Q.I. or not Q.I. ? L’identification du surdon ( 3 / 12 ) – La diversité des caractéristiques des personnes à Haut Potentiel (HP)

Par Stéphanie Aubertin – Neuropsychologue.

Dans le précédent billet, j’ai exposé les différentes théories de l’intelligence. A la lumière de ce que l’on sait sur l’intelligence – c’est-à-dire pas grand-chose, au vu du débat qui court toujours – ce billet tente de cerner les caractéristiques des personnes à HP, que l’on dit intelligentes.

1.    Multiplicité des termes

Il existe de nombreux termes pour évoquer notre sujet. Le problème est que de tous temps, on a utilisé des termes suggérant une supériorité, impliquant un superlatif. On a ainsi d’abord parlé de génie, de prodige, puis de surdoué. On a ensuite employé des termes relatifs au don, au talent.
Avec l’arrivée des premiers tests d’intelligence, dont le but était de déterminer quels enfants étaient en retard ou en avance par rapport aux autres, on a employé le terme de précocité, avec la (bonne) volonté de faire oublier cette notion de supériorité.
Aujourd’hui, on parle de Haut Potentiel. L’adjectif « haut » continue à renvoyer l’image de supériorité, alors que le nom « potentiel » exprime bien qu’il s’agit de quelque chose en dormance mais qui peut se révéler, ou pas. Pour ma part, j’emploierai le terme de Haut Potentiel (HP), un peu plus neutre que les autres.
Le schéma ci-dessous emprunté au site anpeip.org montre bien la diversité des termes pour caractériser cette population.

Il est rare que dans une langue donnée une notion soit représentée par une telle diversité de termes. Ceci dénote,
–    d’une part le malentendu généré sur le quidam par des termes  qui impliquent une supériorité,
–    et d’autre part, la difficulté de caractériser une population dès lors que celle-ci s’écarte de la norme.

Voyons maintenant quelles sont les caractéristiques des surdoués. Comme vous allez le voir, elles ne sont pas restreintes à la seule notion d’intelligence (qui est abordée par les seules caractéristiques cognitives).

2.    Caractéristiques cognitives

De manière générale, ce qui caractérise les HP est un traitement de l’information sur-efficient.
Qu’est-ce que le traitement de l’information ? Il s’agit de toute une série de processus nous permettant de percevoir le monde et d’agir en conséquence.
De manière plus détaillée, nous percevons l’environnement par nos 5 sens, ensuite nous le décodons, l’interprétons, nous en tirons des conséquences puis nous répondons par un certain comportement.
Chez les HP, cette séquence d’événements est plus rapide et plus efficiente que la normale. Et le simple fait de faire fonctionner son cerveau de cette manière multiplie les connexions entre les neurones (les synapses) et entraîne en retour de meilleures capacités de traitement de l’information (comme une boucle qui s’auto-alimente).

Il en résulte :
– Une meilleure mémoire, donc une meilleure capacité à emmagasiner des connaissances, qui à leur tour favorisent des compétences verbales supérieures qui permettent de…etc…
– Un meilleur raisonnement, qui se base sur la rapidité du traitement de l’information et donc de la mémoire de travail, et sur des données stockées en mémoire à long terme.
– Des fonctions exécutives efficaces. Ce sont ces capacités qui nous permettent de nous adapter à une situation non routinière,  non automatique. Elles concernent donc le raisonnement, mais aussi la prise de décision, la planification, la flexibilité (capacité à passer d’un point de vue à un autre) et la mise à jour des informations, le contrôle de l’impulsivité et donc l’inhibition… le tout sous le contrôle de l’attention, véritable chef d’orchestre.

Conséquence de l’efficience de ces fonctions cognitives : ces personnes ne peuvent se contenter de conclusions hâtives, car, avec leur capacité de traitement de l’information, elles auront pris en compte des dizaines d’éléments issus de la situation. Elles rechercheront alors à comprendre davantage et seront très curieuses. Elles poseront ainsi plus de questions que les autres. Elles apprendront plus facilement ; elles auront une pensée divergente et en arborescente car leur flexibilité, leur mémoire de travail et leur traitement de l’information permettent d’envisager des idées différentes en un temps très court.
Voici une liste des caractéristiques cognitives issues du livre « Enfants exceptionnels. Précocité intellectuelle, haut potentiel et talent » sous la coordination de T. Lubart, 2006) ; caractéristiques qui conviennent également pour les adultes.
Vous pourrez ainsi vous rendre compte que toutes ces caractéristiques découlent de ce que je viens d’expliquer.
–  Acquisition rapide du langage oral, accès spontané à la lecture
–  Grande curiosité ; un grand intérêt pour les livres
–  Pose beaucoup de questions, y compris des questions existentielles
–  Besoin de comprendre, recherche de précision, recherche de la maîtrise
–  Préférence pour la complexité ; peu d’intérêt pour les tâches simples, faciles et routinières
–  Ne pense pas comme les autres, modes de calcul et de raisonnement différents, stratégies mentales différentes
–  Une pensée riche en activant simultanément plusieurs canaux de réflexion, favorisant la créativité, l’imagination et la flexibilité mentale
–  Vitesse et efficacité de traitement de l’information supérieure à la norme
–  Forte capacité de mémorisation
–  Niveau élevé d’attention, bonne capacité de concentration
–  Forte capacité de généralisation et de transfert d’informations avec la mobilisation du raisonnement analogique permettant des mises en relation pertinentes
–  Un bon niveau de métacognition permettant de connaître ses capacités, ses faiblesses et d’effectuer une auto-régulation efficace des ses activités cognitives.

