L’effet Flynn

Le talent est un mythe ! En travaillant durement  et en y passant des heures, n’importe quel enfant ordinaire peut avoir un « don ».

Et puis d’ailleurs, le niveau général monte avec tous ces ordinateurs et toute cette technologie… Et on s’occupe aussi mieux des enfants qui sont mieux entourés, mieux stimulés..

L’élévation du niveau moyen d’intelligence est une réalité. Elle a été constatée dans les années 1980 par un professeur néo-zéolandais : James Flynn.

Les enfants d’aujourd’hui apparaîtraient en effet plus intelligents que leurs pairs des années 1960, et plus encore du siècle dernier, si on leur faisait passer les tests de ces époques.

Flynn a quand même noté plusieurs paradoxes à cette trouvaille :

–       Le paradoxe de l’analyse factorielle : on dit souvent que le seul facteur “g” (le facteur de l’intelligence) est ce qui sous-tend les tests de QI. Or l’effet Flynn ne s’applique pas à toutes les sections du WISC et aux autres tests de la même façon : en matière d’intelligence, on devient plus malins sur certains points que sur d’autres.

–       Le paradoxe des jumeaux monozygotes : Des jumeaux élevés séparément tendent à avoir un niveau de QI très proche , ce qui met en lumière la très forte base génétique du QI. L’effet Flynn, au contraire, suggère que l’intelligence, telle que mesurée par le QI, est plus malléable et sensible à l’impact de l’environnement.

–       Le paradoxe de l’intelligence : l’effet Flynn suggère que notre intelligence progresse assez vite… ce qui n’est pas particulièrement évident en tous points…

–       Le paradoxe du retard mental : A QI base 100 aujourd’hui, ceci signifie que nos aïeux en 1900 auraient eu un QI moyen entre 50 et 70. Or un QI de 75 laisse supposer un retard mental.  Flynn résume joliment ce paradoxe :  ‘Soit les enfants d’aujourd’hui sont si brillants qu’on ne comprend pas pourquoi ils ne sont pas en train de nous faire tourner en bourrique – soit leurs grands-parents étaient tellement mornes et apathiques qu’il est quelque peu surprenant qu’ils aient été capable de faire tourner notre civilisation actuelle”.

L’effet Flynn a généré beaucoup de débats.
Entre autres, Ici, il est mentionné que deux chercheurs : Herrnstein et Murray objectent que l’effet Flynn ne peut s’observer sur la totalité de la courbe d’intelligence (la fameuse courbe en cloche). Elle concerne plus les intelligences situées sur la gauche de la courbe, chez ceux qui ont les moins grandes capacités intellectuelles. En d’autres termes, ce sont ceux avec le niveau de QI le plus bas chez qui on a noté une augmentation non négligeable de l’intelligence, comparativement à ceux qui sont dotés de niveaux élevés de QI.

Selon Flynn, la progression foudroyante du niveau d’intelligence aurait quand même tendance à stagner. D’une certaine façon heureusement, non ?  Car si j’en crois ce que je lis, l’intelligence aurait en moyenne 3 points par décennie. En 100 ans, ce seraient donc 30 points de QI gagnés, soit la probabilité d’avoir vraiment un grand nombre de très doués et de génies. Ce qui va, soyons en définitivement rassurés, bien à l’encontre de tous les discours catastrophistes sur le fait que « le niveau baisse ».

Teasdale and Owen ont observé cet effet de Flynn sur le Danemark et ils ont effectivement constaté ce ralentissement, voire cet arrêt. Si le niveau moyen d’intelligence a systématiquement augmenté depuis 1959 il semblerait qu’on soit arrivé à un plateau et même à un léger recul, puis que le niveau moyen d’intelligence constaté en 2004 se rapprochait de celui de 1990.

