Parfums d’enfance : quand la mémoire joue des tours… l’asynchronie

La mémoire (stockage des informations à court ou long terme) joue un rôle central dans la formation des émotions, mais aussi de la créativité (traitement de l’information). Et c’est elle encore qui est à l’origine du décalage (asynchronie/dyssynchronie) ressentie par bon nombre de surdoués.

Ce sentiment de décalage commence très jeune et s’amplifie avec le temps, conduisant parfois à la rupture (dépression, suicide).

Stéphanie Tolan le rappelle : Les enfants surdoués sont sur des trajectoires hors normes et le resteront toute leur vie. Ils passent les étapes du développement selon une programmation qui leur est unique, qui les met en décalage avec le reste de la société et de ses attentes. De plus, ils peuvent même être en décalage interne, sur le plan des développements cognitif, social et émotionnel qui adoptent des rythmes parfois très différents.

C’est ainsi que le jeune surdoué peut avoir, selon les situations, plusieurs “âges” : 8 ans (son âge chronologique) quand il fait de la bicyclette – 12 ans quand il joue aux échecs – 15 ans quand il s’attaque à l’algèbre – 10 ans quand il étudie sa collection de fossiles …. et 2 ans quand il s’agit de partager son goûter avec sa petite soeur et qu’il s’y refuse.

Une telle variabilité dans les comportements et perceptions est très difficile à vivre pour les parents et pour le système scolaire… tout autant que pour l’enfant lui-même d’ailleurs. Il est difficile d’être en permanence adapté quand tout l’environnement ne se cale que sur l’âge chronologique.

Une psychologue américaine, Shulamit Widawski,  présente l’expérience du surdon sous forme d’une théorie dite « de l’entonnoir et du cylindre » , une métaphore, qui lui permet d’expliquer en quelques mots volontairement simples, les différences en termes d’intensité et de quantités qui existent quand un individu doit faire face à une expérience. L’entonnoir va représenter l’ouverture par laquelle passe l’expérience pour entrer dans la personnalité de quelqu’un.

Le cylindre représente l’âge, et, de fait, la capacité de process de chacun.

La taille de l’entonnoir de chacun détermine la rapidité avec laquelle l’exposition à une expérience est enfournée dans la phase de process.

De ce fait, plus l’entonnoir est large,  plus est importante et  intense l’expérience qui doit être traitée. Et plus le cylindre est petit, plus l’expérience qui y arrive ainsi déborde.

Shulamit Widawski  prend ainsi l’exemple suivant : 3 enfants de 8 ans sont assis côté-à-côte et regardent la comédie musicale « Le Violon sur le Toit ». Aucun d’entre eux ne bouge, tant ils sont concentrés sur le film et ce qui s’y passe.

Le premier apprécie la musique et les danses et sait suivre le fil de l’histoire.

Le second est très sensible aux éclairages et aux décors, il est impressionné par les chorégraphies de personnageset rit aux éclats quand un personnage, même secondaire, effectue quelque chose de surprenant et drôle.

Le troisième enfant est rivé à l’histoire qui est racontée, et ému aux larmes de ce que le père dise que sa fille est « morte » à ses yeux, parce qu’elle épouse quelqu’un d’une religion différente de la sienne.

Après l’émission, le premier enfant est heureux, prêt à aller déguster une glace avec ses copains.

Le deuxième enfant y est prêt aussi, à condition que les adultes parlent avec lui de la mise en scène de l’histoire.

Le troisième se sent submergé. Lui n’est pas du tout prêt à aller manger une glace en groupe, il n’est pas prêt à se sociabiliser. Le troisième enfant est rempli de pensées et d’émotions qui concernent la possibilité que les choix des gens puissent les éloigner à ce point de leur famille, et, comme si ce n’était déjà pas assez de se poser ce genre de question, se pose des questions sur la façon dont les familles font face aux changements induits par le temps et combien il y aura de changements dans une vie.

Pendant que le premier enfant a pris de ce film ce qui lui fallait pour passer à d’autres expériences – enfant facile, c’est un enfant normal ;

le second a pris plus, ayant encore quelques efforts à faire pour tout intégrer, mais prêt à passer à l’expérience suivante, malgré le fait qu’il sait qu’il aura du mal à parler de ses sujets d’intérêts avec d’autres enfants de son âge – enfant à besoins spécifiques, c’est l’enfant extraverti modérément surdoué ; pour lui, il faut s’assurer qu’autour de lui les adultes ne le critiqueront pas de ses intérêts différents de ceux de son âge, ne l’obligeront pas à rester avec ceux de son âge,  sinon cet enfant deviendra vite triste et accablé.

