Q.I. or not Q.I. ? L’identification du surdon (2 / 12) – Les théories de l’intelligence

Par Stéphanie Aubertin – Neuropsychologue.

Avant tout, il faut savoir qu’il n’existe pas de consensus sur ce qu’est l’intelligence, et par conséquent, pas de consensus sur la mesure de celle-ci. Il en résulte qu’il existe plusieurs théories de l’intelligence.
Cependant, s’il n’existe pas de consensus sur une définition exacte de l’intelligence, les chercheurs admettent tout de même ce point : l’intelligence est ce qui nous permet de nous adapter à notre environnement. En tant que psychologue cognitiviste, je dirai que c’est un peu le rôle des fonctions exécutives (voir billet suivant), mais il faut avouer que les fonctions exécutives sont un fourre-tout et incluent plusieurs capacités.
Les théories de l’intelligence ont évolué au fil du temps. D’une conception unitaire de l’intelligence, on envisage de plus en plus le fait que l’intelligence soit multiple.

1.    Conceptions unitaires de l’intelligence

1.1    Une seule intelligence : le facteur g

Les tests d’intelligence ont été créés en France par Binet en 1904 à la demande du ministère de l’Education qui souhaitait dépister les enfants déficients afin de les prendre en charge. Il a proposé à de nombreux enfants de tout âge de réaliser différents types de tâches. Binet a ensuite classé ces tâches en fonction de l’âge où elles étaient majoritairement réussies. Est alors née la notion d’âge mental. Ainsi un enfant peut avoir un âge mental supérieur à son âge réel s’il réussit des tâches que des enfants plus âgés réussissent; de même, il peut avoir un âge mental inférieur à son âge réel s’il ne réussit pas les tâches que d’autres enfants du même âge réussissent pourtant. Cela dit, un même retard n’a pas la même valeur en fonction de l’âge réel.
Exemple : un retard de 2 ans n’aura pas la même valeur pour un enfant qui a 3 ans d’âge réel (âge mental : 1 an) que pour un adolescent qui a 16 ans (âge mental : 14 ans).
Pour remédier à ce problème, Stern (1912) propose de pondérer l’âge mental sur l’âge chronologique de l’enfant. C’est ainsi que le Quotient Intellectuel est né (nous verrons plus tard que ce que l’on appelle aujourd’hui QI n’est pas un véritable Quotient). Un enfant qui a un âge mental de 12 ans et un âge chronologique de 10 ans (avance de 2 ans donc) a un quotient de 12/10 = 1,2. Terman, dans une adaptation américaine du test de Binet en 1916, multiplia ce quotient par 100 afin d’éviter les décimales (ce qui donne 120 dans l’exemple précédent).
Parallèlement aux recherches de terrain de Binet, Spearman (1904) propose une première théorie de l’intelligence. Selon Spearman, l’intelligence est générale. Pour en arriver à cette conclusion, il a réalisé des corrélations entre de nombreux résultats scolaires et a observé une corrélation positive, quoique variable, entre toutes les épreuves réalisées à l’école. Il a ainsi isolé un facteur commun qu’il a nommé “facteur g”. Cependant, en plus de ce facteur g, chaque tâche est composée d’un facteur spécifique selon un poids variable.

« g » est le facteur g,

« v » les variables observées dans les tâches,

et « s » le facteur spécifique à chaque variable.

Chaque variable est donc influencée par « g » et par « s ».
(source : Grégoire, 2009)

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Modèle de l’évaluation de l’intelligence (facteur g) de Spearman.

(source : Grégoire, 2009)

1.2    L’intelligence est composée de facteurs multiples indépendants

Thurstone (1931), via une analyse mathématique plus poussée (analyse factorielle multiple) sur ces corrélations ne trouve pas de facteur général, mais 7 facteurs indépendants : verbal, numérique, spatial, mémoire, induction, déduction et fluidité verbale. Il appela ces facteurs des aptitudes primaires (« Primary Mental Abilities »).