3.    Caractéristiques affectives et socio-émotionnelles

Lorsque l’on possède de telles capacités cognitives, rien ne nous échappe, notre regard est pointu et lucide sur le monde.
Si nous possédions tous les mêmes capacités, nous fonctionnerions de manière identique et tout irait pour le mieux.
Le hic, c’est que les personnes à haut potentiel sont peu nombreuses (la statistique admet entre 2,5 et 5% de la population qui fonctionne ainsi) et se retrouvent confrontées à des personnes qui ne fonctionnent pas comme elles.

Or, les travaux en psychologie sociale ont démontré le phénomène d’influence de la majorité sur une minorité (l’influence normative). Même si les personnes à HP ont de meilleures capacités et compétences dans un ou plusieurs domaines, le fait de se retrouver au milieu de gens qui ne pensent pas de la même façon conduit à ce qu’elles se remettent en cause instinctivement et voient également leurs pensées remises en cause.

Il y a donc une succession de remises en cause internes et externes qui finissent par ternir la confiance en soi.
Un décalage se crée et s’amplifie au fur et à mesure du développement de la personnalité. Sentant ce décalage, cette perte de confiance, l’enfant puis l’adulte va rechercher des situations de reconnaissance et de valorisation pour se faire aimer.
J’ai mentionné plus haut que la première étape du traitement de l’information est la perception. Or, les personnes à HP ont souvent les sens hyper développés, et qui sont généralement associés à un déficit de l’inhibition latente.
Imaginez que l’intensité des informations entrantes par le biais de nos cinq sens soit importante, puis que ces informations soient traitées de manière rapide et exponentielle sans qu’il soit possible de les trier.
Imaginez ensuite que la sortie soit comme un goulot d’étranglement, d’une part à cause des limites physiques de communication (orale, écrite donc motrice), d’autre part parce que ce qui est communiqué est non compris, ou mal interprété. Il est donc compréhensible que ce goulot d’étranglement se bouche rapidement et provoque une réaction excessive, voire un repli sur soi afin d’éviter ce type de réaction. Il n’est donc pas rare que les enfants ou jeunes adultes soient plus à l’aise avec des personnes plus âgées, avec plus d’expériences, de maturité et plus ouvertes aux idées de l’enfant, de l’adolescent ou même de l’adulte.
Un dernier point important dans le développement de la personnalité des personnes à HP est le déficit de l’inhibition latente. On en parle souvent à propos de la difficulté (qui serait inconsciente) à inhiber les informations provenant de nos sens. Pour autant, ce déficit existe également quand il faut “oublier” certaines informations d’une situation donnée. Ces informations peuvent être négatives ou positives.

Or, la personne à HP ne sait pas hiérarchiser les informations qui lui proviennent : tout est important pour elle et elle ne peut pondérer une information par rapport à une autre, car faire ceci c’est faire un choix, c’est ignorer certaines choses, donc (se) mentir.
Ce non-choix a été automatisé avec le temps et il en devient inconscient. Il en résulte qu’en fonction de l’humeur du moment, une information certes anodine mais négative peut apparaître sur le devant de la scène (conformément aux doutes récurrents), alors que la personne verra bien les autres informations positives mais ne saura inhiber les négatives. Voilà aussi comment, même si c’est plus rare, une information positive mais minuscule, peut prendre également toute la place. Ceci permet d’expliquer en partie les sautes d’humeur; je dis bien «en partie », car d’autres mécanismes plus neurologiques entrent en ligne de compte.

Deux questions se posent maintenant :
1/ si ces personnes ont une intelligence supérieure, de quelle intelligence s’agit-il ?
2/ comment peut-on alors les identifier ?
Je traiterai de ces questions dans un prochain billet.

Bibliographie
Lubart T. (dir.), Enfants exceptionnels : précocité intellectuelle, haut potentiel et talent, Editions Bréal collection « Amphi Psychologie », Paris, 2006.