Le troisième est si troublé et submergé émotionnellement par ce qu’il a vu, qu’il lui faut tout bloquer pendant un certain temps pour s’en remettre, pour éviter d’être plus gravement perturbé, même par le fait d’aller prendre une glace ensemble – cet enfant est hautement ou profondément surdoué. Sa capacité à absorber n’importe quoi si intensément et si profondément, mais à avoir du mal à en parler et à le traiter est le fait d’un sur un million. Cet enfant apparaîtra comme introverti, mais cela signifie aussi que, même s‘il pouvait trouver un égal avec qui entrer en contact, il aurait d’abord besoin de tout un processus de maturation interne avant de pouvoir partager quoi que ce soit de ses pensées. Cet enfant est souvent accusé d’être trop sensible ; il lui sera aussi souvent reproché, tel que les autres le voient, d’être associable et immature, attitudes qui désorientent, voire mettent en colère.

Les personnes dans la norme prennent l’information, l’analysent et la synthétisent en une expérience proportionnelle à leur âge et à leurs capacités émotionnelles. Les surdoués peuvent prendre l’information à des niveaux qu’ils ne sont pas capables de maîtriser. Ils prennent de l’information, l’analysent et la synthétisent en une expérience qui est hors de proportion avec leur âge et leurs capacités émotionnelles.

C’est ceci qui est la base du développement asynchrone. C’est ainsi que le surdoué mûrit plus vite, sur certains points, et plus lentement sur d’autres. Dans leur domaine qui révèle leur surdon, ils peuvent être à des années-lumière de leurs pairs, alors qu’ils se traînent derrière eux dans d’autres domaines, en particulier pour tout ce qui concerne la gestion émotionnelle. Plus il y a accumulation d’expériences non digérées, plus lent est le développement émotionnel. De ce fait, pour la personne qui a accumulé trop d’expériences qu’elle n’a pu encore traiter, toute nouvelle expérience peut être perçue comme irritante, voire comme une attaque, à laquelle la personne réagit en conséquence.

Pour les parents et pour l’école, il serait plus simple que l’enfant soit normal en tout, excepté dans le domaine académique où on lui reconnaît le droit d’être en avance. Pour beaucoup d’éducateurs, d’ailleurs, il est rassurant de dire aux parents que leurs enfants surdoués sont avant tout des enfants, et qu’ils ont des besoins d’enfants comme tous les autres enfants, bien qu’ils soient en avance à l’école.

Pourtant, ce n’est pas le cas.

Bien sûr, comme tous les enfants, ils ont des besoins d’enfants (se nourrir, se former, apprendre, se structurer, explorer)… mais avec des différences cependant.

Un enfant qui lit avec voracité ne peut passer pour un enfant qui a simplement atteint certaines compétences avant les autres : sa vision de la vie, l’expérience qu’il en a est différente de celle des autres enfants de son âge. Lire augmente ses capacités cognitives plus rapidement que les autres; et en même temps l’expose à l’information, aux ressentis, aux pensées, réflexions et expériences de personnages de fiction, ainsi qu’à l’imagination et aux idées d’un écrivain adulte. Toutes ces acquisitions sont traitées et mettent en place un environnement favorable au traitement de nouvelles acquisitions.

On peut dire la même chose quant à l’acquisition précoce du langage, à partir du moment où le langage joue son rôle non seulement dans l’activation des habiletés cognitives, mais aussi dans l’organisation biologique du cerveau.

Un raisonnement abstrait précoce signifie également plus en termes de développement que la simple précocité. L’idée se retrouve dans les travaux expérimentaux de Jean-Claude Grubar, neuropsychologue et chercheur à Lille III. Selon lui, les enfants surdoués devraient être considérés comme inadaptés : ses recherches mettent en avant un développement cognitif paradoxal de l’enfant surdoué : il dispose d’un cerveau de nouveau-né pour sa capacité de recueil et de stockage des informations (la plasticité cérébrale), et de celui d’un adulte pour leur traitement. (cf l’étude CNRS sur les surdoués, – Chapitre 3)

Il note en contrepoint que les déficients mentaux (autres inadaptés) ont une plasticité cérébrale et traitement de l’information inférieures à la moyenne.