Le modèle des aptitudes primaires mentales de Thurstone :

(avec PMA = Primary Mental Abilities / Aptitudes primaires ; T = Task / Tâche).(source : Lautrey, 2006)

Modèle de l’évaluation des facteurs multiples de l’intelligence de Thurstone :
« V » est le acteur verbal, « N » le facteur numérique et « S » le facteur spatial.

(source : Grégoire, 2009)

1.3    Un facteur général ET des facteurs multiples

Contrairement à ce que pensait Thurstone, les facteurs correspondant aux aptitudes primaires sont corrélés entre eux. Pour cela, il faut faire une analyse factorielle de second ordre qui puisse rendre compte de la variance commune aux facteurs de 1er ordre.

Cette analyse factorielle de second ordre donne donc naissance à un modèle factoriel hiérarchique en 3 strates (Modèle Cattell-Horn-Carroll ou CHC) :
1/ une part de variance correspond à un facteur général;
2/ des parts de variance correspondent à des facteurs larges;
3/ des parts de variance spécifiques à une quarantaine de facteurs primaires.

Modèle CHC
(PMA = Primary Mental Abilities / Aptitudes Primaires; T = Task / Tâche)


(source : Lautrey (2006)

Les facteurs larges (strate II) ont été identifiés comme suit (caractéristiques empruntées à  Lautrey, 2006) :
•    Intelligence fluide (Gf) : raisonnement, opérations mentales contrôlées, résolution des problèmes nouveaux faisant peu appel aux connaissances
•    Intelligence cristallisée (Gc) : connaissance du langage, de l’information et d’une culture spécifique
•    Mémoire et apprentissage (Gm) : efficience de la mémoire à court terme et de la mémoire de travail
•    Représentation visuo-spatiale (Gv) : capacité à créer, mémoriser, retrouver et transformer des images visuelles
•    Représentation auditive (Ga) : capacité à analyser, manipuler et synthétiser des éléments sonores
•    Récupération en mémoire à long terme (Gr) : capacité à stocker de nouvelles informations  et à la récupérer sur du long terme
•    Rapidité cognitive (Gs) : capacité à effectuer de façon automatique et rapide des tâches faciles ou surapprises
•    Vitesse de traitement (Gt) : capacité à réagir ou à décider rapidement en réponse à des stimili simples

Les échelles de Wechsler (WAIS, WISC et WPPSI) sont basées sur le modèle CHC de l’intelligence. Cela dit, le débat sur le facteur g est toujours d’actualité et des théories plus récentes de l’intelligence proposent de la considérer comme multiple. C’est le cas de Gardner et de Sternberg.

2.    Conceptions pluralistes  de l’intelligence

2.1    Les 8 formes d’intelligence selon H. Gardner (1983-1996)

Gardner se fonde sur différents points qui remettent en cause le facteur g pour proposer une conception pluraliste de l’intelligence.
Ainsi, en partant du principe :
–    qu’il existe des créateurs géniaux mais dans un seul domaine,
–    qu’il existe des “idiots savants” ou “autistes géniaux” qui possèdent des capacités intellectuelles médiocres par ailleurs,
–    et que des lésions cérébrales précises n’affectent que l’intelligence d’un domaine précis,
il identifie plusieurs formes d’intelligence correspondant à 7 domaines différents : linguistique, logico-mathématique, spatiale, kinesthésique, musicale, inter-personnelle et intra-personnelle.

Néanmoins, comme le souligne Lautrey (2004) “l’indépendance de ces différentes formes d’intelligence est postulée plus que démontrée”. Il s’agit en effet d’une approche qualitative qui est difficilement compatible avec une approche psychométrique.

J’ajouterai que la conception de Gardner s’attache à décrire des contenus différents de l’intelligence et n’explique en rien les processus cognitifs sous-jacents.

