus vous est si personnel.
Simplement, si vous vous sentez bien (fluide) avec cette façon de penser, et si cette façon de penser vous réussit, là est peut-être le principal, non ?
Bonsoir,
Ne sachant ou poster ce questionnement, voilà ….
Il m’arrive souvent de parler en utilisant des mots ayant la meme consonance ou la meme rime.
Si je veux expliciter une idée par un autre mot, il me vient souvent un autre synonyme ayant la meme sonorité.
Bon, c’est très élégant c’est vrai, mais je ne cherchais pas spécialement ca, et c’est aussi pour ca que ca ne m’a pas sauté aux yeux immédiatement.
Disons que mon cerveau sélectionne plutôt des mots ayant une meme sonorité ou rime, lorsqu’ils font partie du meme champ de connaissance ou ont un sens proche.
C’est comme ca, je privilégiais une sonorité en plus du sens voisin du synonyme par rapport au mot initial.
J’avoue que c’est assez troublant , et je ne sais pas si les autres le remarquent ou pas (?). Espérant, au fond de moi, que c’est trop subtil pour qu’ils le remarquent….. Bizarre non, et douteux (j’en viens parfois à changer le mot qui me vient à l’esprit pour en trouver un autre qui n’aie pas la meme sonorité, par peur que cette bizarrerie ne soit pas remarquée).
Bon maintenant y a pire comme spécificité de fonctionnement. Y a peut etre que mon esprit tordu pour voir un truc pareil. Mais comme ca revient très souvent……
Je crois avoir entendu parler de synesthésie, mais je ne sais pas si ca peux s’appliquer à la spécificité de fonctionnement décrite ci-dessus.
Y a pas de quoi couper les cheveux en quatre non plus.
Sur ces réflexions, à bientôt…..Cricri
La synesthésie associe deux sens. Ici, je parlerai plutôt d’hyperéactivité « imaginationnelle ».
« on ne peut pas le faire parce que ça ne s’est jamais fait (ma préférée) »
Cette objection-là , qu’elle est courante ! LOL ! Je me souviens d’avoir résolu, quand j’étais en classé prépa, un petit problème d’arithmétique ludique, et d’avoir expliqué ma solution à mes condisciples. Réaction de la majorité : « Ta méthode n’est pas bonne, parce qu’elle résout ce problème-là mais n’est pas classique donc pas généralisable. » Seul le meilleur élève du lycée (et de loin) m’a dit modestement : « Ta méthode marche dans ce cas-là ? D’accord, très bien ».
Merci pour le nom d’Edward de Bono, que je ne connaissais pas, et sa belle idée de la provocation aidant à la pensée latérale.
La pensée créatrice est notre mode de pensé « naturel » mais par la suite « recadré » et « normalisé » par le système éducatif :
http://www.youtube.com/watch?v=e1LRrVYb8IE&feature=player_embedded%20?
la pensée créatrice est la promesse de beau « NO! »
😉