Grubar revoie également aux travaux d’Eysenck en 1982 sur les potentiels évoqués au niveau auditif permettent de conclure que la latence de traitement de l’information est corrélée inversement au QI. Il y a donc réduction du temps de latence dans la transmission auditive des informations chez les enfants précoces. Dans un même laps de temps, le cerveau d’un enfant surdoué recevrait donc davantage d’informations sensorielles. Cette hypersensibilité est associée à une immense capacité de concentration sur ce qui intéresse l’enfant.

Voici une présentation de la façon dont les informations sont stockées en mémoire à court terme, traitées par l’action, et pour partie installées en mémoire à long terme. (cliquer sur l’image pour avoir accès à la communication)

Le neuroscientifique Adrian de Groot a par ailleurs démontré le rôle de la mémoire à court terme chez un surdoué.

Les concepts de  « Surdon », et plus encore de « Haut Potentiel » trouvent peut être d’ailleurs leur explication dans le tableau qui suit.

Explication : quelqu’un qui a un QI de 140, a une mémoire (court terme comme long terme) deux fois plus importante que celui qui a un QI de 100 (cf pour quelques précisions sur le QI, les commentaires de Stéphanie Aubertin dans sa série de billets) .

C’est dans cette mémoire à court terme que se forme la créativité. Mais c’est aussi la mémoire qui gère les émotions… et c’est là que vient s’inscrire l’histoire de chacun, c’est ainsi que chaque situation peut-être vécue de façon constructive ou destructive, selon ses expériences passées. ..

C’est ainsi qu’un « Haut Potentiel » peut ne jamais se réaliser, qu’un « Surdoué » n’est plus en fait qu’un « (Ab)surdoué »… C’est là que se crée le malentendu entre ce que connaît (et attend) le grand public du surdon , et  la façon dont il est réellement vécu par son propriétaire.

Comme le font remarquer S Côte, M Duyme et JC Grubar dans leur ouvrage : “La précocité : de la mythologie à la génétique“, “c’est ainsi que ce qui peut permettre des acquisitions prodigieuses quand il y a envie d’apprendre, peut aussi devenir destructeur“.

C’est ce qui a sous-tendu le thème du colloque d’Eurotalent en 94: « les adultes, anciens enfants surdoués, accusent un taux de mortalité plus élevé, des tendances dépressives plus importantes, plus de troubles du sommeil, plus de risques d’usage de drogues et d’alcool, de suicide et de passages à l’acte délinquants, le risque étant statistiquement deux à trois fois supérieur à la moyenne de la population globale. »

Lynda Kreger Silverman dans ses écrits  le rappelle : les tests de QI ne peuvent en rien prédire qui aura du succès, mais ils donnent au moins une estimation minimale du degré de l’asynchronie de l’enfant, et donc de sa vulnérabilité.

Le terme asynchronie est ausi considéré différemment, signifiant, selon Howard Gardner qui l’a exprimé dans son livre “Creating Minds”(1993) les tensions générées par l’inadéquation qui existe entre l’adulte accompli dans son domaine professionnel et son développement individuel dans d’autres domaines Gardner émet l’hypothèse que peu ou trop d’asynchronie ne favorisera pas la créativité. L’utilisation de ce terme par Gardner l’abstrait ainsi de l’aspect psychologique de l’expérience intérieure et ne prend en compte que l’aspect extérieur, soit les apparences du succès.

C’est d’ailleurs l’une des conclusions de Barbara Kerr et  Sanford J. Cohn dans leur livre : Smart Boys: Talent, Manhood, and the Search for Meaning (« Garçons brillants : Talent, Masculinité et la quête du sens ») : Une étude menée sur des garçons, suivis depuis la maternelle, et qui étaient surdoués. Le surdon qui provoque la dyssynchronie explique pourquoi des hommes qui étaient considérés comme brillants n’ont pas pu accomplir leurs rêves, et avaient même des grandes difficultés dans leurs relations sociales.

Pour Stephanie Tolan, il est vital de se rappeler que le surdon (dans l’enfance et plus tard) est une réalité interne, un processus mental qui est hors normes. Le succès, aussi important qu’il soit, n’est que l’expression d’un processus mental. Le succès peut dépendre de la situation d’un individu, de ses relations sociales, de la capacité de faire face à des sujets dignes d’intérêts, qui éveillent sa curiosité et son intérêt; mais aussi de sa condition physique.