2.2    La théorie triarchique de l’intelligence de Sternberg (1985-2003)

Contrairement à Gardner, Sternberg a travaillé tout autant sur l’élaboration d’une théorie de l’intelligence que sur l’évaluation de celle-ci. Il a ainsi étudié les analyses factorielles de différents protocoles et distingue 3 aspects dans le fonctionnement de l’intelligence :
•    L’aspect interne ou composantiel est relatif au fonctionnement des composantes du traitement de l’information qui sont mises en oeuvre lors de la résolution de problème.
•    L’aspect externe ou contextuel concerne quant à lui l’application pratique et concrète des composantes de l’aspect interne à un contexte environnemental donné.
•    Enfin, l’aspect expérientiel relie les deux premiers aspects.

Ces 3 aspects donnent lieu à 3 formes d’intelligence, respectivement : l’intelligence analytique, l’intelligence pratique et l’intelligence créative.
Ces trois formes d’intelligence sont en jeu chez tous les individus, mais en général, l’une d’elle est plus prégnante sur les deux autres.
Contrairement à Gardner qui s’est intéressé aux domaines de l’intelligence, Sternberg s’attache aux processus de celle-ci. Ces deux théories ne sont donc pas incompatibles mais complémentaires.

3.    Pour conclure… ou pas

A travers cette revue des différents modèles de l’intelligence, il est aisé de se rendre compte que la notion d’intelligence est encore très vague, et qu’en absence d’une théorie unifiée de l’intelligence, sa mesure par des tests ne peut être objective.
On en vient finalement à se demander ce qu’est l’intelligence ? Représente-t’elle une notion réelle ? Selon Sternberg « L’intelligence est un concept que nous avons inventé pour trouver une manière pratique d’évaluer, et éventuellement de classer, les personnes d’après leurs performances dans l’accomplissement de tâches ou dans des situations, qui sont valorisés par une culture ».
Quant à Lautrey (2007), il rappelle que la représentation de l’intelligence véhiculée par la notion de QI correspond aux conceptions spontanées de la population. Il précise qu’il n’est pas rare, dans l’histoire des sciences, que « les recherches s’appuient au départ sur des concepts du sens commun dont elles modifient ensuite la définition au fur et à mesure des réajustements qu’imposent les résultats expérimentaux ». Ainsi, les pionniers des recherches sur l’intelligence (Binet, Spearman…) se sont appuyés sur une représentation unidimensionnelle de l’intelligence qui était celle du sens commun de l’époque. Si les conceptions ont évolué, les chercheurs ne sont pas encore d’accord entre eux, et la notion d’unidimentionnalité de l’intelligence est restée intacte dans la population.

Dans le prochain billet, je mettrai en avant les caractéristiques cognitives, affectives et socio-émotionnelles des personnes à HP.

Bibliographie

Binet, A., Simon, T. (1905). Méthodes nouvelles pour le diagnostic du niveau intellectuel des anormaux. L’année Psychologique, 11, 191-244.

Gardner, H. (1983). Frames of Mind: The theory of multiple intelligences. New-York: Basic Books. (Traduction française: Formes de l’Intelligence. Paris : Odile Jacob, 1996)

Gardner, H. (1996). Les Intelligences Multiples. Paris : Retz.

Grégoire J. (2009) L’examen clinique de l’intelligence de l’enfant ; fondements et pratique du WISC-IV.  Belgique : Ed. Mardaga.
Lautrey, J. (2004). Introduction à L’état de la recherche sur les enfants dits « surdoués ». CNRS UMR 8605 – Université Paris 5
Lautrey, J. (2006). L’approche différentielle de l’intelligence. In Lautrey, J. (Ed.), Psychologie du développement et psychologie différentielle. Paris : PUF
Lautrey, J. (2007). Pour l’abandon du QI : les raisons du succès d’un concept dépassé. In M. Duru-Bellat & M. Fournier (Eds.), L’intelligence de l’enfant – l’empreinte du social. Auxerre : Editions Sciences Humaines.
Spearman, C.E. (1904). General intelligence objectively measured and determined. American Journal of Psychology, 15, 201-209.

