Un roman de Lenteric que je n’ai jamais lu, mais que je vais me dépêcher d’aller lire après avoir appris la sortie de son adaptation au cinéma.
Parcourant les sites d’Orange et de Wikipédia, je retiens les impressions qui suivent. D’abord et avant tout, c’est reparti pour un tour : les surdoués ne peuvent être que des génies. Et il faut utiliser les génies. On les utilise, on ne leur laisse pas le choix de vivre pour eux, ils sont obligés de vivre pour les autres. Vision productiviste et bien peu « Développement Durable » à mon sens.
Ca me renvoie à Kyle XY où s’opposent deux surdoués : l’un (la vision développement durable) que l’on laisse vivre, à qui on donne la possibilité d’explorer ses sentiments, son intériorité et ses pulsions qu’il apprend à maîtriser pour ne pas trop les montrer (forcément bonnes : c’est le héros, faut pas charrier quand même !) ; la seconde (la vision productiviste), poussée au bout de ses capacités exceptionnelles, manipulée sur la base de son besoin éperdu d’assimilation (c’est la méchante).
Je finis par poser cette question en forme de remarque :
– un surdoué est accepté quand il est porteur de linéarité
– un surdoué n’est pas accepté quand il est porteur de rupture
Toute société est homéostatique par définition (à la recherche constante de l’équilibre pour le bien-être de chacun). Ça peut se traduire de façon très concrète par « Surtout on ne change rien ! » ou « Surtout, pas de vagues ! » (NB : Une société fondée sur l’anarchie, sans règle aucune, il est clair que ça ne peut pas fonctionner – je renvoie ceux que ça intéresse à un roman peu connu de Jules Verne intitulé « Les Naufragés du Jonathan »)
Un surdoué est curieux, chercheur, créatif, inventif. Il est de ce fait aussi souvent contradicteur, râleur, opposant, contestataire, indépendant d’esprit…. Il est donc anti-homéostasie par définition. Il ne sait que vivre en déséquilibre, il ne sait que marcher.
Il ne pourra être pleinement lui-même que lorsqu’il y a problème, impasse, crise, et qu’il y a obligation de changer de façon de penser pour surmonter l’obstacle… mais ça n’arrive pas en permanence (et par certains côtés heureusement).
Pour moi, ceci éclaire d’un autre jour les travaux de Richard Florida qui annonce l’arrivée de la « Classe Créative », dans une société fondée sur la course à l’innovation et dans laquelle les talents sont particulièrement recherchés.
Mais… société qui se comporte linéairement, dans la droite ligne de son histoire depuis plus d’un siècle ? Ou société de rupture parce que tant de repères ont changé et qu’il faut aussi changer de façon de penser ?
Bon, enfin, toujours est-il que je m’en vais aller acheter ce livre et que j’irai voir le film.
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(Positionnez la souris sur le T-shirt pour un agrandissement de la photo)
Ca me fait penser à ce court article, écrit pour un dossier sur « l’art et la ville », dont la conclusion était la suivante :
« La création artistique est de plus en plus présente au cÅ“ur de la ville, et la culture apparaît comme un facteur clé de régénération urbaine. Cela interroge sur la fonction et les limites qui leur sont réellement assignées. Au-delà de la production d’imaginaire urbain ou de la valorisation institutionnelle et patrimoniale, jusqu’où, dans la conception même de la ville et de l’espace public, les différents acteurs concernés (urbanistes, aménageurs, politiques…) sont-ils prêts à prendre en compte l’intervention, par nature déstabilisatrice, de la création artistique ? »
C’est finalement un peu la même chose : on accepte et/ou on fait appel à l’intervention artistique ou culturelle dès lors qu’elle est au service d’un objectif et qu’elle reste dans le cadre, et qu’on peut l’instrumentaliser; mais dès lors qu’elle sort du cadre, qu’elle est en rupture, on ne l’accepte plus ou on la marginalise.
C’est pourtant l’essence même de l’artiste que de sortir ou d’inventer de nouveaux cadres, d’être en rupture. Tout comme « le surdoué ».