37 thoughts on “Q.I. or not Q.I. ? L’identification du surdon ( 3 / 12 ) – La diversité des caractéristiques des personnes à Haut Potentiel (HP)

  1. Bonjour
    Je suis en train de lire « les surdoués et les autres »
    Penser l’ecar
    Écrit par : Carlos Tinoco, Sandrine Gianola, Philippe Blasco.
    Éditions JCLattes
    Cet ouvrage qu’il faut digérer aide à comprendre pourquoi les normopensants et les surdoués sont différents et ce qui les différencie

  2. Bonjour, Être incompris à ce point est épuisant, les gens quelque soit le sujet abordé ne sont jamais d’accord avec moi, ils ne comprennent pas ce que je suis en train de leur expliquer, reste campés sur leurs position terre à terre, impossible d’élever le débat.

    1. « On ne peut pas faire boire un âne qui n’a pas soif » dit le proverbe (sans jugement de valeur aucun pour vos interlocuteurs, ne voyez aucune malice dans le recours à ce proverbe.
      En revanche, ceci pose la question des stratégies à employer pour vous rapprocher de gens qui ne vous comprennent pas.
      Trouver un interprète ou apprendre la langue qu’ils parlent et qui vous est étrangère à défaut d’espérer qu’ils vous comprennent quand vous parlez votre langue…

      1. Bonsoir.
        Concernant l’hypersensibilité sans surdon, pourrait-elle se traduire de la même façon que vous décrivez plus haut, à savoir des sens hyper développés , l’effet entonnoir et les informations hiérarchisées « en fonction de l’humeur du moment » ?

          1. OK, merci !
            Je souhaiterais apporter un témoignage.
            Je sais que depuis l’enfance je me suis limitée pour être loyale envers une personne.
            Pour ne pas la dépasser. Ce qui lui faisait très peur.
            C’est quelque chose que j’ai fait instinctivement.
            Aussi je vous demande si vous aussi vous ne percevez pas avec énormément de facilité chez une, des personnes (ou même toutes!) de votre entourage (même une personne de passage!) les jugements, attentes, craintes, désirs à votre sujet.
            Et si vous ne vous alignez pas dessus. Ce qui vous inhiberait ou vous limiterait au delà du cliché « je ne peux pas faire un métier « au dessus » de celui de mes parents » souvent cité en psycho. Demandez-vous le.
            Ca ouvre des perspectives intéressantes !
            Ensuite, j’ai essayé un soin qui se nomme Access Bars. C’est américain. Si j’avais regardé le site américain, j’aurai fui. Donc ce n’est pas de la pub !
            Mais j’y suis arrivée par un biais que je ne vais pas détailler ici et je l’ai expérimenté avec une thérapeute qui a d’autres outils à son actif et une longue experience.
            C’est très remuant et puissant, mais très libérateur.
            A utiliser avec beaucoup de prudence et de conscience et avec la bonne personne. Suivez votre intuition si ça vous intéresse. Mais à ajouter comme piste à l’hypnose, la sophrologie, la kinésiologie, L’EDMR, L’EFT. Voilà.

    1. Liens que j’ai utilisés pour mon deuxième ouvrage !
      Merci de les publier – il font partie des billets qu' »il faut » que je rédige…

      1. je viens de lire les 3 livres de christelle petitcollin , entre autres celui sur les surdoués, « je pense mieux… » (l’autre aborde surtout le sujet des PN). d’autres auteurs francophones le disent aussi (arielle adda je crois)
        Dans son ouvrage sur les surdoués elle dit que le surdoué devrait travailler en liberal mais ca meriterait au moins un developpement si pas un chapitre a lui seul ! (je peux retrouver la reference)
        Je suis d’accord avec ca et c’est l’objet de nombre de mes messages sur ce site. Je regrette qu’il y ait pas de debat au sein du monde francophone de la douance sur ce sujet ou plus de literature sur le sujet en langue francaise
        C’est dans la meme veine que les liens que j’ai posté plus haut qui demontre que les surdoués sont difficilement integrables en entreprise a partir d’un certain qi, c’est assez logique d’ailleurs

        1. La difficulté des auteurs qui écrivent sur le sujet est qu’en général, ils ne connaissent pas directement le monde de l’entreprise – ce sont le plus souvent des psychologues. Sur ce sujet, Lepat, je fais exception.
          Mais il est difficile, en particulier pour des contraintes d’édition, de pouvoir s’étendre en détail sur un tel sujet. De surcroît, tous les surdoués ne se sentent pas en capacité de travailler à leur compte.

          « les surdoués sont difficilement integrables en entreprise a partir d’un certain qi, c’est assez logique d’ailleurs »
          Ce n’est pas systématique. le seul surdon n’est et ne fait pas tout. L’histoire de chacun entre largement en ligne de compte dans l’expression du surdon. Et on peut donc retrouver des polytechniciens hautement surdoués dans les états major de grandes compagnies internationales. Je peux en témoigner.