Sternberg, R.J. (1985). Beyond IQ: A triarchic theory of intelligence. New-York: Cambridge University Press.

Sternberg, R.J. (2003). Construct validity of the theory of successful intelligence. In Sternberg, R.J. Lautrey, J. & T.I. Lubart (Eds.), Models of intelligence. International perspectives. Washington: APA Books.

Thurstone, L.L. (1931). Multiple factor analysis. Psychological Review, 38, 406-427.

12 thoughts on “Q.I. or not Q.I. ? L’identification du surdon (2 / 12) – Les théories de l’intelligence

  1. bonsoir à tous, c’est la 1ère fois que je m’exprime. J’ai 50 ans et après des errances psychiatriques et psychologiques où tout le monde m’a collé des diagnostics différents , je suis tombée sur le bouquin de siaud-facchin en 2012, pas moyen d’obtenir 1 rdv avec elle, j’ai été entendue par une de ses neuro psychologues qui m’a dit que je présentais toutes les caractéristiques HPI mais qu’elle ne pouvait pas me faire passer le bilan car du fait de mes traumatismes complexes( maltraitances répétitives) la structure avait dû être affectée et que le résultat ne serait pas significatif. 4 ans après, en souffrance absolue , j’ai pris rdv avec Mr Bak qui a dit qu’il fallait essayer quand même et ce, malgré de nombreuses dissynchronies, j’ai donc passé le bilan neuro-psychologique complet incluant le WAIS, j’ai rdv pour la restitution le 20 juillet mais je me sens très déprimée et en détresse car je pense que je me suis vautrée. Concernant la compétence verbale, la vitesse de traitement, et le balayage visuo-spatial, j’ai excellé, quant au calcul mental et la mémorisation des formes géométriques, on aurait dit une attardée mentale, donc très grande hétérogénéité. j’ai dit en conclusion à la neuro que tout ça m’avait déprimée car ma forme d’intelligence n’est pas évaluable.
    J’ai très peur de la restitution car je pense que le chiffre ne va pas être significatif, je suis complètement perdue et dénarcissisée, je ne sais pas ce que je vais devenir. Est-ce que l’un d’entre vous a déjà vécu cette angoisse? Et que deviennent ceux qui sont surdoués mais non reconnus par les tests? Merci de me répondre car angoissée et découragée.

    1. Bonsoir zébrette

      Qui n’a pas connu l’angoisse de la passation des tests…
      Et pire encore pour ceux qui, affectés par une dépression ou un handicap (« dys » et inhibition intellectuelle en font partie) et/ou plombés par des médicaments ont eu un résultat de test qui indiquait moins de 130.
      L’un des lecteurs de Talentdifferent a eu cette remarque extraordinaire de la part de la personne qui lui avait fait passer le test « si vous n’étiez pas dépressif, vous seriez surdoué » – à hurler de rire quant à l’ignorance de la personne qui faisait passer le test… si ce n’était pas terrible pour celui qui avait obtenu ce résultat.
      On prête à Binet d’avoir dit : « l’intelligence c’est ce que mesurent mes tests » – dit autrement : « réussir » au test = avoir plus de 130 indique juste qu’on a su passer les différents sub tests « comme il fallait ».
      Un test qui ne sait pas lire entre les lignes de la dépression qui ralentit le processus de penser, plombe la concentration et la mémoire, voire tout simplement la motivation pour passer le test.
      Un test qui ne sait pas ce que c’est que tous les handicaps en « dys-« , qui ne sait pas prendre en compte la surdité ou la cécité; qui est calculé sur la base d’un référentiel culturel qui n’est pas forcément celui de la personne qui le passe.
      Un test limité qui était au départ construit pour détecter les enfants qui avaient du mal à suivre à l’école, et qui devient le test de référence pour ceux qui sortent de la moyenne par le haut parce que tout va très bien pour eux.