Francis Heylighen, pour sa part, veut s’arrêter à l’explication avancée par Flynn : ce n’est pas l’intelligence en soi qui a augmenté, mais plutôt « la capacité à résoudre des problèmes abstraits ».  Ce qui se vérifie par l’accélération de découverte scientifiques, d’innovations technologiques et de développements culturels en général.
Francis Heylighen note que ceci permet aussi de comprendre ce qui peut laisser penser que les personnes âgées perdent de l’intelligence avec l’âge : elles sont testées avec des tests des nouvelles générations, et non pas avec des tests qui correspondent à l’époque à laquelle elles sont nées.

Il note ainsi que la complexité croissante de la vie stimule la complexité de la pensée. L’utilisation grandissante d’ordinateurs pour la formation ou les jeux dès le plus jeune âge ne peut qu’accélérer l’acquisition de savoir,  le raisonnement abstrait et l’agilité intellectuelle. A contrario, il suffit de voir combien les personnes âgées sont dépassées par ces nouveaux outils du quotidien.

Au regard de tout ceci, je ne peux quand même m’empêcher de me dire que  le niveau d’intelligence n’est pas décidément une fin en soi, mais ne vaut plutôt que par ce qu’on en fait…

13 thoughts on “L’effet Flynn

  1. admin,

    C’est un sujet sensible, et dès que je cite ce genre d’étude, ou mes posts sont effacés, ou le sujet fermé, ou je me fais injurier. D’un point de vue socialiste, je comprends que ce n’est pas acceptable, car ces études tendent à justifier les inégalités, parce que ça fait raciste, surtout. Vous acceptez ces thèses, ça me surprend.

    Je suis d’accord sur le fait que le QI ne me paraît pas être une bonne mesure de l’intelligence, d’autres facteurs sont à prendre en compte. Ceci étant dit, ces auteurs parlent d’intelligence dans le sens où le QI détermine la « réussite scolaire » et « réussite professionnelle ». ça se confirme dans les études. Même si l’inverse n’est pas forcément vrai, réussite n’impliquant pas toujours QI élevé, c’est qu’en général, QI et réussite sont liés. Par exemple, j’ai lu des études qui montrent que la mobilité sociale des noirs est largement inférieure à celui des blancs. Peut-être le QI explique ceci ?
    J’ai également lu des études qui montrent que les criminels tendent à avoir un faible QI. Peut-être cela pourrait expliquer pourquoi les noirs sont sur-représentés dans les prisons ?
    Je n’ai pas d’avis définitif. Je continue à chercher. Mais ce que j’ai pu lire me laisse fortement penser que c’est malheureusement le cas. Les noirs sont pauvres et sur-représentés en prison à cause de leur QI peu élevé, les juifs (malgré le racisme permanent) et les chinois réussissent mieux que les blancs grâce encore une fois à leur QI élevé. Et le QI a une grande part héritable, donc non déterminée par l’environnement. Personne n’accepte l’idée d’un déterminisme.

    Si le sujet vous intéresse, j’ai écrit pas mal d’article sur le QI et la génétique (voir mon blog).

    1. Il est certain que je ne souhaite pas entrer dans des débats sans fin sur ce sujet car ce n’est pas l’esprit de ce blog.
      D’autant que l’approche des études que vous citez, et même ce que vous exprimez dans votre commentaire ne prend en compte qu’un seul point de vue : celui de notre société occidentale.
      Ce sont des approches incomplètes (et de ce fait dangereuses), même quand il s’agit de mobilité sociale (un seul point de vue est pris en compte … en tant que femme, je peux vous en parler !)
      A la différence de ce que vous avez lu, d’autres études estiment que près de 20% de la population carcérale américaine aurait un QI élevé.

  2. « Selon Flynn, la progression foudroyante du niveau d’intelligence aurait quand même tendance à stagner. D’une certaine façon heureusement, non ? Car si j’en crois ce que je lis, l’intelligence aurait en moyenne 3 points par décennie. En 100 ans, ce seraient donc 30 points de QI gagnés, soit la probabilité d’avoir vraiment un grand nombre de très doués et de génies. Ce qui va, soyons en définitivement rassurés, bien à l’encontre de tous les discours catastrophistes sur le fait que « le niveau baisse ». »

    Quelques commentaires :

    1. L’effet Flynn ne porte pas sur le facteur g. Il n’influe pas sur l’intelligence générale. Aucun intérêt donc.

    2. Si l’on en croit Gottfredson, l’écart de QI entre blancs et noirs ne s’est jamais resserré.
    http://www.udel.edu/educ/gottfredson/30years/Rushton-Jensen-reply-to-commentaries-on-30years.pdf

    Selon toute vraisemblance, il n’y aurait jamais eu d’augmentation de 3 points de QI par décennie depuis 50 ans.
    http://www.udel.edu/educ/gottfredson/30years/Rushton-Jensen30years.pdf
    Lire section 12 (p. 266-271) .