Le surdon ne dépend pas de ces variables. Qu’il trouve ou non son expression dans le succès ou dans une performance inhabituelle, la différence interne demeure. Cette différence interne inclut l’intensité émotionnelle, une lucidité inhabituelle et une grande tolérance à la complexité et au paradoxe, ainsi qu’un potentiel pour un développement moral extraordinaire.

Durant l’enfance, mais aussi plus tard, ces attributs intérieurs vont permettre le développement ou au contraire interférer dans de nombreuses tâches, dépendant de la façon dont, parmi tous les autres enfants, ils auront été reconnus, compris et guidés par les adultes.

L’enfant qui perçoit une compétition dans la cour de l’école comme étant de la violence gratuite et connecte cette perception de la violence à ce qu’il voit des guerres ethniques qui secouent la planète peut devenir dépressif et cynique quant au devenir de l’humanité. Il peut se replier sur lui-même et devenir amer, devenant asocial. … Ou bien il peut décider qu’il va tenter de comprendre les racines de ces conflits, vouant sa vie à travailler à établir la paix à travers le monde et à la diplomatie.

Un jeune adulte, capable de comprendre l’époustouflante complexité de l’univers peut se protéger de cette complexité dans la routine d’une vie quotidienne réglée au millimètre.. ou bien devenir un scientifique qui se consacre à la résolution de questions toujours nouvelles pour résoudre les mystères de l’univers.

Ces capacités mentales qui font le surdon peuvent ainsi conduire à la bizarrerie (voire la marginalité) ou à l’éminence, au quelconque comme au spectaculaire. Pour le surdoué, ils peuvent conduire à l’accomplissement et au succès; ou à la souffrance et à la confusion. Parfois, ils créent même un peu de tout ça à la fois.

Parmi ces adultes talentueux à qui on reconnaît des succès, il en est en effet qui vivent leur vie avec un inconfort permanent et harcelant à l’égard d’eux-mêmes. Tout comme leur environnement l’a fait quand ils étaient enfants, ils se focalisent sur ce qu’ils pourraient faire plutôt que sur ce qu’ils sont, parce que qu’ils sont mal à l’aise (ou ignorants) de ce qu’ils sont.

Le vainqueur d’un prix qui récompense le meilleur essai sur le réchauffement de la planète peut devenir un juriste brillant et reconnu dans le domaine de l’environnement. Mais il pourra quand même se culpabiliser pour l’intensité émotionnelle de ses réponses, tout comme il a été jadis, enfant, culpabilisé par sa famille et son environnement social. Ce faisant, il obèrera une part importante de l’énergie qui l’anime, et, partant, de sa créativité.

Si on comprenait dès l’enfance le surdon comme un aspect stable de la personnalité, la capacité d’un développement différent, il serait plus facile de comprendre et de soutenir l’enfant surdoué, plutôt que ses seuls résultats.

Ainsi compris et soutenu, l’enfant surdoué pourrait se développer, non seulement pour continuer ses études, gagner des prix, et se propulser dans la carrière qu’il choisit, mais aussi de se sentir à l’aise avec soi-même, et de se considérer comme une personne de valeur et devenir un adulte plus en paix avec lui-même (Voir sur ce sujet, les billets consacrés au Modèle de Formation de l’Identité du Surdoué d’Andrew Mahoney).

8 thoughts on “Parfums d’enfance : quand la mémoire joue des tours… l’asynchronie

  1. Article passionnant que je viens de découvrir. Ce site est réellement une mine d’or!
    “Alors que les émotions sont un élément-clé de l’apprentissage;…”
    Que faire quand les émotions, dans l’enfance, ont été oubliées, négligées, rejetées?
    Deux auteures américaines se sont penchées sur la question:
    Jasmin Lee Cori: The Emotional Absent Mother. Trad. fr.: Les méres absentes
    Jonice Webb: Running on Empty ( pas encore de traduction)
    Les 2 ont un site web…en anglais
    Autre élément à considérer