      Si ce test ne vous estampille pas surdouée, alors que va t-il se passer ?
      Est-ce qu’alors vous allez devoir vous interdire de veiller à respecter vos besoins les plus intimes en matière d’intensité, d’hypersensibilité, d’empathie et de besoin de complexité.
      Est-ce que vous allez devoir vous interdire de ne pas penser comme tout le monde, d’aller chercher plus loin, que les autres, de diverger plus loin qu’eux.
      En un mot, est-ce que le résultat de ce test va vous obliger à vous conformer, parce que ce test, établi par des gens moyens, DIT ce qu’est la LOI ? Devez vous obéir à ce que peut induire un résultat de test qui dans les faits, est grossier ?
      Si vous faîtes une compétition de ski en ayant une cheville foulée et que vous abandonnez, est-ce que ça veut dire que vous êtes nulle en ski et qu’il faut vous interdire de remonter sur les planches ?
      Si vous faîtes de la natation synchronisée avec un rhume et n’arrivez pas à suivre le rythme lors d’une compétition, est-ce que ça veut dire que vous n’avez pas le droit de faire de la natation synchronisée ?
      Si vous avez une jambe plus courte que l’autre et qu’on vous demande de monter un escalier 4 à 4 au même rythme que ceux qui ont deux jambes de même longueur, est-ce que ça veut dire que vous êtes une incapable si vous n’y arrivez pas ?
      Dans les faits, c’est le regard de l’autre qu’il faut questionner, pas vous.
      .. Mais je sais combien le regard de l’autre peut être dur à supporter, surtout quand on ne s’aime pas, quand on a une si faible estime de soi…

      Au regard de votre âge, on peut raisonnablement supposer que les résultats de ce test ne sont pas destinés à plaider votre cause pour un saut de classe à l’école.
      … Seraient-ils destinés à aller convaincre un(e) thérapeute qu’il faut vous regarder différemment ?
      Si c’est le cas, je pense alors qu’il vaut mieux changer de thérapeute : si il/elle n’est pas sensibilisé(e) et pas en capacité de vous identifier / vous accepter dans votre mode de fonctionnement singulier, alors il/elle ne saura pas vous accompagner selon vos besoins (surtout que pour traiter les traumatismes quand on est surdoué, il faut comprendre l’importance de l’intensité du ressenti des traumatismes, il faut comprendre la puissance de la capacité à se dissocier pour surmonter ses traumatismes, au prix d’efforts qui ont un impact important sur votre personnalité , mais aussi et surtout, sur votre santé – comme tout le monde, mais plus encore, parce que vous êtes surdouée).

      Gardez en tête ce que vous a dit la neuropsychologue de Cogitoz’ : son jugement est le meilleur.
      .. Et n’hésitez pas à débriefer avec F. Bak qui vous a encouragé à passer le test. Lui aussi a compris votre fonctionnement singulier. La passation du test devrait affiner les points sur lesquels vous pourrez vous appuyer et mettre en lumière et expliquer les faiblesses.

      Rappelez vous : le plus important n’est pas d’être estampillée, c’est d’aller mieux.
      Apprendre à comprendre ce que sont vos besoins, les écouter, les accepter, c’est l’essentiel.
      Le résultat du test est secondaire..Mais suivant le résultat, c’est vrai, ça peut demander un travail de deuil : celui de ne pas être « comme tout le monde »
      Alors, la présence à vos côtés d’un thérapeute qui vous aidera à vous accepter dans votre singularité est primordiale.

