L’intelligence de l’idiotie – Gilles Deleuze

France Culture propose en podcast un entretien entre Laure Adler et Jean Clet Martin qui est philosophe et ancien directeur de programme au Collège international de philosophie de Paris, enseignant en terminale.

L’entretien diffusé le 19 novembre 2012, porte sur Gilles Deleuze (Gilles Deleuze notre contemporain, 1° chapitre d’une série d’émissions qui en compte 5)

A mi-temps de l’entretien, JC Martin explique comment pour Deleuze, la philosophie est comme la littérature, saturée de personnages imaginaires, c’est à dire saturée de personnages qui ont leur vie propre.
Ainsi, Deleuze s’empare du personnage de l’idiot en littérature (Balzac, Flaubert) pour montrer qu’il y a des idiots philosophiques.

« Il y a une singularité du philosophe en ce qu’il est idiot, c’est-à-dire en ce qu’il est attentif à quelque chose qui n’est pas perceptible de manière immédiate, ce qui renvoie à un état particulier : l’étonnement.
L’idiot s’étonne devant des choses toutes simples, comme l’existence d’un arbre […] nous avons des réponses, bien sûr, mais l’Idiot, lui, n’en a pas
».

Deleuze, extrait du cours sur Spinoza du 2 décembre 1980 : « Faire l’idiot a toujours été une fonction de la philosophie […] L’idiot, c’est l’Homme de la lumière naturelle » [ par opposition à la lumière du savoir].

…. La prochaine fois qu’on vous demandera si vous êtes idiot(e), je vous propose de garder cette réflexion en tête 🙂

8 thoughts on “L’intelligence de l’idiotie – Gilles Deleuze

  1. Je ne peux pas m’empêcher de venir dans cette partie. Deleuze aborde effectivement magnifiquement le thème de l’idiot dans son cours sur Spinoza. Il parle également de l’exemple de Zenon sur un paradoxe, à savoir que la flèche ne peut pas atteindre sa cible, ni Achille rattraper la tortue. En gros, Zenon fait l’idiot. Et oh merveille ! il vient (bon là, je suis allée chercher dans un bouquin super intéressant pour les nuls en math comme moi, « le grand roman des maths » de Mickaël Launay) ainsi questionner la notion d’infini. Bon c’est un peu cours, mais je trouve génial de faire l’idiot en soulevant des paradoxes. C’est d’une certaine façon subversif et c’est bien venu.

  2. Les questions sont des réponses à notre étonnement.

    Je m’étonne de ne pas trouver de réponse aux questions extraordinaires que m’inspirent les réponses ordinaires.

    Le génie, c’est celui qui s’étonne de continuer à s’étonner de ses étonnements. Il y a du génie chez les grands idiots.

    Ce sur quoi l’idiot se heurte le plus, c’est sur les abrutis, car ceux-là ne s’étonnent plus de rien. Cela ne manque pas d’étonner l’idiot.

  3. L’idiot n’a pas de réponses, bien au contraire, il pose des questions, repousse ou replace l’horizon.
    Qu’est-ce que l’étonnement si ce n’est la capacité, consciente ou inconsciente, à laisser pleinement prise à l’interrogation, à l’interpellation née de la différence, du choc entre soi et l’altérité, quelle qu’elle soit (humain/objet/vision…) ?

    Il ne fait nul doute que le poète est un idiot caractérisé et volontaire.

  4. Pour me sentir moins idiote, ou en tout cas partager ces moments d’émerveillement, je les partage avec mes enfants. Du genre « oh regardez, là cette araignée en train de faire sa toile, c’est incroyable, non ? ». Au moins, eux, ils sont aussi ravis que moi et ne me regardent pas avec des yeux comme des billes parce que j’ai l’air d’avoir dit une ânerie.

  5. Oui, j’ai le sentiment de passer pour une idiote bien souvent…Tant pis, ça ne m’empechera pas de m’arréter brusquement devant un arbre ( ou un vol d’oiseaux, ou meme un reverbère s’il se trouve pris dans une lumière particulière),et de rester là- avec un sourire surement très niais sur le visage- saisie par la beauté d’un instant. Cela m’arrive très souvent, et tant pis pour les mauvaises langues, je suis heureuse de pouvoir capter ces petits instants magiques, pour moi ce sont les petits cadeaux de la vie, des secondes très intenses 😀

    1. Oui, tout pareil ! Vous parlez de « lumière particulière », il me semble que c’est cette lumière première, lumière d’avant-la-lumière. En la remarquant, vous remarquez (nous remarquons, ils remarquent) la fondation de l’existence ! Pas moins !

  6. Tiens, ça me fait penser à tou-te-s ces alterdoué-e-s qui se croient stupides parce qu’à l’école illes posaient toujours des questions, avaient plus de questions en tête que de réponses…

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