      1. Merci de cet enrichissement ?
        Je suis surpris de cette remarque. J’anticipais plutôt des insultes. Car les documents auxquels je me réfère proviennent de théoriciens héréditaristes, autrement dit, de psychologues qui pensent que le QI a une très grande part d’hérédité et que celui-ci détermine la réussite scolaire et professionnelle. En vérité, les études semblent effectivement démontrer qu’il existe une corrélation positive entre les deux.
        Ce ne sont pas des études communément acceptées par les environnementalistes étant donné que les héréditaristes posent l’argument que le faible QI des noirs est génétique, le QI élevé des juifs ashkénazes, génétique, celui des asiatiques, génétiques etc. Le QI, selon eux, c’est-à-dire celui mesuré par le facteur g, est quasiment immuable, car il serait le fruit de l’évolution des ‘espèces’ et de l’adaptation de celles-ci à l’environnement dans lequel ils ont évolué pendant des millénaires. Les asiatiques, les blancs, et les noirs, n’auraient pas partagé le même environnement durant tous ces siècles passés. C’est pourquoi ils n’auraient pas le même QI.
        Mais cet argument est catalogué « raciste » par ses détracteurs. Systématiquement. De fait, je ne crois pas que ce soit un point de vue « accepté » par ce blog, à moins que je me sois trompé ?

        1. Je l’ai déjà maintes fois mentionné et le redis : je ne suis pas une spécialiste, simplement quelqu’un qui souhaite transmettre des informations.
          Je l’ai également exprimé : considérer l’intelligence sous le seule angle de l’intelligence logico-mathématique ainsi que le fait un test de QI est insuffisant.
          Nos sociétés occidentales (toutes celles mentionnées dans la première étude que vous indiquez) sont confrontées aux limites de la prise en compte de cette seule intelligence logico-mathématique qui, de surcroît, cherche à résoudre des problèmes du passé, mais pas à être être créative.
          Pour parler de races, nos sociétés occidentales sont blanches, tandis que les sociétés non blanches sont fondées sur d’autres référentiels culturels que la seule intelligence logico-mathématique.
          En soi, la première étude ne fait que constater qu’à partir du moment où on étudie des sociétés aux référentiels différents avec un prisme qui ne concerne qu’une seule société, il y a de fortes chances que les résultats soient à l’avantage de cette seconde société.
          L’étude ne parle aussi que du passé (voire un lointain passé) – alors que Nibett se projette dans l’avenir, ainsi qu’il l’est mentionné en page 2.

          Dès lors, pourquoi vous injurier ?
          Parce que je mets à disposition des thèses contradictoires ? Même si ce sont des thèses avec lesquelles on peut ne pas être d’accord, elles pourront être très utiles à ceux qui veulent/peuvent dézinguer ces théories racistes et qui ne les connaissaient pas.
          Parce que je laisse arriver sur ce blog des thèses qui évoquent les différences entre les races ? C’est le risque à prendre – pour ma part, une vision des races vues sous l’angle de la culture d’une seule race ne tient pas.
          L’évolution du monde montre très clairement que les foyers de civilisation se sont déplacés à travers le monde (Afrique, Asie, Europe, Amérique, de nouveau Asie, d’ici quelques décennies ou siècles Afrique à nouveau…).
          Les « Blancs » n’ont pas le monopole de l’intelligence dans le temps, c’est une évidence.