          1. Soit. chacun a droit a son avis mais mon specialiste de la douance qui connaît tres bien les grandes entreprises estime que le surdoué devrait pas travailler comme salarié dans une grande entreprise ou administration (c’est pas tres different), c’est bien pour des « moutons » de normopensants m’a-t-il fait comprendre. Il me semble avoir lu d’autres auteurs francophones dire la meme chose.

            concernant le 2 on peut quand meme pas balayer ces etudes (voir les liens) du revers de la main. Bien sur il y a des exceptions a tout. Il est aussi evident que certains secteurs, entreprises , cultures etc sont plus favorables aux surdoués. Meme un chef bienveillant ou mentor peut faire toute la difference

            1. Bonsoir lepat
              Oui, bien sûr, chacun a droit à son avis. Pour ma part, je préfère éviter de tomber dans l’absolu.

              Quant à balayer les liens / études… que nennni ! puisque je vous ai dit que je les avais utilisés pour mon 2° ouvrage et que je voulais en faire un billet ?

              1. Je crois que le liberal ou les petites structures (idealement avec d’autres surdoués) conviennent beaucoup mieux au surdoué. j’ai experimenté ca personellement avec du tres bon travail a la clef.
                il serait quand meme grand temps d’arreter le politiquement correct concernant les surdoués (je vois que meme les specialiste de la douance sont infectés par la pression sociale surtout en France). Certain sujets sont toujours abordés de facon superficielle
                Meme dans la literature anglo on a moins peur d’aborder certain sujets. j’ai ete a plusieurs conferences sur la douance et j’ai l’impression d’une certaine chape de plomb. Les conferences de cecile (j’ai vu les videos sur le net) un peu moins par contre
                Meme certains sujets comme l’Education Nationale que j’ai essayé d’aborder sont quasi tabous (c’est social et politique, hors de question d’aborder ce sujet concernant les surdoués) alors que dans d’autre pays d’europe ou ailleurs on a pas peur d’experimenter.

        2. Est-ce que c’est à cause du QI ou simplement du fait de capter la vanité ou l’inutilité, ou l’infantilité des systèmes -et parfois immaturité des gens qui y gravitent-? Et rester là (je parle d’institutions à but éducatif ou social) pour y participer alors que les injonctions paradoxales y pleuvent et que les objectifs réels ne sont pas ceux annoncés, n’est juste pas faisable. (sauf exceptions bien sûr)

          1. Bonjour Gamera
            le QI n’e’st jamais l’élément unique qui est au centre des réactions. Bien sûr, il y a cette sensibilité et cette capacité d’analyse qui vont au delà de la normale / moyenne.
            Mais il y a aussi les valeurs portées par chacun et qui sont le reflet d’un héritage culturel.

          2. Le qi joue un grand role ainsi que la creativité. N’est-ce pas Platon sous l’antiquité qui disait que les surdoués devaient etre eloignés de la cité car ils menaçaient l’ordre etabli. C’est le pendant inevitable du surdon et de la creativité… Ce probleme se retrouve en entreprise ou on (confirmé par certains specialiste de la douance)
            certains spécialistes de la douance anglophones dans leurs ouvrages disent que dans les sociétés primitives on détectait tot le surdoué et on le destinait a en faire un shaman ou sorcier car il etait susceptible de deranger l’ordre etabli. Bref, deja dans les sociétés primitives il y avait une certaine sagesse concernant les surdoués. actuellement on les envoye vers le psy pour qu’ils entrent dans le moule republicain Français (mediocratie egalisatrice selon de kermadec, le terme est approprié)
            il faut arreter de voir le surdon sous l’angle uniquement psy. C’est plutôt un probleme d’adaptation sociale pour une minorité stat (par definition) de la population. D’ailleurs certains métiers conviennent tres bien aux zebres et ils sont parfois appréciés, grands scientifiques ou artistes. Mozart aurait ete envoyé en HP aujourd’hui selon certains
            Je regrette que ce sujet ne soit pas abordé par les specialistes francophones de la douance

            1. Lepat, auriez vous la gentillesse de préciser qui sont ces spécialistes (je ne vous demande pas le nom de votre thérapeute, mais plutôt des auteurs auxquels vous faîtes référence). Je pense que tout le monde y gagnerait en connaissances.

  3. Bonjour,

    Je suis actuellement en questionnement sur une éventuelle douance me concernant suite à la naissance de mon enfant qui en a toutes les caractéristiques et ce depuis le départ.
    J’ai lu votre livre « différence et souffrance de l’adulte surdoué », me suis énormément documentée sur internet et j’avoue être très perturbée car je m’y suis reconnue.
    Ma meilleure amie, elle-même diagnostiquée HP est persuadée que je le suis aussi.
    J’ai consulté une psy spécialisée dans le haut potentiel initialement pour mon enfant et elle pense elle aussi que j’en ai le profil; elle m’a donc proposé de passer les tests.