  2. Je trouve cet article particulièrement touchant et instructif. Il montre bien l’importance qu’il y a à bénéficier d’un Moi solide et apte à canaliser l’information perçue extérieurement et les associations et émotions spontanément générés intérieurement de façon à permettre une créativité utile et exploitable tout en évitant des débordements destructeurs.
    J’ose formuler ici le vœu que chaque enfant et adulte surdoué puisse trouver sur sa route les personnes et expériences qui lui permettront de se construire de façon suffisamment solide et souple pour permettre cet équilibre si délicat entre l’ouverture non réprimée aux perceptions et les associations, amplifications, émotions etc…
    C’est tout un art pour le sujet que de se tenir en mouvement et en équilibre entre ces deux moteurs qui peuvent le submerger: l’ouverture aux perceptions et le traitement et la génération des informations.
    Fermer la porte aux perceptions comme au traitement et à la génération de l’information est une solution létale pour le surdoué. Elle est parfois un petit peu nécessaire pour son adaptation, sa survie, externe.
    Inversement et complémentairement, être submergé est tout aussi létal pour lui. Savoir laisser filer l’excédent, accepter de prendre comme position de sujet un espace borné par le moyen et le créatif est un enjeu d’adaptation, de survie, interne.
    Il faut donc à la fois sortir de la pathologisation des traits du surdoué pour transformer ce qui apparaît comme défauts en qualités réelles et éprouvées, et continuer de bâtir un sens de soi solide, souple et actif qui refuse de se restreindre à vivre dans le désert de l’inhibition et du faux self et refuse, tout autant et dans le même temps, d’être broyé par les tempêtes qui l’habitent.
    Savoir se tenir en équilibre dans le monde en soi…
    L’exercice permet avec le temps de passer de la corde raide à la base assise sans que les deux mouvement moteurs évoqués ne disparaissent jamais.
    Bien assis, il est moyen de s’apprécier et de s’aimer.
    Je vous souhaite à toutes et tous le meilleur.

  3. les adultes, anciens enfants surdoués, accusent un taux de mortalité plus élevé
    Euh… est-ce que tout le monde n’a pas un risque de mourir un jour de 100% ? Pour que cette phrase ait du sens, il faudrait préciser, non ? Mortalité précoce ? De maladie ? D’accident ? De suicide ?
    On lit cette formulation un peu partout, maintenant, et elle ne cesse de me plonger dans des abîmes de perplexité.
    (perfectionniste, moi ? nooooon… :))

    1. Il y a plus que ca Tournevis, je pense.
      Il faut à la fois connaître et analyser en détail les chiffres et la méthodologie de travail qui ont permis la dîte recherche. Comprendre aussi, en sous-entendu bien sûr, les biais de dépard qui portent la recherche, car il y en a toujours, quoique certains en disent… Personne n’est naif ici au point de ne pas savoir que l’on peut, à loisir, faire dire aux chiffres ce que l’on veut leur faire dire…

      « les adultes, anciens enfants surdoués, accusent un taux de mortalité plus élevé »: ca, si je puis me permetttre, c’est le summum de l’abus en affirmation infondée, mal-fondée, étirée à la limité de la désinformation, etc. Je n’ai jamais lu, pour ma part, en plus de 5 ans de recherche dans la littérature américaine ( la plus exhaustive dans ce domaine) une étude, validée scientifiquement par les pairs, prouvant un lien direct, et je dis bien direct, entre surdon et taux de mortalité plus élévé. Personne ne peut affirmer à ce jour que ce taux de mortalité plus élévé est essentiellement ie uniquement dû au surdon. Plus vraisenblablement il y a de multiples facteurs cf ”déterminants de santé” agissant comme catalystes possibles conduisant à un tel résultat: maladies physiques et psychiques, milieu familial et social adverses, sexe, race, etc…, système éducatif, milieu de travail, etc.
      Les lectrices et lecteurs qui écrivent sur ce blog, prouvent chaque fois, en relatant souvent en détail, leur expérience de vie, qu’il est impossible d’isoler ”surdon” de l’ensemble de son identité, de sa vie, de ses choix, croyances, etc. Ce serait un peu comme d’enlever son coeur de son corps et prétendre encore être fonctionel …

      my 2 cents,
      Chan

    2. Bonsoir,

      y a des statistiques qui disent que l’intelligence protège des maladies dégénératives et meme des maladies cardio vasculaire (meilleure hygiène de vie des surdoués)

      (JS Facchin : trop intelligent pour etre heureux, dernier chapitre…)

      Bon allez ca redonne le moral : tout ca pour dire que rien n’est prouvé, pas sur que les surdoués vivent plus ou moins longtemps. je me poserai la question plus avant dans ……. 40 ans !

      pour l’instant le crise est bien assez déprimante alors…..

