Prévenir la délinquance ?

Je m’étais promis en mettant en place ce blog, de dire mon coup de colère à l’égard de cette étude de l’INSERM parue en 2005 et qui m’inquiète depuis que j’en ai entendu parler : « Trouble des conduites chez l’enfant et l’adolescent » : étude de l’INSERM , Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM). (document à télécharger sur le site de la documentation française)

Il ne s’agit ni plus ni moins que de détecter, dès l’âge de 3 ou 4 ans les futurs délinquants.

En 2007, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) a heureusement noté que  » le rapport de l’INSERM tend à « confondre facteur de risque et causalité » et qu’il privilégie l’inné (facteurs génétiques, etc.) aux dépens de l’acquis (environnement social, culturel, éducatif, etc.). Le CCNE s’oppose à l’idée qu’il pourrait exister un lien prédictif entre les troubles du comportement du très jeune enfant et les conduites délinquantes à l’adolescence. Il souligne d’autre part les risques de stigmatisation que comporterait un tel dépistage. » (voir ici)

Un avant-projet de loi qui intégrait cette notion de dépistage précoce a été retiré en 2007.

Pourtant, à la fin de 2010, un rapport remis par JM Bockel reprend cette notion de dépistage précoce. (Rapport)

Bien sûr, mieux vaut prévenir que guérir !

… Mais quand même, pas au point de penser qu’il existe un « gène de la délinquance ! » Bien sûr, ce n’est pas écrit comme ça. Mais pourquoi penser les enfants en termes de futurs possibles délinquants à surveiller comme tels ? Pourquoi ne pas envisager tous les enfants comme pouvant posséder un vrai potentiel qu’il importe de ne pas gâcher ?

Pour moi, ce ne sont pas tant les enfants que les adultes qui les entourent qui sont à surveiller : pour l’exemple qu’ils donnent, pour les violences qu’ils font subir (verbales, psychologiques, physiques, de tous ordres).

Des professionnels se sont heureusement élevés contre cette vision sécuritaire de la turbulence enfantine (parmi tous, ce livre paru en 2009 « Nos enfants sous haute surveillance », rédigé par une psychanalyste et une neurobiologiste).

Les statistiques le montrent, les politiques le mettent en application : nous devenons une société de vieux, qui ne supportent plus les bruits, les mouvements, et donc, les petits enfants turbulents.

Les enfants ont besoin de repères, de calme, de quelques règles et de beaucoup d’amour et de bienveillance.
Dans des villes où il n’y a pas de lieux pour s’ébattre vraiment en liberté (et en toute sécurité); dans des sociétés aussi mouvantes et nomades où les repères changent en permanence, où tout peut arriver en permanence (du divorce de ses parents à la bombe dans le métro), où il y a tant de sollicitations en permanence (couleurs, sons, mouvements…); face à une tyranie du temps court qui conduit à mettre tout un chacun sous pression permanente et facilite les débordements d’agressivité, comment des enfants peuvent-ils se construire sans anxiété ?

Bien sûr, je fais un lien avec tout ce que j’ai pu identifier sur les surdoués.

L’irritabilité qui vient de la saturation des sens.
Le besoin permanent de réassurance.
L’anticipation anxieuse et la parano qui aboutissent à une mauvaise interprétation des actions des autres.
La créativité qui permet de fabriquer de magnifiques bêtises
L’hyperkynésie qui en facilite la fréquence.

Le manque de « nourrissement intellectuel » et/ou les railleries des éducateurs et professeurs qui viennent relayer les moqueries des autres enfants parce qu’un enfant surdoué ne fonctionne pas comme les autres.
En tous cas des violences qui conduisent à l’envie d’en finir par la révolte.

Et puis bien sûr, après les bêtises, la capacité à penser hors du cadre.

Autant de comportements pré-délinquants, donc ?

Je serais curieuse de savoir à quoi a ressemblé  la petite enfance de tous ceux qui ont soutenu les conclusions du rapport INSERM et du rapport Bockel sur le même sujet ?
Parmi eux, aucun diablotin, aucun enfant qui n’ait eu « le diable au corps », aucun petit démon ?

Et puis délinquance ?… Il faut s’entendre sur les mots.
ou bien chez les délinquants « certains sont plus égaux que d’autres » ?

Que disait Monsieur de la Fontaine, déjà  ? Ah oui…
« Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir
« …
Titre de la Fable : « Les animaux malades de la peste ».
Déjà, on y brossait le portrait d’un agneau délinquant…

Une phrase à méditer, enfin :
« Il est bien connu que la civilisation ne tend nullement à faire disparaitre la délinquance mais bien à la faire évoluer« . (Achille Dehel , Le poison au service du crime -1946)
Trouvé sur le site de Ptidico, sans pour autant par ailleurs arriver à en savoir plus sur ledit Dehel qui semblait être un spécialiste en « criminalistique »

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