    Malgré tout, j’ai très peur de passer les tests car je suis persuadée que je n’ai pas un QI au-dessus de 130.
    J’ai une certaine forme d’intelligence, je suis atypique mais je ne me retrouve absolument pas dans une intelligence « supérieure », au contraire, je suis franchement nulle dans de nombreux domaines (tout ce qui ne m’intéresse et qui n’a pas de sens pour moi pas en fait).

    J’en arrive à me demander si mon hypersensibilité depuis toujours n’explique pas à elle seule le tableau.
    Je m’interroge sur le bien-fondé de ces tests.
    Car s’ils s’avéraient positifs, alors oui, bien sûr, cela permettrait de mettre enfin un mot sur toutes ces années de galère et d’isolement.
    Mais s’ils s’avéraient négatifs alors quoi?
    Finalement, quand on a une personne qui a quasi tous les critères du haut potentiel sauf le QI, on l’exclue du diagnostic alors que finalement, qu’est ce que ça change en pratique?
    N’existe t’il pas des personnes qui sont à la limite tout simplement et qui fonctionnent comme les HP sans forcément avoir un QI à 140?
    Pour accompagner une personne possiblement à HP de façon appropriée, à quoi vont nous servir les tests?
    Que son QI soit à 123 ou à 140, ses difficultés restent les mêmes, non? Je ne vois pas en quoi l’accompagnement sera plus spécifique parce que la personne est confirmée HP par les tests…

    Je suis personnellement très hypersensible, hyperempathique, je perçois tout ce qui se passe dans la tête des gens et ressens toutes les ambiances, j’ai une sensibilité handicapante au bruit qui m’a occasionné des insomnies pendant de nombreuses années et de l’anxiété. J’ai des idées aux antipodes de la majorité et sature des « normo-pensants » d’où mon sentiment d’isolement, j’ai besoin d’un sens profond et d’aller au bout de mes idées, parfois ça en devient obsessionnel. Je suis passionnée par de nombreuses choses, je suis douée pour la musique (chose que je ne revendique que depuis peu car je suis tellement perfectionniste que l’idée d’avoir un don musical ne m’a même pas effleurée).
    J’ai lu la théorie de Dabrowski et ce qu’il a écrit sur l’hyperexcitabilité m’a fait un choc; c’est une révélation pour moi et un réel soulagement d’avoir enfin pu mettre des mots sur ce que ressentais depuis toujours.

    Je me demande ce que vont m’apporter les tests s’ils s’avèrent négatifs mis à part me plomber?
    Et j’ai du mal à comprendre en quoi cela serait problématique de mettre une « étiquette » HP sur une personne qui en a tout le tableau clinique sans forcément lui faire passer les tests?

    Désolée, je suis confuse.
    J’en ai discuté avec la psy. Elle me dit que le problème réside dans le sentiment d’usurper possiblement une identité si l’on ne passe pas les tests.
    Effectivement, sans les tests, je ne pourrai jamais assumer l’étiquette HP, ce serait prétentieux.
    Et pourtant… Je suis terrorisée à l’idée d’échouer même si je sais que ça n’est pas un examen.

    1. « Pour accompagner une personne possiblement à HP de façon appropriée, à quoi vont nous servir les tests? »
      Exactement. Un(e) thérapeute sensibilisé(e) au sujet n’a pas besoin de faire passer un test à la personne accompagnée pour adapter son accompagnement.
      Après la passation du test relève souvent d’un sentiment d’imposture diffus : comment oser affirmer qu’on est HP si on n’est pas testé ?
      Sur le fond, la vraie question est : comment aller bien ? comment se respecter pour se sentir bien ?

    2. Je dirais : THQI hétérogène, avec très certainement des TSA. Bienvenue au club 🙂
      Faites-vous confiance, vos ressentis sont justes, le reste, c’est du blabla…

      1. THQI mon Dieu non! Je suis vraiment lucide sur mon cas, je vous assure… C’est impossible…
        Et quand je repense à mon enfance, je n’ai pas été une enfant précoce, du moins je ne le pense pas.
        TSA non plus; je ne m’y reconnais absolument pas (après avoir un peu lu sur l’Asperger).
        Je ne suis pas certaine que notre ressenti suffise et que le reste soit du blabla quoique? Je tergiverse et je tourne en rond; hypersensible ou HP, quelle différence en pratique pour moi? Pas de réponse…