      Cricri (qui ne vit qu’au jour le jour pour l’instant)

      1. à Chan et Cricri : je ne parlais pas du fond de la phrase (càd si les surdoués meurent plus ou moins que les autres et de quoi et pourquoi), mais de sa forme : que veut dire en soi que certains groupes de personnes ont un taux de mortalité plus élevé, sans préciser par rapport à qui, ni à quelle tranche d’âge ou pendant quel laps de temps ? Que je sache, tout groupe de personnes, quelles qu’elles soient, est amené à avoir 100% de mortalité, il suffit d’attendre suffisamment longtemps, mais jusqu’à preuve du contraire tout être humain est mortel à 100%, non ?
        Je veux dire, surdoués ou pas, nous mourrons tous, la question peut être de savoir si nous mourrons plus jeunes ou plus vieux que les autres, et plus de telle maladie ou de telle autre, mais en soi, la phrase “les adultes accusent un taux de mortalité plus élevé” ne veut strictement rien dire.
        Par exemple, les hommes meurent statistiquement plus jeunes que les femmes, mais on ne peut pas écrire “les hommes meurent plus que les femmes”. Au final, les femmes meurent aussi, simplement un peu plus tard que les hommes.
        On retrouve cette tournure de phrase absurde fréquemment dans la presse pour toutes sortes de maladies ou causes de mortalité, c’est tout ce que je voulais souligner.
        Bon, ok, je sors 🙁

        (sinon, pour en revenir au fond, il y a des surdoués qui meurent jeunes, comme Jim Morrison, Mozart ou Pergolese, ou qui vivent très vieux, comme Léonard de Vinci, Monet ou Michel-Ange… mais je n’ai pas creusé la question, je m’en fiche un peu, à vrai dire, puisque de toutes façons je mourrai un jour, surdouée ou pas ; j’aurai juste consacré plus de temps que beaucoup d’autres à y penser)

  4. Par cet article je viens de découvrir “l’asynchronie” terme que je pourrais m’attribuer.
    Ce qui en est dit me parle beaucoup et met enfin une mot sur ce que j’appelle : “mes extrêmes”, extrêmes qui peuvent donc être à l’opposé mes rarement contradictoires. Je dis quelques fois que “je peux être” tout et sont “contraire”, terme que je remplacerai bien aujourd’hui par opposé, polyvalent, double. je peux être autant loquace que mutique, me sentir très sûr de moi et compétente dans des projets et en même temps incapable de me mettre en mouvement pour la réalisation, je reste en deçà de mes aptitudes le passage qui suit semble dire cela…
    “Ces capacités mentales qui font le surdon peuvent ainsi conduire à la bizarrerie (voire la marginalité) ou à l’éminence, au quelconque comme au spectaculaire. Pour le surdoué, ils peuvent conduire à l’accomplissement et au succès; ou à la souffrance et à la confusion. Parfois, ils créent même un peu de tout ça à la fois.”
    C’est un peu difficile à expliquer.
    Je me permet de reprendre quelques passages de qui m’ont particulièrement parlé même si je ne m’y retrouve pas totalement.

    “C’est ainsi qu’un « Haut Potentiel » peut ne jamais se réaliser, qu’un « Surdoué » n’est plus en fait qu’un « (Ab)surdoué »…”

    “les tests de QI ne peuvent en rien prédire qui aura du succès, mais ils donnent au moins une estimation minimale du degré de l’asynchronie de l’enfant, et donc de sa vulnérabilité.”

    “Le terme asynchronie est aussi considéré différemment, signifiant, selon Howard Gardner qui l’a exprimé dans son livre “Creating Minds”(1993) les tensions générées par l’inadéquation qui existe entre l’adulte accompli dans son domaine professionnel et son développement individuel dans d’autres domaines Gardner émet l’hypothèse que peu ou trop d’asynchronie ne favorisera pas la créativité. L’utilisation de ce terme par Gardner l’abstrait ainsi de l’aspect psychologique de l’expérience intérieure et ne prend en compte que l’aspect extérieur, soit les apparences du succès”.

    “Pour Stephanie Tolan, il est vital de se rappeler que le surdon (dans l’enfance et plus tard) est une réalité interne, un processus mental qui est hors normes. Le succès, aussi important qu’il soit, n’est que l’expression d’un processus mental. Le succès peut dépendre de la situation d’un individu, de ses relations sociales, de la capacité de faire face à des sujets dignes d’intérêts, qui éveillent sa curiosité et son intérêt; mais aussi de sa condition physique.

    J’aimerai aller plus loin dans la connaissance de ce sujet (ou sujet approché), et connaitre des livres qui en parlent par des auteurs qui font référence.

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