      1. Bonsoir Cécile,

        Cette question de l’utilité du thérapeute est d’actualité pour moi. Ceci parce que 11 semaines après avoir été identifié, je redescends des jours de la découverte pour me rendre compte que les quelques freins que j’ai lâchés me font me retrouver face à des difficultés que j’avais mis de côté durant presque vingt ans en me forçant à une vie normale (travail, famille, enfants etc…). Gros retour du refoulé en somme.
        La psy qui m’a identifié me fait une offre d’accompagnement que je considère de près car je ressens que c’est quelqu’un d’une très grande qualité.
        Pourtant, je suis super en colère contre les psys. J’en ai vu, payés et usés durant des années. Je n’en rien tiré, rien du tout. Au mieux une accusation d’être un séducteur. Ce que je lis aujourd’hui presque étymologiquement comme un aveu d’impuissance. Du genre, vous ne rentrez pas dans les rails, vous résistez, vous essayez de me faire tourner en bourrique. Autant me dire clairement qu’ils ne me cernaient pas… Mieux, j’en ai acquis le dégout d’un métier qui me passionnait et auquel je voulais me former. Tout simplement parce que je me suis dit que rien n’est efficace dans ce domaine.
        Bon, passé ce cri de rage, la psy que j’ai rencontrée m’a confronté à ceci d’extraordinaire. Comme je suis très empathique, je ne vais pas dire que cela était chez elle ou moi (je me perds trop vite en étant comme une éponge résonnante). Je me suis senti uni comme trop rarement, l’esprit clair, les sentiments clairs, le corps apaisé et vivant. Cela m’a fort troublé car je n’ai que trop rarement ressenti cela encore face à un professionnel.
        Alors, qu’est-ce que les psys peuvent nous apporter? Je suis tenté de le rejeter en bloc et à me condamner à l’adaptation la moins souffrante possible et dieu sait que c’est parfois difficile, acrobatique, sur le fil du rasoir etc…si pas avec l’envie de disparaître plus ou moins définitivement par moments.
        Surtout qu’ici, comme j’ai tenté de l’exprimer j’ai ressenti une possible harmonie.
        Franchement, y a-t’il un peu de paix pour nous, un peu de sens, un bout de sol solide sur lequel se tenir, se lever et se donner?
        Affectueusement

        1. Bonjour @ Marc
          Voir plutôt bonsoir car ici â MacKay Harbour
          Il est 7h43 et en France 23h45.
          Nous avons , si cela peut te rassurer ou te conforter dans ton opinion , Marc, une certaine forme d’errance, transhumance et sommes passés entre les mains de divers psy…avec des fortunes diverses en terme d’écoute, de compréhension .
          J’aime bien ton expression de terme d’éponge résonnante qui meme si elle est antinomique ou antiphysiologique, correspond à deux capacités pas si orthogonalement opposées que cela car nous ne sommes pas des corps inertes comme une éponge ( à l’état d’objet commercial et utilitaire) en fait sur le plan analogique et vû ma passion de jeunesse pour tout ce qui était science , je pense maintenant plus â une image de couplage laser ou qd on excited une cavité résonnante avec la bonne fréquence on voit subitement surgir un rayonnement d’une intensité incroyable et d’une pureté hors d’un commun. J’imagine le bonheur des scientifiques qui ont réussi cette alchimie pour la première fois.