        J’ai écouté Catherine-Besnard-Peron lors d’une conférence à Mensa (accessible en ligne).
        Elle explique que pendant longtemps, elle a suivi des adultes qu’elle pensait à haut potentiel car ils en présentaient toutes les caractéristiques pour finalement se rendre compte que certains ne s’amélioraient pas malgré le suivi psychologique (elle ne faisait alors pas passer les tests systématiquement).
        Elle dit avoir réalisé que l’on pouvait être hypersensible et présenter quasi tous les critères du haut potentiel sans être forcément à haut potentiel et que seul le test de QI permettrait de discriminer.
        Et que le suivi ne serait pas le même, selon que l’on est un « vrai » HP ou « juste » un hypersensible.
        La différence pour le suivi serait que pour les HP, on travaillerait plus sur le QI (??). Elle n’a pas bien développé cette notion pourtant fondamentale à mon sens et je ne suis pas sûre qu’elle disposait de pléthores d’arguments car la question lui a été posée.

        Personnellement, ce qui me gêne dans la vie de tous les jours, c’est mon hypersensibilité, mon sentiment de décalage avec les autres qui rend mes relations sociales un poile compliquées… (tout cela pouvant être mis sur le compte de l’hypersensibilité).
        Je suis trop lucide, trop sensible pour composer avec notre monde, ma quête de sens est permanente et je suis freinée par le système car il ne me correspond pas.
        Je renonce de plus en plus à me sur-adapter mais suis néanmoins capable de composer avec un certain nombre de « normo-pensants » ! (attention aux étiquettes!)
        Je me dis étrangement que bons nombres d’amis ne me connaissent pas vraiment en vérité mais peut-être est-ce le lot de tout un chacun et non que des HP?!

        Bref, je ne vois pas bien ce que mon QI et les tests viendraient faire dans cette histoire et si l’hypersensibilité peut expliquer à elle-seule tout le tableau, alors pourquoi ne pas tout simplement endosser cette étiquette?
        J’aurais tendance à me dire que pour un enfant précoce, le dépistage aura un intérêt car il sera potentiellement suivi de mesures adaptatives. Si je l’estime nécessaire, je ferai tester mon enfant.
        Mais pour un adulte, qu’il soit estampillé HP ou hypersensible, quelle sera la différence hormis celle de flatter son ego?
        C’est peut-être bien là que se trouve le noeud du problème. Etre estampillé HP est valorisant, surtout pour quelqu’un avec une faible estime de soi ou un manque de confiance en soi. Peut-être est-ce pour cette raison que je n’arrive pas à lâcher prise… Et ce besoin de précision dans les domaines qui me tiennent à coeur, ce besoin de comprendre…

        Je remarque que sur tous les forums, on retrouve les mêmes dilemmes et les mêmes conseils.
        Ceux qui se supposent HP mais qui n’osent pas passer les tests se triturent les méninges; ceux qui ont ont été « validés » par les tests relativisent (plus facile pour eux mais en même temps ils ont raison!).
        Certains finissent pas passer les tests et sont officiellement reconnus, ouf!
        D’autres sont invalidés: dur dur…
        D’autres « s’auto-proclament » ce qui en agace certains alors que d’autres y sont indifférents voire favorables.
        Et la définition du HP n’est pas une notion scientifique exacte, évidemment…

        Enfin, on dit que 20% de la population serait hypersensible, c’est loin des 2% de surdoués…
        Si les hypersensibles partagent de nombreuses caractéristiques des surdoués au point qu’on les confonde, je devrais me sentir moins seule et pourtant ce n’est pas le cas! J’ai toujours eu le sentiment d’être une extra-terrestre mais pas spécialement plus intelligente que les autres…

        Désolée, c’est encore trop long, j’ai longuement hésité avant de venir m’exprimer sur ce sujet car j’ai un peu honte. Merci pour cet espace de parole!

        1. « le dépistage aura un intérêt car il sera potentiellement suivi de mesures adaptatives »
          .. Tout dépend ce que vous entendez par là.
          Il est important que la personne testée sache comment elle fonctionne, non pas tant pour s’adapter que pour identifier des stratégie qui lui permettront de mieux vivre dans un monde qui fonctionne vraiment différemment.
          Mettre en place des mesures adaptatives pour que la personne s’adapte en fonctionnant « comme les autres » revient à lui proposer de se renier.

          Quant à savoir si vous êtes seulement hypersensible ou HP en plus, seul un test devrait vous aider à le savoir. En attendant, ce sont des stratégies à mettre en place pour que vous viviez bien votre singularité, qu’il faut trouver.

          1. Il est inconcevable que j’attende de mon enfant qu’il s’adapte en fonctionnant comme les autres!
            Je fais tout depuis sa naissance pour qu’il vive pleinement ce qu’il est même s’il est atypique et qu’il ne rentre pas dans le moule, parfois c’en est usant… Il a une telle créativité et une telle volonté d’exister, pour rien au monde je ne lui demanderai de se renier…
            Il n’a pas encore 6 ans, pour le moment je suis attentiste et un brin anxieuse vis-à-vis de l’éducation nationale d’où l’intention de lui faire passer les tests si les choses se corsaient.