        2. Une seule chose est sûre : c’est que les tests de QI sont basés sur la culture, qui de plus est, la culture occidentale. L’accès à une scolarisation normale est primordiale pour réussir ce genre de tests. Pour autant, celui qui n’a pas eu cette chance ne peut être taxé de QI faible…

          Je propose cet exemple :
          Je décide de vivre avec mes très jeunes enfants tels des gitans ou au fin fond d’une forêt. Mes enfants, qui pourtant on de très bons gènes, n’auront pas accès à la culture, et si, au bout de quelques années, ils sont réintroduits dans la société actuelle et qu’ils passent des tests, ils ne les réussiront pas ! Seront-ils « sous-doués » pour autant ? Non, ils n’ont juste pas été entraînés à ce genre de questions.

          Des études ont également été faites sur les jumeaux qui ont été séparés à la naissance : ils ont donc les mêmes gènes, mais pas le même environnement, notamment social.
          On a alors remarqué que les jumeaux qui avaient été élevés dans un milieu social favorisé qui poussait à l’accès à la culture et à la scolarisation avaient un plus fort QI que l’autre jumeau qui avait été élevé dans un environnement culturel faible.

          Attention donc aux « mauvaises » études qui ne prennent pas en compte toutes les variables, car il est facile de faire dire ce que l’on veut dans ce cas….

          1. je me souviens d’un article de Stephen Jay Gould, repris dans un de ses livres, je ne sais plus lequel, où il racontait qu’à une époque, les tests de QI américains comportaient des questions liées au base-ball : de ce fait, les femmes, qui s’intéressent moins au base-ball que les hommes, avaient nécessairement des scores inférieurs… quand ceci a été rectifié, on a bien dû convenir que les femmes étaient peut-être au moins aussi intelligentes que les hommes

            question subsidiaire : puisque les tests pour mesurer le « surdon » ne sont pas satisfaisants, pourquoi les surdoués n’en mettraient pas au point des qui prendraient en compte les différentes formes d’intelligence telles que décrites qqpart sur ce blog ?

          2. Des surdoués psychologues Cécile 😉

            Sans rire, il ne faut pas forcément penser en termes de tests, et en termes de mesure qui amène une notion de plus que et de moins que.
            La douance n’est pas qu’une question d’intelligence. C’est aussi certaines caractéristiques psychoaffectives.

            Cela rassure de pouvoir utiliser des méthodes fiables de mesure comme en médecine, mais c’est oublier que certaines personnes ne rentrent pas forcément dans toutes les cases prédictives et qu’il y a partout une part de subjectivité, même en médecine.

  3. Il me semble que dans le souci, dans le surdon, ce n’est pas tant la « quantité » d’intelligence qui importe mais bien le différentiel appréciable par rapport à un profil « normal », et ceci quand bien même le profil « normal » est devenu intrinsèquement « plus intelligent ».
    Donc non, même avec 30 points de QI de plus que nos ancêtres d’il y a 100 ans, il n’y a pas plus de génies et de surdoués…
    Par ailleurs, les critères de performance donnant lieu une évaluation par rapport à une population donnée se fait toujours dans un contexte socio-culturel donné, et les réponses attendues par rapport à ces critères de performances sont aussi à contextualiser…

  4. Bonjour,

    Là, je suis d’accord. L’intelligence dite « pure », à savoir le score du QI mesuré par les tests, ne vaut rien si l’on en fait rien. Et s’il n’est pas accompagné d’autres sortes d’intelligence ( humaine, émotionnelle, pourquoi pas spirituelle, etc… ), le potentiel ne sera pas porté au plus haut de ses capacités.
    Certains ont tendance à penser que, puisque vous avez été reconnu zèbre, vous savez tout sur tout. Tellement faux ! La réussite quoi qu’il arrive n’est pas une des carctéristiques d’une personne douée. Il faut aussi bosser, parce que le zèbre enfant, qui n’a jamais eu de problèmes pour comprendre plus vite que d’autres, va se retrouver confronter à un sacré souci sur le tard: il ne sait pas ce que signifie fournir un effort. Dur à apprendre !

    En attendant, la théorie de Flynn est très intéressante… à suivre…

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