          Le gros problème de la prise en charge psychologique est que l’on s’adresse à la psyché des gens ( truisme) avec donc de façon alternative un émetteur et un récepteur qui ne s’expriment pas de la même façon (avec une certaine forme de rapport signal/ bruit) pouvant altérer le message, les mots n’ayant pas forcément la même signification pour tout le monde, et d’autre part , ce discours peut être explicité ou altèré par la théorie mise en oeuvre par le psychologue!
          Je pense là surtout aux versions psychanalytiques mais aussi aux versions trop simplistes de nombres de psychologues.
          Personnellement , je m’ enquière toujours des théories utilisées par le psychologue et lit un ou deux bouquins de référence sur le modus operandi de celui-ci .
          Déjà si la théorie sur le plan conceptuel me paraît non aboutie simpliste je passe mon chemin.
          Apres l’appréhension du professionnel que l’on a en face de soi est essentielle , je pense que tout le monde est d’accord sur ce plan la .
          Quelque part ouvrir sa psyché à autrui est un geste de confiance.
          L’objectif global d’une prise en charge psychologique est quelque part d’arriver à modifier son propre point de vue , pour sortit d’une situation de souffrance répétitive .
          Pour cela il faut arriver à modifier son ego , ses croyances parfois les impératifs auxquels on est soumis depuis la petite enfance( c’est les « je dois » , « il faut », la peur du regard des autres etc…)
          Lutter contre sa propre tendance au perfectionnisme surtout quand on est thqi avec des DYS , à savoir conceptualiser les risques d’erreurs récurrentes , comment limiter ce risque d’erreur et en même temps ne pas s’en vouloir quand cela arrive( savoir se câliner soi meme et prendre soin avec bienveillance de soi meme car on devient son propre Parent en devenant adulte dans la théorie transactionnelle qui pour moi est très interessante car servant de base solide pour s’interpréter)
          Apres personnellement pleins d’autre théories m’ont passionné et sans que j’aille voir pour autant un psy utilisant cette théorie que ce soit les théories de Palo Alto
          Bateson et Watslawick)
          On trouve actuellement des métathéories dites intégratives qui essayent de prendre le plus signifant des théories princeps , et qui sont peut être le plus susceptibles de faire avancer le schmilblick et de permettre aux patients de se sentir compris dans leur être , c’est à dire tout bêtement dans leur complexité!!!
          Voilà en résumé comme je fais moi pour essayer de m’améliorer personnellement!
          En tout si vous avez un bon feeling , Marc ,
          C’est peut être le moment de s’écouter!!!:-)
          Bonne nuit

    2. Surdoué ne veut pas dire exceller en tout!
      Il faut accepter mentalement de ne pas être performant partout!
      Voir l’interview de Gregoire….
      Un seul indice très nettement au dessus de la norme soit 135 pour certains et meme 125 pour d’autres suffit!
      Après il faut juste comprendre que l’hétérogénéité du fonctionnement cognitif correspond justement aux problème de la reconnaissance d’une surdouance cachée et donc encore non reconnue par les professionnels de santé en France.
      Amicalement
      Relisez bien le commentaire de Cécile
      Elle parle d’or
      Je vous recommande aussi le site précoce DYS et serein!

  2. C’est un peu embêtant le fait d’avoir pris les considérations conceptualistes de la société comme base d’étude de l’intelligence; mais on n’y peut rien car c’est ainsi que beaucoup de sciences ont evolué. J’espère qu’il aura une connection plus forte entre ces réflexions et les neurosciences (et en général avec tout ce que les sciences naturelles et exactes peuvent contribuer)

  3. ô grand esprit de l’escalier, me revoilà…

    et quid de l’intelligence naturaliste ? « intelligence » à part entière ou simple combinaison de je-ne-sais quelles autres ? elle m’intéresse tout particulièrement, celle-là…
    en effet, tu parles des huit formes d’intelligences de Gardner mais n’en cites que sept

    pas trouvé (mais pas trop cherché) plus scientifique que ces sites qui ont le mérite de décrire en qqs mots :

    http://sites.cssmi.qc.ca/lmathieu/spip.php?article27
    http://www.soniafournier.com/intelligence/forme/index.php
    http://www.cs-renelevesque.qc.ca/recit/description_des_huit_types_d.html

  4. Merci Stéphanie
    C’est clair, fluide, logique, si intéressant et prometteur d’ouvertures que ça en devient délicieux…merci et vivement la suite

  5. Enfin une synthèse clairement rédigée,
    sur cette question, trop souvent abordée,
    avec une coupable, et indicible légèreté,
    car qu’est-ce vraiment qu’intelligérer ?

    Bien des approches, aujourd’hui dépassées,
    nous montrent combien grande est la difficulté,
    pour cette notion, d’être bien appréhendée !

    A Stéphanie,

    Jean-Louis, cet éternel givré,
    qui attend la suite avec impatience,

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