            En ce qui me concerne, le problème est plus « métaphysique » et il n’y a que moi qui puisse trancher: passer les tests ou y renoncer. A suivre…

    3. Bonjour @Marmotte
      Marmotte
      Je pense qu’il vous faut désacraliser le test de QI.
      Ce n’est pas le graal qui permettra de tout expliciter et de tout éclairer dans votre vie personnelle.
      Dans votre vie il y a des éléments cognitifs mais aussi des éléments affectifs des interférences avec votre famille votre enfance, votre parcours scolaire et professionnel
      votre sensibilité, anxiété, émotionnalité , votre tendance à l’introspection, votre lucidité ou votre déni de votre état, votre façon de réagir aux pb ( fight fly or freeze).
      Le test de QI n’est qu’une parcelle de votre mille voir million de feuilles qui fait de vous un être humain unique.
      Cessez peut-être de penser que le fait d’e HPI sera le viatique pour votre développement personnel.
      En fait comme vous le dites si bien vous même, le résultat importe peu ( oui mais en fait, c’ e niveau global du QI Total qui importe peu !!
      Ce qui compte c’est la passation du test!
      Pourquoi ?
      Parce que le passage du test révèle comment vous réfléchissez, où sont vos points forts et vos points faibles, est ce que vous fonctionnez de façon analytique ou global, comment votre mémoire de travail est en adéquation avec les besoins de votre cerveau.
      Est ce que devant une tache complexe vous vous plantez car l’anxiété de performance prend le dessus ?
      Si vous devez conjuguer des tâches visuelles ou auditivo-verbaled , faites vous des erreurs ?
      Cela rejoint la PNL
      Et les travaux de la garanderie …
      Cela permet juste de prendre connaissance des facettes de votre cognition et ce n’es Pas rien que de se retrouver avec ce genre de notions qui sont mille fois plus importantes que le niveau du QIT , si tant est que le professionnel en face de vous soit capable de retranscrire fidèlement toutes ces notions qui n’apparaIs sent pas dans les résumés informatisés.
      On doit pouvoir vous parler de votre capacité de décodage de votre capacité d’attentIon, des performances visuo spatiales etc…
      Donc ne passez pas ce test pour savoir si vous êtes HP mais pour savoir comment vous fonctionnez.
      Quand on sait cela, on peut aussi vouloir changer, s’améliorer, compenser,éviter les situations d’echec quand on sait où on va se planter, etc.
      Tout cela est très important pour moi à connaître
      « Connais toi toi même « 
      Sans fard ni voilette
      Et si c’est un Dys plutôt qu’un Hp qui vous caractérise voir les deux
      Hé bien
      Au moins vous le saurez et vous pourrez vous adapter à cette problématique nouvelle !
      Bonne journée Marmotte et Cécile
      Et que la canicule soit avec nous!

    4. Bonjour,

      J’ai pris connaissance de votre message et je m’y suis fortement reconnu. Pour ma part, j’ai effectivement fait les tests de QI afin de déceler une douance, car, selon mes lectures il était évident que je possédais toutes les caractéristiques de la douance. De plus, mon psychologue clinicien m’a suggérer que j’étais surdouée, sans même que je lui en glisse un mot, lui même étant surdoué.

      Mes résultats aux tests se sont avérés très hétérogènes et non concluants. Du coup, je me suis retrouvée avec deux diagnostiques très différents et je me sens très confuse par rapport à tout cela.

      Étant moi même étudiante en neuropsychologie clinique au niveau doctoral, puis, ayant une connaissance assez approfondie concernant les tests, je suis en mesure de déceler plusieurs failles dans ceux-ci et je me demande alors ce qui a été mesuré réellement dans mon cas. Mon anxiété de performance ? Différents traumatismes qui auraient contribuer à masquer ma performance ? Une prise de médication anxiolytique ? Tout cela ? Bref, cela porte à confusion.

      Sentez-vous libre de commenter 🙂

      1. Bonjour MJRcgl

        … et merci de votre commentaire / questionnement : effectivement, vous avez très concrètement touché du doigt les limites du test et l’effet que ce résultat aussi peu fiable peut provoquer chez des personnes en forte attente.
        Il y a donc tout un travail de construction / reconstruction qui va (ou non, suivant le choix fait par une personne d’explorer la piste du surdon en passant outre les résultats du test) reposer sur une hypothèse de travail : je fais l’hypothèse que je suis surdoué(e) – qu’est ce que ceci peut m’apporter en termes de mieux être.
        Là est en effet l’enjeu majeur : aller mieux, pas être étiqueté (e).
        Mais ceci est plus facile à dire qu’à faire quand la pression sociale à se conformer est si grande;

        Une piste quand même : le subtest des Similitudes et celui des Cubes sont assez représentatifs du surdon, sauf, évidemment, inhibition majeure.

      2. Bonjour @ MJRcgl
        Je pense qu’il faut juste donner les valeurs brutes de votre test car justement la valeur de QI Moyenné n’as aucune valeur en cas de forte hétérogénéité….
        Donc dans ce cas récurrent ( sur le blog)
        Il s’agit «  Toujours «  d’un problème d’interprétation des données brutes!!!
        Bonne soirée

  4. Merci pour ce billet très intéressant
    Je me retrouve en tout point même si certaines sensations sont subtiles et intuitives.
    Cela fait du bien d’avoir des mots 😀

  5. Cet article, Bravo au passage, Stéphanie, est tout à fait essentiel pour comprendre cette douance par rapidité et richesse de traitement de l’information, émotions, sentiments, concepts, etc… qui par envahissements successifs finissent par rendre lente et inefficace une tête pourtant semblant si bien faite: Alors la douance, c’est un peu une élévation qui se termine par une chute, une médaille et son revers.

    1. « La douance, c’est un peu une élévation qui se termine par une chute, une médaille et son revers »
      Hm… et pourquoi pas penser la douance en quelque chose d’uniquement positif dans la mesure où lorsqu’on a compris comment on fonctionne, on peut garder une assiette optimale qui permet de ne jamais piquer du nez ?

  6. Comment évalue-t-on un déficit d’inhibition latente ? Celui-ci peut-il être sélectif pour un sens en particulier ?

    1. Je ne suis pas en mesure de répondre de façon aussi élaborée. Mon billet sur le sujet du Déficit d’Inhibition Latente ne l’évoque pas.

      En revanche, je suppose qu’il en est des sens comme du reste : on peut les exercer et augmenter leurs performances, donc il est peut-être possible pour certains sens d’être plus performants que d’autres ?

      1. Il y a aussi des personnes hypersensibles dont les capacités de perception sont exceptionnelles, qui vont avoir du mal à inhiber parce que l’afflux d’informations est trop important. Je m’explique : malgré ma myopie, j’ai une acuité visuelle exceptionnelle, je reçois donc plus d’informations qu’une personne « normale » et donc, forcément il m’est plus difficile de ne pas recevoir trop, même si j’ai des capacités d’inhibitions « normales ». Idem pour l’acuité auditive.
        Je n’ai donc pas forcément un déficit d’inhibition latente, mais une capacité de captage telle qu’il est difficile voire impossible d’inhiber de telles quantités d’informations.
        Ce qui fait de moi une personne invivable, qui ne supporte ni le bruit, ni l’agitation, ni l’excès de lumière, d’odeurs… etc. Et dont l’attention est sans cesse détournée par un son, une odeur ou un mouvement que la plupart des gens ne percevront jamais parce qu’ils ne sont pas équipés pour.

  7. Du précédent « numéro deux », la clarté,
    ici non plus, point ne s’est faite désirer,
    car une fois de plus, « les mots furent bien arrivés,
    pour les concepts, clairement énoncés » !

    A Stéphanie,
    avec un clin d’oeil à Boileau,

    Jean-Louis, cet éternel givré,
    qui dans un coin du Web,
    avec impatience, guette,
    l’arrivée de la suite,
    trouvant l’attente longuette !

  8. merci Stéphanie pour ce très clair article

    « en fonction de l’humeur du moment, une information certes anodine mais négative peut apparaître sur le devant de la scène (conformément aux doutes récurrents), alors que la personne verra bien les autres informations positives mais ne saura inhiber les négatives »
    en parfaite illustration de la fin du point 2) citée ci-dessus, je ne vois du point 1) (liste des caractéristiques cognitives) que celles que je n’ai pas et, du coup, je me remets à douter de mon hpitude…

    c’est assez drôle, finalement 🙂
    une possibilité de se définir en creux ?

    j’attends la suite avec toujours autant d’impatience !

  9. Un bien chouette article, encore un ! Bravo Stéphanie 🙂

    Je me reconnaîs bien dans cet article, mais c’est comme des ressentis pour certains points, parce que je n’en ai pas conscience par moments et que je n’ai pas appris à les contrôler (ça fait assez super-pouvoirs ! =) ), comme si j’avais occulté certaines capacités ( que tu décris bien lorsque tu écris ça « Même si les personnes à HP ont de meilleures capacités et compétences dans un ou plusieurs domaines, le fait de se retrouver au milieu de gens qui ne pensent pas de la même façon conduit à ce qu’elles se remettent en cause instinctivement et voient également leurs pensées remises en cause. » ), qu’il me faut retrouver maintenant 🙂

    Merci !

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